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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 20:20

    Il y a bien longtemps, quand les grandes villes n’avaient pas encore envahi les forêts, les vaillants bûcherons organisaient le renouvellement des futaies parce que le bois était essentiel pour construire les maisons, les ponts et les bateaux. Les elfes vivaient nombreux, plus nombreux que maintenant, même s’ils se cachaient pour que personne ne les vît.

    Un bûcheron, travailleur fatigué par son rude labeur, n’arrivait plus, le soir, à trouver le courage de faire place nette après les coupes de la journée. Il ramassait bien quelques morceaux de bois pour en faire des fagots, mais la tombée de la nuit le surprenait tous les soirs. Son travail n’était jamais fini quand il s’en retournait vers sa cabane où sa vieille mère redoutait le froid de la nuit, n’ayant plus la force de rassembler les brindilles pour allumer son feu.

Un matin, quelle ne fut pas sa surprise d’avoir l’impression que quelqu’un avait terminé le travail de la veille. Il regardait partout, dans le jour qui naissait à peine, mais ne voyait personne. Un petit chant lui venait aux oreilles.

« J’ai entendu tes plaintes et je connais ton courage. Je veux t’aider comme je peux. »

La voix était toute douce et la mélodie toute simple. Mais le vaillant homme ne voyait rien.

Soudain, il eut la chance de voir des brindilles se rassembler, puis s’assembler d’une telle manière qu’il apparut un elfe, construit de petits bouts de bois. A peine a-t-il chanté : « coucou, je suis là ! » que le petit être a disparu. A sa place, un tas de petits bois bien rangés !

La même chose se produisit encore quelque mètres plus loin. A peine un petit « coucou, je suis là ! » et hop le petit elfe disparaît laissant un autre tas de bois bien rangés.

« Ne disparais pas ! dit l’homme étonné, tu es Le Petit Roi de Bois et tes services me sont très utiles. Ma vieille mère, tout là-haut dans sa cabane aura aussi besoin de toi, soir et matin, car elle n’a plus la force de préparer son petit bois pour le feu. Ce sera beaucoup de soucis en moins pour moi qui suis déjà bien fatigué. » Dans la seconde, le petit elfe apparut devant le bûcheron gentiment accroupi. Il chantait sa joie d’avoir un nom.

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !»

Sautant de bonheur, le petit elfe remerciait le brave homme de lui avoir donné un nom car c’était la première fois qu’un petit elfe portait un nom. Et il se sentait plus vaillant que jamais.

Les journées se suivirent et Le Petit Roi de Bois fit un tel travail que la vieille maman ainsi que le bûcheron se trouvèrent beaucoup moins fatigués. Il leur arrivait de chanter avec le petit elfe quand il se présentait en sautant.

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !»

Un matin, en redescendant de la colline, Le Petit Roi de Bois trottinait en chantant quand un castor s’étonna de l’entendre et surtout de le voir. Un elfe se cache toujours aux yeux des castors parce qu’ils font des barrages pour retenir l’eau, mais un elfe n’aime pas l’eau. Il perd ses forces, même quand il pleut quatre goûtes. Mais, content d’être Le Petit Roi de Bois et de chanter son refrain entraînant, notre elfe ne se cachait plus.

La maman castor baissa la tête et lui demanda : « Je ne t’ai jamais vu auparavant ! Qui es-tu pour avoir tant de gaieté ? » Le chant reprit.

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !

Mais pourquoi ce nom que le bûcheron t’a donné ?

Regarde comment je suis fait, je suis fait d’un assemblage de petits bouts de bois. »

Et le petit elfe de disparaître, laissant sur place un joli tas de bois bien rangés. Maman castor se gratta la tête en voyant des brindilles se rassembler à nouveau un peu plus loin et se réjouit de revoir Le Petit Roi de Bois qui chantait encore son gai refrain.

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !

Tu sais, dit-elle, je viens de mettre au monde quatre petits castors et j’ai beaucoup de travail pour fabriquer un barrage. Si tu pouvais m’aider, j’en serais reconnaissante.

Bien volontiers, madame castor, le travail auprès de mon ami bûcheron est déjà bien avancé, aussi puis-je t’aider jusqu’à ce soir car il faut que je monte tout en haut de la colline pour préparer le feu de sa vieille mère qui craint tellement le froid de la nuit. Je ramasse son petit bois pour qu’elle puisse allumer son feu.

Je trouve que tu fais un beau travail et je suis très contente de t’avoir rencontré. Le Petit Roi de Bois sera comme un de mes enfants et ils joueront tous ensemble. Si tu veux, nous chanterons avec toi ta jolie chanson, pendant que nous travaillons.  »

C’est ainsi que ce matin, Le Petit Roi de Bois se mit au travail pour aider la maman castor. Tous les deux ramassèrent beaucoup de bois en chantant.

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !»

Maman castor découpait les brindilles avec ses dents coupantes et transportait sur ses bras les petits tas que Le Roi de Bois lui préparait. A chaque fois qu’il réapparaissait après avoir disparu, il chantait « Coucou, je suis là ! J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !»

Le travail avançait très vite et le barrage était solide grâce aux coups redoublés de maman castor qui se servait de sa puissante queue pour tasser la construction. L’eau montait partout. Elle formait bientôt un grand lac où pouvaient se baigner en même temps tous les petits castors. Mais le soir arriva et Le Petit Roi de Bois voulait grimper tout en haut de la colline pour soulager la vieille dame. Il s’aperçut avec horreur qu’il était sur une île et que partout l’eau s’opposait à son passage.

Les castors aiment tant l’eau qu'ils ont construit leur repaire au beau milieu de l’île mais ils devaint plonger pour en trouver l’entrée. Ils savaient nager et commençaient à se moquer du Petit Roi de Bois parce qu’il avait peur de l’eau.

Le petit elfe ne voulut pas montrer qu’il a peur et il cria de toute ses forces qu’il savait voler, ne sachant pas vraiment comment il allait s’en sortir.

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. Et je sais voler ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !»

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. Et je sais voler ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !»

Il chanta si fort et avec une telle conviction qu’il fut entendu à plusieurs mètres à la ronde. Il chantait même plus fort que les quatre petits castors qui se moquaient de lui. Une grosse libellule s’approcha, intriguée par ce chant nouveau, et comprit tout de suite la situation. D’un battement d’ailes, tout près du Petit Roi de Bois, battement qu’elle renouvella plusieurs fois pour le ventiler parce qu’elle voyait bien qu’il avait chaud, à cause de sa grande frayeur, elle lui fit signe qu’elle était là pour le secourir et notre petit elfe disparut aux yeux des castors. Quand il réapparut en chantant : « J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !», il se trouvait sur le dos de la grosse libellule et s’envolait comme il le souhaitait. Des petits bouts de bois tombèrent du ciel où s’élevait le sauveur. La libellule s’en fut, et le Petit Roi de Bois s’échappa en courant, invisible jusqu’en haut de la colline. Mais on entendait bien qu’il chantait pour se donner du courage.

« J’ai un joli nom, grâce au bûcheron. C’est moi Le Petit Roi de Bois ! Lala ! Lala ! La ! La !- Lala ! Lala ! La ! La !»

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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 20:24

C’était il y a longtemps, quand les hommes n’avaient pas de maison, quand ils habitaient dans les grottes, sur le flan des falaises.

 

« Maman ! Maman ! » Criait Galipon le petit ourson qui osait pour la première fois sortir de la tanière.

Un gros champignon rouge avait barré le petit chemin à trois pas de son trou.

Maman ! Maman ! Qu’est-ce que c’est ? Est-ce un homme ?

Mais non ! Petit curieux ! C’est un champignon et il est très dangereux. Il ne faut jamais le toucher. C’est très bien qu’il soit là pour t’empêcher de t’éloigner. Si tu avais avancé plus loin, tu aurais sûrement glissé sur le sentier trempé de la rosée du matin. Et je me serais inquiétée. J’aurais eu très peur de te perdre. Il aurait fallu que j’abandonne ta petite sœur Oursonette pour courir à ta recherche dans la forêt. Maintenant, je veux que tu rentres. »

 

Le petit ourson, Galipon, n’a pas dit à Maman que le champignon ne lui faisait pas peur.

 

« Maman ! Maman !  Criait le petit Galipon qui sortit de nouveau de la tanière. Sa sœur le suivit. Des mouches tournaient autour d’un point invisible au-dessus de la terre, juste au milieu du chemin qui descend vers le ruisseau.

Maman ! Maman ! Qu’est-ce que c’est ? C’est ça un homme ?

Mais non ! Gros bêta ! Ce sont des mouches. Il fait déjà très chaud ce matin et quelque chose pourrit sous terre, là où tu as vu les mouches. C’est très bien qu’elles soient là ! Un petit curieux comme toi serait parti plus loin, entraînant sa sœur vers des aventures dangereuses. Et Maman se serait inquiétée. Rentrez maintenant, c’est l’été et le soleil va bientôt brûler très fort. Dans la tanière, il fait bon frais. »

 

Le petit ourson, Galipon, n’a pas dit à Maman que les mouches ne lui faisaient pas peur.

 

« Maman ! Maman !  Cria le petit Galipon qui avait glissé sur le sentier couvert de feuille mortes. Sa sœur, Oursonette, avait glissé aussi jusque dans le ruisseau.

Maman ! Maman ! Qu’est-ce que c’est ? C’est un homme ?

Mais non ! Mes enfants ! C’est un ruisseau ! Heureusement qu’il est là ! Nous pouvons boire son eau, nous pouvons pêcher du poisson pour manger et nous pouvons nous y baigner. Allons-y baignons-nous et je vais vous apprendre à attraper des poissons. Heureusement qu’il est là. S’il n’y avait pas eu de ruisseau, vous seriez allés bien plus loin, en glissant sur les feuilles d’automne et je n’aurais eu de cesse de vous retrouver dans la forêt. »

 

Le petit ourson, Galipon, n’a pas dit à Maman que le ruisseau ne lui faisait pas peur.

 

« Maman ! Maman ! Cria le petit Galipon qui marchait avec sa sœur Oursonette pour la première fois sur la neige toute fraîche en laissant ses empreintes.

Qu’est-ce que c’est ? Un homme ?

Mais non ! Grand dadais ! C’est la neige. Vous allez pouvoir courir et jouer tant que vous voudrez. Je pourrai vous suivre à la trace. Allons nous rouler dedans, nettoyer notre fourrure, chasser les petits rongeurs qui marquent leur chemin sur la neige poudreuse. Heureusement qu’elle arrive maintenant cette belle neige d’hiver ! Nous pourrons aller très loin et retrouver facilement notre chemin pour hiberner dans la tanière. Mais, je vous préviens, nos traces vont être repérées par les hommes parce qu’ils ont très faim en hiver, ce qui les pousse à nous poursuivre pour nous tuer. »

 

Le petit ourson, Galipon, n’a pas dit à Maman qu’il n’avait pas peur des hommes parce qu’il n’en avait jamais encore vu.

 

« Maman ! Maman ! Qu’est-ce que c’est ? Serait-ce un homme ? »

Et là, devant lui, une étrange créature qui se tenait bien droite sur deux pattes.

Maman ne répond pas. Galipon se retourne et voit les traces de sa mère à côté des traces de sa sœur Oursonette. Elles ont fui en courant.

Galipon se met à marcher lentement à reculons pour bien garder les yeux sur l’homme. Il recule, recule encore mais il tombe dans le ravin. Il roule dans la neige, se cogne aux arbres. Il veut crier Maman ! Mais il ne peut pas, tellement il a peur de sa chute, tellement il a peur de l’homme. Il roule et roule encore, se cogne et roule de plus en plus vite jusqu’au ruisseau. Là, dans l’eau, il court et court encore sans se retourner.

 

L’homme a perdu sa trace. Heureusement qu’il y avait de la neige pour amortir la chute du petit ourson et pour l’aider à retrouver sa famille !

 

Vous savez ! Un ours, c’est l’ami de la neige, tandis que l’homme y marche avec peine. D’ailleurs il lui trouve toujours un défaut, à cette neige ! Trop épaisse ! Trop dure ! Trop gelée ! Trop fondue ! Trop tôt arrivée ! Partie trop tard ! Ou que sais-je encore ? Mais les ours aiment beaucoup se rouler dedans, et, pour eux, la neige est toujours merveilleuse !

 

Maintenant, Galipon a grandi. Il adore la neige et entraîne Oursonette à des courses folles. Mais le plus important, c’est qu’il a enfin osé dire à Maman qu’il a très peur des hommes.

 

 

 

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