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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 11:11

   Août 2009

 

L’occupation majeure de ce peuple est de survivre.

L’occupation de ses terres en fait un enfer depuis soixante ans.

 

Les chars Leclerc sont entrés par la Pomme. Dans moins de dix minutes, ils descendront la Rue de Rome, jusqu’à la préfecture. Ces chars sont d’une puissance terrifiante.

Les chars Casto ont déjà investi la place de la Joliette. Ils sont basés à Istres et sont entrés par le barrage de Saint Henri. Ce sont les derniers modèles de Marta-Drasaud. Plus légers que les premiers, ils sont aussi plus maniables et peuvent s’engager dans des axes plus étroits, comme la Rue Breteuil.

Les chars Cazifour restent en attente au niveau de l’Hôpital Nord. Leur vitesse de croisière les amène à la Porte d’Aix en cinq minutes.

Leur incursion peut se faire la nuit. Les soldats de l’occupation disposent d’équipements à infrarouges et s’y déplacent comme en plein jour.

 

Leur méthode est bien rodée. Ceux qui montent par exemple la Rue Breteuil tirent dans toutes les rue de traverse. Rue Saint-Saëns, Rue Francis Davso, Rue Sainte, Rue de Grignan, en suivant sur la gauche, pour le premier char, tourelle orientée à gauche. Rue Sainte, Rue Grignan, Cours Pierre Puget, Rue Roux de Brignoles, en suivant sur la droite, pour le second char, tourelle à droite. Les coups de canon sont presque tangents aux murs des immeubles, mais l’angle est calculé pour éventrer le rez-de-chaussée, et parfois faire tomber tout un pan de mur en façade. A tous les passages, c’est une vraie désolation. Les décombres obstruent la rue, les appartements sont ouverts en façade, quand les planchers ne cèdent pas. La rue Sylvabelle n’est qu’un tas de ruines, entre la rue Paradis et la rue de Rome, les rues Bel Air, Berlioz, Village, ont été détruites lors du dernier passage. Ce soir, qui sait s’il restera une fenêtre à son appartement ? C’est au petit matin qu’il est possible de constater les dégâts et de compter les morts.

 

Les blessés seront portés dans des couvertures jusqu’à l’hôpital de la Convention, le seul qui soit encore debout. Chacun se souvient avec horreur du bombardement sur l’hôpital de la Timone et dans le même jour sur l’université de médecine. Un bruit avait couru que ces bombardement auraient lieu tel ou tel jour, et beaucoup d’étudiants n’avaient pas bougé de leur petite chambre en cité. Mais les Tigres d’Euro-Colber en ont profité pour bombarder les dites cités.

 

L’armée d’occupation s’était défendue d’avoir manqué leurs cibles. « Les étudiants sont tous hostiles à notre politique de croissance financière. Ce sont les milieux qui forment les plus dangereux terroristes dont les techniques d’intimidation par gaz toxiques sont des plus sophistiquées. Nous ne pouvons accepter que notre jeunesse étudie dans les universités des armes d’un nouveau type qui risquent de compromettre les progrès de notre démocratie. » Tel fut la réponse du porte parole de l’armée d’occupation sur les ondes de France-Invest.

 

Slomo voit passer les chars sur la Place Castellane. Il ramasse une pierre qu’il trouve au pied d’un arbre et la lance en courant dans sa direction. J’ai l’habitude, dit-il en revenant de sa course. Depuis que je suis petit je fais ça. Je suis venu en France pour mes études le mois dernier. Et je vois que la paix recule toujours et partout. C’est parce que ça n’intéresse pas les puissances financières.

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