Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
  • Contact

Recherche

20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 22:56

Dans « Panégérique » (1989) Guy Debord écrit : « Pour la première fois, les mêmes sont les maîtres de tout ce que l'on fait et de tout ce que l'on dit. »

Les maîtres règnent sur l'univers autant par leurs énoncés idéologiques que par la contrainte économique ou la domination militaire qu'ils exercent. La figure idéologique qui guide leur pratique porte un nom anodin : « Consensus de Washington. » Il s'agit d'un ensemble d'accords informels, de gentleman agreements,conclus tout au long des années 80-90 entre les principales sociétés transcontinentales, banque de Wall Street, Federal Reserve Bank américaine et organismes financiers internationaux (Banque mondiale, FMI,...)

 

En 1989, John Williamson, économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale, formalisa le « consensus ». Ses principes fondateurs sont applicables à n'importe quelle période de l'histoire, à n'importe quelle économie, sur n'importe quel continent. Ils visent à obtenir, le plus rapidement possible, la liquidation de toute instance régulatrice, étatique ou non, la libéralisation la plus totale et la plus rapide de tous les marchés (des biens, des capitaux, des services, des brevets, etc.) et l'instauration à terme d'une stateless global governance, d'un marché mondial unifié et totalement auto-régulé.

 

Le « consensus » de Washington vise à la privatisation du monde. Voici les principes sur lesquels il repose.

 

1.Dans chaque pays débiteur, il est nécessaire d'engager une réforme de la fiscalité selon deux critères : abaissement de la charge fiscale des revenus les plus élevés afin d'inciter les riches à effectuer des investissements productifs, élargissement de la base des contribuables ; en clair : suppression des exceptions fiscales pour les plus pauvres afin d'accroître le volume de l'impôt.

 

2.Libéralisation aussi rapide et complète que possible des marchés financiers.

 

3.Garantie de l'égalité de traitement entre investissements autochtones et investissements étrangers afin d'accroître la sécurité et, donc, le volume de ces derniers.

 

4.Démantèlement, autant que faire se peut, du secteur public : on privatisera notamment toutes les entreprises dont le propriétaire est l'Etat ou une entité para-étatique.

 

5.Dérégulation maximale de l'économie du pays afin de garantir le libre jeu de la concurrence entre les différentes forces économiques en présence.

 

6.Protection renforcée de la propriété privée.

 

7.Promotion de la libéralisation des échanges au rythme le plus soutenu possible, l'objectif étant la baisse des tarifs douaniers de 10% par an.

 

8.Le libre commerce progressant par les exportations, il faut, en priorité, favoriser le développement de ceux des secteurs économiques qui sont capables d'exporter leurs biens.

 

9.Limitation du déficit budgétaire.


10.Création de la transparence du marché : les subsides de l'Etat aux opérateurs privés doivent partout être supprimés. Les Etats du tiers-monde qui subventionnent, afin de les maintenir à bas niveau, les prix des aliments courants, doivent renoncer à cette politique. En ce qui concerne les dépenses de l'Etat, celles qui sont affectées au renforcement des infrastructures doivent avoir la priorité sur les autres.

 

 

Ces lignes se trouvent dans le livre de Jean Ziegler : « Les nouveaux maîtres du monde ».

Je les ai recopiées pour vous parce qu'il me semble important de rassembler toutes nos énergies de résistants. Et pour se battre efficacement, il faut bien savoir contre quoi on se bat. Si nous n'arrivons pas à connaître sur le bout des doigts l'idéologie par laquelle nous sommes colonisés, jusque dans nos esprits, nous n'aurons de cesse de nous battre contre le vent comme Don Quichotte.

 

Si je traduis en clair ces 10 mesures, ça donne quelque chose comme ça, ce qu'il faudrait apprendre par cœur.

 

1.Soulager l'impôt des riches et ne plus protéger les pauvres.

2.Aucune intervention des Etats sur les marchés financiers.

3.Favoriser les investissements étrangers (même si on ne connaît pas l'origine des fonds!)

4.Privatiser tous les services publics. (Beaucoup d'oseille à se faire!)

5.Garantir le jeu de la libre concurrence. (Favoriser les entreprises les plus puissantes.)

6.Sacraliser la propriété privée. (Surtout pour les héritages et les successions!)

7.Supprimer toute taxe douanière. (On pourra faire produire ailleurs et moins cher !)

8.Favoriser les produits à exporter. (A nous, les armes et le luxe. Aux autres le coton et le soja!)

9.Organiser les plans d'austérité successifs.

10.Interdire les aides de l'Etat vers le privé et lui laisser la charge des infrastructures. (C'est pour faciliter nos transports et nos communications!)

 

 

Je vous laisse méditer. Si vous le voulez, vous pouvez traduire ces propositions d'autres façons.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires