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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 00:14
  Août 2009  

 

L’occupation majeure de ce peuple est de survivre.

L’occupation de ses terres en fait un enfer depuis soixante ans.

 

 

Depuis deux ou trois ans, les voitures se font rares dans Marseille. Le rationnement du carburant n’a cessé de décourager les plus courageux. Les barrages de contrôles devenaient de plus en plus sévères au point que certains ont dû abandonner leur bien sur simple injonction de l’armée d’occupation, en raison du mauvais état du véhicule ou d’un chargement clandestin de quelque poule ou lapin venu des fermes environnantes. Aussi, les parkings souterrains se voient investis de milliers de pauvres gens, soit parce que leur maison fut détruite, soit parce qu’ils ont été expulsés pour réquisition, soit enfin parce qu’ils ne pouvaient plus payer le loyer.

 

Sous le cours d’Estienne d’Orves, tous les niveaux sont déjà pleins. Le groupe financier auquel appartient le parking continue de fermer les accès de onze à cinq heure, et profite de l’aubaine pour demander un payement mensuel aux habitants. « Chaque rat donne deux euros par mois. Ils sont presque au nombre de six mille et s’acquittent en plus de deux autres euros pour les frais d’entretien et de nettoyage. Nous les organisons avec eux, mais disposons de plusieurs agents autoritaires et armés qui choisissent les volontaires trois fois par semaine. La rentabilité de l’espace est assurée parce que nous avons limité les frais d’éclairage et de ventilation. La température est constante toute l’année, au moins dans le dernier sous-sol. Vingt degrés. Mais le plus délicat reste la gestion de la santé de ces rats. Comme la Vierge de la Garde n’est plus là pour veiller, nous craignons une nouvelle épidémie de peste ou de choléra. » Ce sont les propos entendus hier même sur France Invest, la seule radio diffusée en permanence dans le parking.

 

Ce matin, le même interlocuteur s’inquiète des possibles inondations qui décimeraient les rats, ce qui ferait perdre beaucoup d’argent au groupe Nexi. Mais il ajoute que ces événements sont peu probables en raison du fait que la Canebière se jette dorénavant dans la mer bien plus directement que dans le passé depuis les bombardements intensifs qui détruisirent le Vieux Port et toute la ligne de métro enterrée dessous.

 

C’est évident. Il faut marcher sur la Place de Général De Gaulle pour comprendre ce qu’il dit. Le palais de la Bourse n’existe plus, et c’est à peine si quelques blocs de béton colorés des Nouvelles Galeries se distinguent dans les cratères que la mer remodèle sans relâche. Les grandes tours du Cours Belsunce ont les pieds dans l’eau et les vitrages éclatés. Le vieux bâtiment de la Poste Colbert tient sur le haut d’une mini falaise que le fracas des vagues menace de plus en plus.

Pourquoi les vagues ? Il y a longtemps que la grande jetée ne protège plus le port. Il y a longtemps qu’aucun bateau n’est amarré devant la Criée. Et s’il n’y avait des montagnes de sacs de sable tout autour du quai des Belges, et qui remontent sur la Rue de la République, les abords seraient sans cesse attaqués par les flots, qui ne sont plus jamais calmes.

 

Tant d’eau dont on essaye de vaincre l’ardeur destructrice alors que les restrictions de l’eau de la ville continuent de soumettre le peuple à la misère ! Les Marseillais ont l’impression de vivre dans une prison à ciel ouvert !

 

Dans la rue de la Palud, Francis en parle avec son vieil ami Abdu dont les parents vivent au moyen orient. « La bande de Paca, c’est la honte, tout comme là-bas ! Ce sont toujours les riches qui occupent les autres. On dirait qu’ils ne sont jamais assez bien nulle part. Ils en veulent toujours plus ! »

 

 

 

 

 

 

 

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