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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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16 mars 2008 7 16 /03 /mars /2008 12:07
De nombreux journalistes chroniqueurs ne prononcent plus les liaisons qui aident tant à la dure tâche de l'écolier devant sa dictée. La plus courante des omissions concerne le pluriel des substantifs. "Les valeur(s) américaines", "les décision(s) européennes", "les choi(x) arbitraires". Il est alors possible de se poser la questionque soulève une telle élision systématique. La météo nous annonce  le beau temps du Sud-Est mais rarement celui du "Nor(d)-Est". Quelque chose serait-il passé à l'Ouest ? Pourtant, "les étoiles brilleron(t) encore sur le Grand-Est". 
Ce qui me frappe, c'est que la coupe se pratique justement sur les liaisons. Or ce terme de liaison n'est pas sans rappeler que nous sommes tous des gens de liaison, de communication, de commerce avec l'autre, notre semblable et voisin. Les moyens modernes dits de communication n'ont d'autre effet que d'isoler de plus en plus les gens qui ne se rencontrent plus qu'à l'occasion des événements obligés. D'ailleurs, plus la communication pose problème, plus se créent des entreprises de formation en communication. La confusion est grande entre l'échange et le marqueting. Je ne veux plus savoir comment tu vas, mais plutôt comment tu achètes. "Tu as vu ma dernière acquisition ?"- "Regarde ! Le dernier cri de la technologie ! Le scanner couleur, je peux même scanner la montre qui se présente sur mon poignet. Tu sauras même à quelle heure on s'est vu !"

La "com" se résume ainsi ; "je te présente la manière dont je vais réussir à te vendre ce dont tu n'as pas besoin."  Je nomme ceci l'instrumentalisation.  Mais cette instrumentalisation ou intru-mentalisation n'aurait rien à voir avec les liaisons ! Ce n'est pas sûr. Les chroniqueurs ont un chronomètre devant les yeux et sont tenus de faire  au plus vite. Les liaisons seraient-elles incompatibles avec la performance ? Le temps, c'est de l'argent !
Cette première piste d'exploration ne mène pas très loin... Elle touche de près pourtant la seconde. 
La langue elle même semble menacée dans ses nuances et sa méticulosité grammaticale. C'est le détail qui fait la richesse de notre langue dont les suaves touches l'ont fait élire langue diplomatique depuis longtemps.
L'attaquer dans sa délicatesse participe de la grossièreté. La tirer par le bas sous prétexte qu'elle doit être simple pour que tous y adhèrent semble déconcerter les plus modestes au point qu'ils ne manifestent plus l'appétit du savoir ni même le goût de la belle langue.

La langue ancienne ne sera-t-elle pas bientôt visitée en cage comme des espèces protégées le sont derrière les barreaux du zoo ?
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