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  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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11 décembre 2008 4 11 /12 /décembre /2008 06:08

La brûlure qui me dévore ne peut plus durer. Je suis tellement blessée de t’imaginer avec les autres, tout souriant et sautillant alors que tu es si morne et si triste avec moi.

Ai-je mérité de vivre ce déchirement permanent ? Ne pourrais-tu faire ce pas de t’intéresser à moi qui t’ai tout donné, à moi qui ne désire qu’oublier pour te plaire et qui évite sans cesse de pointer tout ce que tu me dois.

Ose te plaindre de toutes ces années passées ! Regarde plutôt ta fascination pour ces jeunes femmes qui ne savent même pas réfléchir alors que mon amour est mûri et travaillé pour notre enrichissement commun, pour ton épanouissement depuis la fac jusqu’à présent. Oh ! Tant d’heureuses années !

Tu m’as forcée à devenir cette ombre rampante qui se dit ta femme alors que tu ne me présentes même plus à tes nouveaux amis. Le choc des pensées, de la douleur, des regards, de mes tourments accroît dans mes tempes les migraines qui me laminent. Je passe mon temps à pleurer, à te chercher, à t’attendre, à te voir faire le beau devant ta cour de jeunes écervelées. Je te vois et je les hais. Tu les embrasses au café. Tu les serres les unes après les autres contre le flipper, pour leur apprendre à jouer, soit-disant. Tu consommes leurs éclats de rire et tu succombes à leurs déhanchements malicieux.

Je suis à bout. Je tressaille de fureur et de haine et tu ne le vois pas. Heureux de tes journées jubilatoires, tu rentres comme la veille pour que je te serve, transparente. Mais je préfèrerais la mort plutôt que l’indifférence. Ton silence me harcèle et pourtant je continue à vivre parce que je t’aime, parce que j’espère qu’un jour tu donneras corps à mes plaintes, parce que j’espère qu’un jour tu prendras ma main pour me montrer que tu as besoin de moi. Ce sera comme un biscuit dans ma bouche à défaut d’un fondant d’amour. Tu saisiras mon bras pour que je ne me détourne pas. Je serai heureuse de t’être utile.

A présent, ton attitude me paraît floue, les mots que tu m’adresses sont mielleux, et même baveux, dignes d’un amour fourbe et trafiqué. Tu ne me donnes rien d’autre qu’une pseudo fidélité dont tu te sers pour me rassurer. Mais il y a un poison violent qui rampe dans tous mes membres. Une humeur acide m’attaque à l’intérieur quand je vois ces contextes érotiques dans lesquels tu t’ébats. Je regarde, je sens, j’entends tous les moments pendant lesquels tu crois que je ne suis pas avec toi. Mais je suis toujours là. Tu es ma peau, mon ventre, mon corps tout entier. Il vit à chaque instant les traces de nos années heureuses, ces années durant lesquelles l’hypocrisie n’empoisonnait pas nos amours. J’ai l’impression que tu me trompes. Je sais que tu me trompes. Tu n’es plus celui qui m’a aimé. Mais je t’aime. Je suis confuse d’avoir été dupe.

Tu me détruis les reins, tu me fais porter des fardeaux si lourds que ma dignité de femme se disloque comme un miroir éclaté. Tu m’abandonnes. Tu me laisses au bord du chemin, dans cette campagne qui m’étouffe, dans cette campagne que tu avais idéalisée pour tes jeux de fermier alors que tu mènes une vie de citadin, là-haut dans ton paradis. Moi, je trime pour garder les bêtes que tu oublies. Je redoute le jour où tu décideras de ne plus rentrer. Tu reviendras en week-end ! Et je me contenterai de laver ton linge.

Toute fatiguée que je suis, atteinte du plus profond des mépris, je reste là, pour toi. Oh ! Que je serais heureuse d’accueillir un petit sourire, une seule des roses que tu offres à tes copines ! J’ai un petit espoir ! Tu seras peut-être licencié bientôt ! Tu reviendras quelque temps ! Je te chérirai tant que je le pourrai ! Et tu aimeras encore ta campagne !

 

J’arrête là cette longue lettre parce que j’entends tes pas sur le pavé de la cour. Mon pauvre mari, comme tu dois être fatigué de nourrir tes bêtes en rentrant le soir après ta longue journée de travail dans l’agence. C’est vrai que je me sens un peu lasse ces temps-ci, mais je vais reprendre du poil de la bête, très bientôt ! Je te le promets ! Je t’aime.

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