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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 16:29

 

Cher toi, qui pense que le nombre d'entrées fait le bon film !

Cher toi, qui croit que le nombre de disques vendus fait la qualité de la musique !

Cher toi, qui souffre de n'avoir jamais atteint le podium durant tant d'années de compétition !

 

L’amour des nombres, la numérotation, le dénombrement, le décompte, le chiffrage, les classements, les compétitions, autant d’éléments qui ne conviennent pas à l’enrichissement ni à la richesse de la singularité de chaque être humain.

 

Nul ne peut comparer deux êtres sans grignoter de leur singularité. En effet, ni les lignées, ni le vécu, ni l’environnement, ni l’expérience, ni les souffrances ne peuvent se ressembler, C'est au point que toute comparaison est parfaitement inutile, voir dangereuse. Même des jumeaux restent incomparables tout au long de leur vie, bien qu’ils aient vécu dans des situations similaires.

 

Le singulier se distingue de l’unique parce qu’il n’appartient à aucune collection.  Quand des humains sont pris pour des objets, ils peuvent être collectionnés, numérotés, enrôlés, embrigadés, emprisonnés, expatriés, exilés, exterminés... Dans une exposition d’objets rassemblés, chacun d’entre eux peut paraître unique à sa place de second, de cinquième ou de centième. L’unique suppose un second et toute la série numérotée qui suit. Mais le singulier n’est pas un numéro. Tout être est singulier. Bien souvent nous apprenons que tel ou tel avait la place numéro deux ou dernière dans la fratrie. Mais que nous apprend cette nouvelle ? Rien. Dire que c’est le petit dernier ne peut que nuire à sa singularité car cela ne participe aucunement à le mettre en valeur. Preuve en est que nous le chargeons de tous les présupposés qui nous semblent s’adapter à cette place dans la fratrie. Le petit gâté ! On lui a tout passé !

 

Je déteste l’humiliation supportée par le quatrième de la compétition, celui qui ne monte pas sur le podium. Il est tout aussi merveilleux que les meilleurs, (si je peux m’autoriser cette comparaison), mais ce jour-là, sa course était plus difficile, ou n’avait-il pas la forme de la veille.

Je déteste le classement des élèves. Chacun avancent à son propre rythme. Faudrait-il que tous aient les facilités identiques au même moment de leur croissance ? Que faut-il penser du dernier qui néanmoins tenait la note moyenne ?

 

Il est plus grand. Il est plus petit. Il est plus ceci ou cela. Et la stupidité, se compare-t-elle à quoi que ce soit ? Brassens l’a résumé sans comparaison aucune. « Quand on est con, on est con. »

Saint Exupéry commence « le Petit Prince » en parlant de ces adultes qui aiment les chiffres, au point de repousser une rencontre pour terminer les comptes.

 

Drame dans notre actualité, si je décris mon ami ou encore ma maison, tous ne peuvent pas l’imaginer. Mais si je leur dis combien gagne mon ami ou combien coûte mon toit, alors ils les trouvent beaux.

 

Si je râle après l’usage des comptes, si je m’insurge contre la gestion comptable des affaires humaines, c’est parce que les dérives de ces pratiques ont des conséquences très graves. Je pense particulièrement aux statistiques, à toute forme de statistique. Bien souvent, leur lecture donne à croire que les pronostics qui en découlent ont une valeur de vérité. L’évaluation des futurs délinquants dès le primaire est une dérive scandaleuse née de ces techniques statistiques. Si dix pour cent des enfants sont maltraités physiquement ou affectivement, formeront-ils les dix pour cent de délinquants ? C’est absurde. Pas une conférence sans une affirmation statistique dont l’apport me semble inutile, sinon pour asseoir le savoir du conférencier ! Pas une nouvelle journalistique sans une approximation statistique ! Pas une décision gouvernementale sans une étude statistique!

 

Non vraiment, je préfère penser que votre singularité vous rend incomparable, ce qui enrichit notre rencontre. Aujourd’hui, c’est la première fois dans toute l’histoire de l’humanité que se rencontre deux êtres incomparables. Et demain, ils se rencontreront encore pour la première fois car ils seront encore incomparables, avec une journée en plus d’expériences diverses et enrichissantes, que chacun aura vécues singulièrement.


Sur les blogs, il est souvent proposé de voter, c'est-à-dire de donner un point à l’auteur de tel ou tel texte. Cela peut être encourageant, mais l’envers de la médaille existe aussi. Le plébicite d’un texte n’en détermine pas sa valeur, et le classement des sites par leur seul nombre de visites n’en dit rien de leur qualité toute subjective. C’est pour ne pas nuire au singulier qui s’aventure à écrire comme il veut que je ne vote pas. Je vote en fait pour chacun quand je le lis, mais je ne veux pas voir le classement qu’imposent les nombres inutiles, voire trompeurs…

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