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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 06:10
L'actualité soumet au public des horreurs inqualifables auxquelles aucun noveliste n'avait jamais pensé.
L'affaire du meurtrier en série dont la présence dans le box ne fait que nous renforcer dans nos convictions les plus inhumaines. Mais quel humain peut-il penser l'inhumain ?
L'affaire d'Eguyère : un jeune homme ne sait pas pourquoi il a tué une petite fille de cinq ans.
L'affaire enfin autrichienne où un père séquestre sa fille pendant vingt quatre ans pour en abuser...

Ce qui me frappe, c'est que nous n'avons pas de condamnation assez forte pour exprimer notre colère. Qui de crier que jamais ils n'auraient du vivre, qui de crier qu'il faut les enterrer vivants. Qui de penser que la balle dans la tête serait encore une récompense... Qui pour rétablir la peine de mort quand d'autres préfèrent l'enfermement à vie dans le noir...

Nous n'avons là que des échantillons de la condamnation avouée de l'humain qui bien sûr ne profite de ces occasions que pour laisser paraître sa propre inhumanité ou plutôt bestialité. Et encore, il ne dit pas tout.

L'humain est bestial. C'est un pléonasme. L'animal ne l'est pas.
L'humain sait qu'il provoque la mort. L'animal non.
L'humain détruit. L'animal s'inscrit dans la chaîne alimentaire.
L'humain est brutal, une caractéristique qu'il est le seul être vivant à possèder. La brutalité se définit par la capacité à détruire l'autre. Brutus a tué son père. "Toi aussi, mon fils.."

A condamner le criminel, chacun de nous s'inscrit dans la criminalité. Nul ne peut savoir l'histoire, la structuration, l'héritage, le parcour, l'intensité des pulsions, les désirs, la colère, qui fait le quotidien du criminel. Souvent, il ne le sait pas lui-même. Je n'excuse rien. Je condamne volontiers comme tout le monde. Mais je témoigne qu'en faisant partie de l'humanité, je suis pourri comme chacun.

La pensée de ce père policier me paraît exemplaire. Il dit que jamais il ne pourra pardonner le geste criminel de son fils, mais il dit aussi qu'il doit le soutenir dans son profond désarroi, parce que c'est son fils.

Alors, tous pourris, ou pas tous ?

La conviction profonde des psychologues ou des psychanalystes est que chaque être humain peut devenir fou au point d'entreprendre l'inqualifiable. Tout est en nous potentiellement dangereux. Heureusement que nous avons des fonctions du cerveau qui tempèrent nos ardeurs. Alors ! Alors, comment condamner l'autre sans avoir les informations suffisantes pour le faire. Parmi nos proches, nous apercevons bien souvent des situations familiales telles que les prévisions de pétage de plombs se font sans difficultés.

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23 avril 2008 3 23 /04 /avril /2008 21:22
Suite de l'article du 15 février 2008 .

La bande de Moëbius, nous l'avons entraperçu, est une surface (de projection) qui n'a qu'un seul bord, ou un seul pli. Ceci nous permet de représenter par un croquis l'annonce d'une intention qu'il faut nier. "Je ne pense pas du tout à vous frapper..." ou " Je ne veux rien dire... Mais tu devrais... " ou encore "Je ne dis pas que tu me casses les pieds..." pour parler poliment. Au moment même où la pensée vient à la bouche avec ses mots, le fait que nous la prenions pour inacceptable nous fait tordre la phrase en ajoutant une négation. "Crois-moi, mon amour, je n'ai aucunement l'intention de te tromper !" Ce à quoi l'être averti répond "mais je ne t'ai rien demandé ."

Notre mécanisme psychique, (façon de parler), ne retient les éléments que dans leur forme positive. Sur une plaquette d'argile, je ne peux inscrire que des signes gravés au stylet. Comment puis-je me souvenir qu'il me manque dix brebis sinon en traçant dix bâtons plus une grande ligne qui les barre tous ?
Le gouvernement a prévenu pendant quinze jours "qu'il n'y aura pas de plan de rigueur." Les media ont volontiers pris le relais au point que la phrase était dans toutes les bouches à longueur de journée. Rien de mieux pour nous habituer à l'idée qu'il va falloir se serrer la ceinture. Nous attendons ce dont nous nous souvenons : "il y aura un plan de rigueur !" Et quand bien même on ne l'appellerait pas comme ça ! Nous y sommes et ça ne fait pas encore de vagues...

Une autre surface topologique me passionne intensément. C'est la surface torique. C'est une chambre à air sans trou. L'espace y est confiné comme dans une sphère. Il n'y a aucun bord à cette surface et donc elle a deux faces. Ce qui est dedans est un autre monde auquel nous n'avons pas accès. Peut-être y a-t-il un gaz très méchant. Ou peut-être que le temps y est inversé. On ne sait.
Là où c'est intéressant, c'est que, à la différence de la sphère, le tore, ou l'anneau, est traversé par le monde sans que ne se forme un bord. Autrement dit, il est troué mais sans déchirure, ni pli, ni bordure. Je peux passer mon doigt dans l'anneau sans abîmer ni mon doigt ni l'anneau. Et pourtant, je n'explore pas le monde intérieur du tore.

Alors je me dis qu'il faut faire un trou dans le tore. Un trou ! Je pourrais couper la chambre à air comme un saucisson, ce qui ferait d'un seul coup deux bords. J'enlève une rondelle de caoutchouc.
Je pourrais découper un rond de la taille d'une grande rustine et cela ne ferait qu'un seul bord. Dans les deux cas, ce qui m'intéresse tient au fait que le caoutchouc peut alors se retourner comme un gant. Et la face externe devient interne ou réciproquement. Mais, car il y a un mais ! Le retournement est évident s'il manque la tranche de saucisson, par contre il n'est pas évident s'il n'y a qu'une découpe en forme de grosse rustine. Avec la chambre à air, même si le caoutchouc est extêmement fin et souple, ce n'est pas du tout possible. Nous ne pouvons pas le représenter avec la géométrie euclidienne que nous avons l'habitude d'utiliser. Il nous faut la théorie de la topologie qui est une manière de représenter des phénomènes jusque là impossibles à saisir.

Le bord, dans cette discipline, est parfaitement élastique.
Sur le tore, ce trou peut s'étirer jusqu'à former une grande fente qui laisse juste un petit pont pour ne pas former deux bords. Puis, cette fente s'élargit, en respectant ce petit pont qui devient une lanière. Là, on peut imaginer la chambre à air découpée de la moitié de sa hauteur sur tout le tour sauf sur la lanière qui reste. En passant le doigt sur le bord de la découpe, nous pouvons faire tout ce tour, puis remonter sur la lanière et refaire tout le tour jusqu'à la lanière. Il n'ya bien qu'un seul bord.
Cette découpe peut s'agrandir encore jusqu'à laisser une petite bande en contact avec la table sur laquelle était posé l'ensemble. On l'imagine... Il reste donc un anneau à plat sur la table et un anneau qui lui est perpendiculaire. Tout ça est élastique et nos deux anneaux plats se croisent sur en petit carré qu'ils ont en commun. On peut se représenter deux petites bandes en papier, collées pour faire les anneaux, et assemblés entre elles par un point de colle qui les maintient perpendiculaires. On peut voir aussi deux maillons de chaîne soudés et très aplatis.

A quoi ça sert ? Nous avons une surface qui n'a qu'un seul bord. Mais elle a deux faces distinctes, contrairement à la bande de Moëbius.
Si l'intérieur était rose, et l'extérieur vert, nous pouvons voir les petits anneaux plats qui restent soudés avec ces couleurs agencées dans une parfaite symétrie.L'un est vert avec le rose dedans qui passe la soudure carrée en devenant le rose extérieur de l'anneau jumeau dont on voit qu'il est rose dehors et vert dedans.
L'extérieur du tore initial était vert ai-je dit. Si je me saisis de l'anneau rose à l'extérieur pour l'agrandir tout autour de son jumeau, comme si je reformais un saucisson arrondi jusqu'à faire rejoindre les deux bouts, si je refais  donc l'opération détaillée qui précède mais à l'inverse, j'obtiens un tore rose avec un trou comme une rustine.
Le tore était vert. Il est rose. Il s'est retourné comme un doigt de gant.

Imaginons que le rose intérieur du début était un papier peint sur le point de se décoller. Nous aurions bien la représentation de deux tores l'un dans l'autre. Troués comme précédement, ils peuvent se retourner et celui qui entourait le plus petit est maintenant entouré à son tour. Le tore encerclé est devenu le tore encerclant. S'il y en avait trois, par le retournement, ils renverseraient aussi la hiérarchie des enfermements. Mais pour ça, il faut qu'ils soient troués.

Une image toute simple illustrée par l'espace torique. (Surtout qu'il ne devienne pas torride !) L'enfant est protégé de toute part dans l'enveloppe familiale que protège me semble-t-il la mère, laquelle est théoriquement protégée par le père, dans un shéma de tradition judéo-chrétienne. Bien sûr le monde traverse l'ensemble sans laisser de trace quand tout va pour le mieux. Les espace toriques sont l'un dans l'autre. Si aucun trou ne leur donne de l'air, ne serait-ce qu'un peu, dès la maternelle pour le plus petit, c'est l'asphyxie. L'enfant restera dans les jupes...Et le Tangy aura du mal à décoller.
S'il y a des trous plus ou moins élastiques, les tores pourront s'inverser et s'envelopper mutuellement dans une alternance salutaire suivant les impératifs de la vie. Les enfants deviennent souvent parents quand l'âge des parents avance. La maladie de l'un modifie les enveloppes... L'urgence, l'accident, la situation professionnelle, autant de situations où les attentions réciproques s'inversent.

Cette démonstration n'est qu'un début, et pour ceux que ça intéresse, je cherche à réaliser des animations topologiques pour que la représentation soit plus facile. Comme ça, je comprends que ce soit un peu soporifique.
Toutes mes excuses à ceux qui n'ont pas pu...

Lien : http://www.mathcurve.com/surfaces/tore/tore.shtml

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7 avril 2008 1 07 /04 /avril /2008 07:22
Aujourd'hui, le monde entier s'insurge contre l'occupation du Tibet par la Chine. Depuis cinquante ans, la tentative d'élimination de la culture et de la langue accompagne une colonisation massive qui atteint les sommets avec la réalisation du chemin de fer.
A l'inverse depuis soixante ans, Israël occupe la Palestine et condamne un peuple entier à vivre chez lui en exil, usé  par les humiliations les pires dont l'homme soit capable, privation d'eau, privation d'énergie, privation des droits élémentaires de circulation etc...
Pas tout le monde s'insurge. La variante est suspecte.
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29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 11:45

De la vitesse il faut parler comme en souvenir me revient cette histoire récente d’une rencontre dans le désert.

 

Un occidental dévoué dans quelque ONG promenant en 4 x 4 dans le désert, ce qui déjà fait signe des temps, roule sur la piste à côté d’un homme qui marche. Les pans de son habit blanc flottaient dans le vent, parallèles au bout lâché de son turban bleu.

 

« Puis-je vous rendre service et vous mener au bout de votre chemin ? » Lui demande-t-il en ayant cette profonde conviction de bien faire. « Non merci !» Répond l’homme qui marche avec sa lourde musette en bandoulière.

« Mais je vous vois déjà fatigué sous les premiers rayons de soleil dont la chaleur va aller croissante ! Montez, vous gagnerez du temps et vous économiserez beaucoup de peine. »

 

En réponse, le sage du désert comme je l’appelle maintenant, ne répond ni sur le gain de temps, ni sur l’économie de sa peine. Il dit simplement que ses parents lointains, ceux qu’il ne visite qu’une fois par an, ne l’attendent qu’à la prochaine lune, comme tous les ans.

 

Il continue à marcher selon son rythme, non sans saluer l’européen qui file dans un nuage de poussière.

 

L’informatique, ou plutôt l’information automatique, nous donne les moyens de suivre les événements du monde entier en temps réel. Aucun temps de réflexion n’est plus accordé aux pros de l’info qui sont devenus les facteurs de l’AFP.

Le facteur à l’ancienne prenait le temps de chevaucher son vélo pour répandre les nouvelles et distribuer le courrier à chacune des portes. Chaque lettre était personnalisée à l’adresse d’un seul et provenant d’un seul.

Le facteur moderne répand les publicités et distribue les factures automatisées adressées à un seul le plus souvent redevable et provenant de personne sinon d’un ordinateur. On comprend qu’il lui soit demandé de faire vite ! D’ailleurs, de plus en plus d’organismes proposent la facture en ligne. Gain de temps, économie de peine. Par contre, au final, ce sera plus cher car les dégâts provoqués par la disparition des emplois ne se chiffrent qu’en perte.

 

Le train va plus vite. Il coûte aussi plus cher. La SNCF réalise des bénéfices pour la première fois depuis plus de cinquante ans et peut-être plus.

Circuit court : plus vite, plus cher, plus rentable, mais pour qui ?

L’autoroute permet d’aller plus vite. Même  circuit court. Plus vite, plus cher, plus rentable !

Là il en est de tous les transports…

Mais qu’en est-il du transport de l’information ? Il ne suffit plus de la diffuser car la manœuvre sur les boutons ne demande aucune compétence. Il faut ajouter de quoi faire une plus-value. C’est ce à quoi s’acharnent les journalistes, autant sur le papier qu’à l’écran ou à l’antenne. Comme tout le monde est informé comme il veut, et vite, chaque journaliste cherche un angle dont il pourra jouer pour que l’information lui serve à gagner sa vie. Le scandale est porteur. L’affreux excite. Le vulgaire détend. Le scoop ne se joue qu’au dixième de seconde. Le sport permet toutes les folies, toutes les diatribes, toutes les caricatures. L’image trafiquée augmente les ventes. L’actu permet le jeu des devinettes et donne l’espace pour faire de la promotion. Plus rien n’est sain et tout est instrumentalisé pour le profit de quelques personnes bien positionnées dans l’entourage du pouvoir. Ne possèdent-ils pas les moyens médiatiques ?

 

Pourtant, pourtant ! A tant valoriser la vitesse, le rendement, les gains, les plus-values et les bénéfices, autant d’éléments pêle-mêle jetés dans la même besace que seuls portent quelques nantis, l’impossible fin se dessine à l’horizon, dans les deux sens du terme. Fin impossible dans l’illustration horrible d’une destruction massive de la planète, et fin impossible dans le sens d’une finalité hallucinante de bêtise qui intime chaque être à sortir de ce désert d’incompréhension pour rechercher une finalité nouvelle à sa vie. A quoi sert de gagner de temps et de la peine si le terme de l’action n’est pas défini. Il court mais ne sait pas où il va.

L’homme aurait-il perdu le goût de la marche qui comprend bien sûr son propre but.

 

Ce matin même Muhammad Yunus, prix Nobel de le Paix en 2006, pour la création des micro-crédits de la Grameen Bank, sur France-Inter, radio qui n’échappe pas aux critiques précédentes, donnaient ces chiffres : 60% de l’humanité n’ont en partage que 6% des richesses mondiales.

 

En conclusion, il existe un lien directe entre la vitesse et le mauvais capitalisme. Prendre le temps de ne pas courir, c’est déjà mettre un pied dans la résistance et travailler pour une économie du partage. Un pied après l’autre se nomme la marche et c’est beau, la marche.

 

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13 mars 2008 4 13 /03 /mars /2008 20:49
Se faire plaisir à jouer des mots comme en retour se joue de nous le mot qui s'échappe, là trouverons-nous une petite folie.

Souvent la répartie d'un interloqué mécontent prétend qu'il ne faut pas jouer sur les mots. En revanche, sous les mots, dessous, il se passe des choses qui font beaucoup rire. J'ai encore vu ce beau courrir ! C'est mon voisin. "Ah ! Les chameaux !" Les gamins s'enfuient à toutes jambes les poches pleines d'abricots. "Il m'ont pris tous les fruits et ma patience avec. Je n'en ai plus !" Il bougonne et tourne en rond semblant chercher sans y croire le peu de patience qui lui reste. Mais il remonte son froc quand il me tourne le dos et je sais qu'il se rassure. Il s'assure qu'il en a encore. Il tire jusqu'à monter la ceinture sous la poitrine, le chameau !

C'est ce qui me fait penser que le mot "chameau" induit une certaine réserve pour que la situation n'empire pas. Du reste rien n'est pire qu'un chameau sans réserve, surtout s'il a tendance à boire, comme le voisin.
Face à lui, je suis réservé jusqu'à ce que les verroux sautent. Et là, on ne sait jamais vers où ça va sauter. Si le bouchon saute, il sera possible de trinquer. Parfois je m'en veux d'être sorti de ma réserve, aussi acceptons-nous, après quelques mots vigoureux, de sortir ensemble de la réserve pour aller au stade. "Au stade où on en est !", c'est le nom du bistro d'en face, quelle farce !

Ah! Nous le savons (Boby Lapointe!), les parents boivent, les enfants trinquent. Le remède est pire que le mal. Mieux vaudrait se faire une salade, mâche et riz !


Ecrit vain d'un chez soir assis. Ah ! Si ! Je l'ai repris le 14 en soirée et en musique. Soit ré, soit la, soit là avec ton dos bien mis. Soit do, soit mi, un pied sur le sol et l'autre en fa. Fatigué !. Aller bonsoir !
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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 06:22
Je ne me lasse pas de feuilleter un petit livre de Jean Yves Leloup ; Désert, déserts ; Albin Michel
Je cite ici un petit paragraphe de la page dix sept, suivit du poême de la page cent vingt sept.

"Aimer l'autre, c'est renoncer à l'avoir, même mort,
renoncer à ce qu'il revienne,
découvrir qu'il est toujours là,
dans un silence qui ne nous fait plus peur,
dans un désert qui se fait l'hospitalier
de ce que nous avons de plus précieux,
l'essentiel qui reste quand il ne reste plus rien."




........................................................................................................................
"Au désert
L'homme n'est jamais fini
Il faut qu'il soit en marche
Vers une source ou vers une ombre
Sinon il meurt.

Le sens
N'est jamais une chose
Ou un être
Et s'il l'est
C'est le temps d'un mirage
D'une velléité de sens

Le sens
C'est ce qui fait le lien
Entre les choses et les êtres
Et ce qui fait le lien
Le désert des êtres et des choses
Nous l'apprend dans sa trop vive lumière
C'est le vide

Sans ce vide
Il n'y aurait de place pour rien
Et rien pour recueillir ensemble
Les êtres et les choses
Sans le vide : rien."
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29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 22:24
Las de défendre la jolie langue dont chacun peut s'enrichir, adopter le retrait et l'indifférence me semble plus raisonnable que l'empressement à pousser la remarque. Sont nombreux les pauvres en vocabulaire qui n'arrivent plus à se faire entendre avec finesse dans leur singularité. Ils ne disposent pas d'une gamme assez généreuse de mots dans laquelle pourrait se faire leur choix, au plus juste de leur intention.

Le film "était super" ne nourrit pas l'échange. "La fille est canon" ne dit rien de particulier quant à l'émotion de l'observateur. "Le parfum est mega cool" ne donne pas à différencier l'ambre de la canelle.

Les sensations se déclinent sur une palette étendue depuis la douleur aiguë jusqu'au profond émoi en traversant la quiétude ou le spleen. La pauvreté du langage confine l'illettré dans la perte, perte de singularité, perte d'identité, ce qui expliquerait peut-être le retour du communautarisme. Il est pourtant question dans ce texte d'une tout autre perte.

La page s'ouvre par cette question :  que signifie la conscience de soi ? Je parle et pourtant il m'est impossible de prendre le recul nécessaire pour demander à la parole elle-même de se justifier. Qui suis-je pour parler ? Qui parle quand ça parle au dedans ? Qui parle quand ça dit : "je suis en train de parler" ? Pourquoi y aurait-il perte à parler sans arrêt ?

La lignée de mes aïeux offre toute une gamme de particularités qui la rendent singulière. Leur origine, le lieu et la date de leur naissance, les spécificités de leur environnement familial et social, leur travail, leur passion, leur intention, leur ambition, autant de singularités qui les rendent exceptionnels dans le sens précis d'incomparables. Chaque être singulier est incomparable et donc, pléonasme, exceptionnel. En ce sens il est digne de respect.

La conséquence majeure de cet état de fait tient en ceci : nous éprouvons une grande difficulté à nous faire comprendre ou simplement entendre dans la mesure ou la parole énoncée invite à une traduction pour pénétrer le monde de l'autre.

La parole prolonge ma voix, un organe de mon corps. Cette même parole passe par l'oreille de l'autre sous forme de vibrations qu'il doit transformer pour leur donner du sens. L'ouïe saisit non seulement les sons mais aussi les variations, les tonalités, les modes, les intonations. Au travers de cet appareil extrêmement sofistiqué, chacun saisit la voix d'un autre au point de la reconnaître avec précision parmi des centaines, d'après le timbre, les rythmes, le chant, le spectre des fréquences... Et pour couronner le tout, il faut traduire ce qu'on entend. Le fameux "je t'aime" que chacune des langues chante avec sa saveur propre ne signifie rien qui soit à appréhender sous sa forme brute. Tout dépend du contexte, du rapport entre les partenaires, du lien familial, des amitiés, de l'orientation sexuelle... Quand il s'agit d'une surprise, il arrive d'entendre une voix intérieure qui interroge : "qu'est-ce qui se passe ?" "Ai-je vraiment entendu cela ?" Parfois même, "on se moque !" Il semblerait que "ça dise quelque chose au dedans, et qu'il ne serait pas certain que ça vienne de moi !" Un dédoublement à l'excès serait pathologique jusqu'à la schyzophrénie.

Nous sommes ici dans une dimension très mécaniste de la voix et de l'oreille. Il suffit d'y ajouter une composante psychologique pour que tout se complique. Mais restons sur la simplicité. La singularité fait de chaque personne un monde qui reste à découvrir. Quand deux personnes dialoguent, leur rencontre est la première rencontre du genre dans toute l'histoire de l'humanité. Ni le temps, ni les répétitions ni les redites ne peuvent changer ce fait. Deux singularités se rencontrent toujours pour un échange exceptionnel qui a lieu pour la première fois de toute l'histoire de l'humanité. Les acteurs de théâtre le savent bien. La deux centième représentation est aussi la première. Le public change, les partenaires changent, l'acteur change, l'actualité change... Ceci nous permet d'assurer que nous ne connaîtrons jamais l'autre, pas plus qu'il ne se connaîtra lui-même.

Pourquoi la perte ? J'ai un besoin irrépressible de parler, de poser des questions, d'ajouter des précisions à mes propos, d'expliquer aux autres pourquoi ils ne m'ont pas compris... FInalement, si je parle, c'est aussi parce que je ne me comprends pas moi-même. Je suis un être désirant qui ne sait pas ce qu'il désire. C'est cela qui fait dire à Jacques Lacan qu'il existe "la chose" ou un "a" (objet petit "a") dont on peut dire que c'est "la cause du désir".

La topologie illustre ici sur la bande de Moebius que la marche vers l'objet de mon désir est permanente pour cette bonne raison toute simple que cet objet n'est autre que la cause de ce désir. "Cause toujours !" Pourrions nous lui dire. Mais nous courons en sachant que quelque chose nous fait courir. Nous savons déjà que l'objet de notre désir est perdu d'avance en ce sens que nous ne pouvons pas l'atteindre. Aussi avons nous besoin de parler ne serait-ce que pour poser la question : qui suis-je ? Barré nous sommes parce que assujettis au langage dont nous ne pouvons nous passer. Mal barrés ajouterait-on dans cette impossible course au trésor perdu, cause de notre désir, perte fatale qui fait de nous des hommes. Nous ne sommes rien d'autre que la question même.
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25 février 2008 1 25 /02 /février /2008 07:20
Je n'arrive pas à croire que les media puissent faire leur choux gras des aspects les plus vils de l'être humain. Qui parmi nous ne s'est jamais emporté à qualifier ainsi l'autre tégneux qui insulte ou manque de respect ?

Il est bien évident que la fonction importante fragilise le bonhomme au point qu'il lui arrive d'échapper à cette contrainte permanente de la bienséance. N'est-il pas fréquent qu'un simple père de famille regrette ses propos adressés à ses enfants ? N'est-il pas fréquent que le maire du village regrette les siens dans une querelle municipale ? Combien de conjoints émettent de pauvres sons à l'adresse du partenaire ?

Mais peut-être le changement en fera-t-il une mode au point que les media s'en désintéresseront ?

Pour ma part, je suis même confus quand je maudis le plombier qui a monté le siphon de ma douche en permanence bouché.  Je voudrais avoir gardé certains mots et même n'y avoir jamais pensé ?

Non !  Le rôle des media n'est pas de transformer la phère de l'infomation en sacoche à pauvres sons qu'il n'est utile à personne de colporter.
L'instrumentalisation du fait divers n'a d'autre fin que le profit et cela m'est insupportable.
Quant aux images diffusées sur la toile, elles témoignent bien efficacement de la pauvreté de notre civilisation et pour un son esthétique combien de pauvres sons ne faut-il pas se taper, pour ajouter à la vulgarité des pages !
Le peuple aurait-il la presse qu'il mérite ? Sons de pauvres !
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24 février 2008 7 24 /02 /février /2008 20:16

Je suis fou. Je le sens, je le sais. En avoir conscience ne suffit pas à m'en dissuader. Fou ! Oui ! Mais fou exceptionnel, socialisé ! Sociable ! Sociabilité de folie ! Tout le problème est là ! Tout est là : un fou à problème, est-ce raisonnable !

Fou d'une folie sociale dans une société folle des fous, des fous qu'elle fabrique, enferme et fait soigner, quand elle ne les fait pas saigner ou s’aligner. (en-ferme) (soi-nier) (sait-nier) (sali-nier)…

 

Mes amis ne désirent plus s'éloigner de moi, au point que je me prends pour le roi. C'est du moins ce qui arrive quand je ne dis rien qui ne soit que
vent ! Dans le grand couloir et dans la cour ovale s'affairent mes sujets, tous plus ou moins fous qui, depuis l'orbite qui me soutient, semblent fonctionner comme une fourmilière bien familière à la gravitation universitaire, bien loin pourtant de la gravité universelle. Quel grand asile que cette université !

 

Mes sujets dociles fourmillent autour d'une reine, invisible pour la plupart, mais tellement présente qu'ils n'ont de cesse de l'alimenter pour satisfaire à sa pérennité salvatrice. Elle engendre rituellement une multitude de prétendants au trône (qui est mien), que je ne défends qu'à coups d'ordonnances et de prescriptions. Beaucoup devront disparaître ou se plier à supplier sans cesse pour jouir du précieux privilège de rester dans les bonnes grâces de
Sa Sainteté La Santé, ici honorée au sommet de sa gloire.

 

Mes objets d'étude, puisqu'il s'agit bien de la recherche dont je veux témoigner, se soumettent sans résistance aux tests et aux manipulations que je leur propose. Néanmoins, et c'est un point qui entretient une folie bien ordinaire, je sais depuis peu que le fait de n'opposer aucune résistance constitue intrinsèquement la plus suprême des résistances. Je deviens fou parce que ma théorie se boucle sur elle-même, à chercher sa destruction tout au long de son élaboration. J'élabore sa finitude à peaufiner sa logique.

 

L'essai que je vous propose ce soir, et vous comprenez que je n'ai pas encore fini l'introduction, aura pour titre : destruction de la théorie par théorisation. Son but est de vous initier à la compréhension de la folie ordinaire, à savoir que l'on jouit plus volontiers de l'index que de ce qu'il pointe, pour la bonne raison qu'il y a un plus de fantasme à sucer le miel qui en dégouline qu'à mâter la déconfiture d'une vérité par trop évidente. Cette dernière fait tourner la tête comme pour s'en détourner, tout en osant la flexion du regard qui s'assure au moins que l'image est exorbitante.



Son ton sera horripilant, ou peut-être désopilant parce que l'opulence d'une vérité, crasse et vulgaire dans sa totalité, inonde toute l'assemblée de sa vase putride qui autorise chacun à s'abandonner au plus singulier des orgasmes dont la cause ne tient qu'à la passion de la causalité même. Chaque conférence scientifique le dit et le démontre. Il y a plus à jouir pour le conférencier qui montre sa passion de la cause qu’il défend que pour celui qui démontre la cause de sa passion, fusse-elle une grande découverte.

 

 

C'est ici le début, qui suit l'introduction, et je pèse bien mes mots : "sinon pourquoi seriez-vous là ?" Oui ! Pourquoi ne pas jouir de l’introduction ?

 

L'auriculaire rivalise au majeur la chance de vérifier l'écoute dont l'ouverture pose question. De quel pavillon ai-je ouvert la porte quand un certain Philippe, populaire à souhait, l'énonce ainsi sans avoir conscience de son génie (Notons ici le féminin marqué par un "euh" muet !) : le purquoi de celui qui s’met à jouir quand la question complique sa vie!

 

Purquoi ? Renversant ! Cette apparition d'un autre versant rendu lumineux par l'élision d'un simple "o" ! C’est tout l’opposé de l’histoire d’ "O". (s’agissant dans les deux cas de l’"o" posé de côté ou dé-posé!)

Renversement de la question, parfaitement synchrone au renversement de la position de l'observateur qui, de voyeur, devient voyant.

Vous regardez en arrière pour un plus-de-jouir dans la croyance illusoire en une cause qui alimente le savoir. Et désormais vous parquez comme des véhicules vides qui stationnent, tous feux éteints, à attendre une clé. Une clef de contact qui plus est ! Rien devant ! On tourne !

 

Mais contact de pur quoi ? Objet de désir, lequel sera détruit s'il est découvert, ou désir d'objet, de cet objet qui n'existe pas sinon au risque de le détruire.

Il y a plus de plaisir à jouir d'une 2 CV tant le désir est grand, et légitime, d'en avoir 4, alors qu'en Ferrari n'y loge plus que la place fantasmée d'une starlette, Philip Morrissée, pour ne pas dire blondisée.

 

Ceci pour avancer que nous sommes là pour une recherche, la mienne, étant déjà plus proche de sa destruction, à savoir la recherche d'un pur quoi !

Je vais, évidemment, vous décevoir. RIEN N'EST PUR ! Et c'est bien pour cette raison, seule causalité (vous êtes là pour elle) qui soutienne sans faillir que le rien a du prix, que je crains de ne pas vous mécontenter.

 

Raymond Devos a joué et jonglé du petit rien qui déjà est un petit quelque chose. Oh ! Trois fois rien ! Et Georges Brassens en a montré le prix en chantant que cela dépend "de la façon qu'elle le donne".

 

Ma générosité s'exprime ici ! Je vous donne volontiers, et du mieux que je peux,  ce que je n'ai pas, ce tout petit rien qui vaut tant et que je risque de perdre à vouloir le nommer folie.

 

Je suis fou, mais à n'y plus rien comprendre, quand par exemple le président du jury universitaire s'étonne, à la lecture de mon mémoire, qu'il apparaît dans mes écrits une soif énorme de savoir. Et je me suis alors posé la question qui rend fou : mais alors, l'université des sciences humaines ne nous apprend-t-elle pas à faire du savoir une tare qui pèse dans la balance où se déséquilibre tout notre être ?

Suis-je fou à n'y prendre plus rien, dans cette même université où le même président, fort agréable au demeurant, remarque que je suis "autodidacte". Il m'a semblé à cet instant que lui-même avait ici cette honnêteté de me dire sans l’avouer qu'il ne maîtrisait plus rien. Et ce me semble être très salutaire, pour la sanction d'un mémoire de maîtrise, lequel traite sans prétention de la phénoménologie de la brutalité, mais dans l'enfer éthylique. N'aurait-il pas finalement approuvé, à l'image des personnes addictes, en prise avec un produit, que la brutalité se retourne contre soi, en prise avec le produit du savoir, savoir de rien, tare de la pesée des êtres, folie sociale ordinaire des psychologisants déformant l’écoute à cause de leur surdité.

 

Gisants, ne le sont-ils pas, tous les subordonnés à l'idéologie scientiste dont la médecine est le prototype ? Mais la brutalité se retourne toujours et le pouvoir finit par échapper à ceux qui peuvent, mais sans le savoir. Ceux qui savent par contre s'en emparent, mais sans pouvoir rien en plus, qu'à trouver le Père, le père Magloire chez Boris Vian, payé pour manger la honte partagée.

 

Main mise sur la médecine et ses officiants à laquelle se joint désormais la psychologie et ses déficients qui tournent de plus en plus dans la cour ovale et le grand couloir des industries pharmaco-costiques dont le salut ne tient qu'à des petits riens qu'elles donnent volontiers sous forme de pilules à avaler comme sucre. Et on voit le prix du rien, à ne plus voir rien que le prix !

 

La prescription pharmaco-politiquement correcte vient en miroir de la brutalité universitaire. Chacun s'y plie au savoir sans s'y taire, mais sans savoir se plier sous la tare de l'ignorance, la seule qui garde un prix au désir, selon l'étude de Sarah Pain, « La fonction de l’ignorance ».

 

 

Le savoir tourne à l’ignorance dans la spirale du nivellement par le bas, ce qu’on pourrait appeler le vortex de l’enseignement. L’enseignant s’enferme dans l’œil de ce cyclone brutal, y tourne sans fin pour produire son œuvre de rien que seuls d’autres enseignants pourront parcourir de leurs yeux d’aveugles et témoigne ainsi de son emprisonnement dans la pensée unique dont la bibliothèque scientifique détient tous les exemplaires modèles. L’horreur du savoir qui ne se veut pas humaniste vomit sa brutalité avec les armes sectaires de la toute puissance. L’enseignant chargé d’étudier les techniques d’entretien n’est plus tenu à s’engager lui-même dans les entretiens. L’étudiant, du coup, sera évalué sur son savoir à ce sujet et non plus sur sa capacité à s’entretenir. Il en va de même pour toutes les matières enseignées en faculté. La brutalité de ces formations détruit les facultés à faire, à partager, à échanger, pour le seul profit des facultés à savoir, à posséder, ou plutôt à disposer des connaissances qui ne servent qu’à entretenir le mouvement du vortex infernal dans la grande cour ovale.

 

Plus d'index ! Plus de majeur ! Plus d'auriculaire ! Plus de main ! Puisque tous ces attributs servent dans l’échange et le partage ! Seul arrive en pleine gueule le poing. Eh ! Vlan ! Prenez ça ! Simplement parce que tu ne penses pas comme moi !

Brutalité du penser unique, folie pour le moins assurée de son coût ! Un coût univers-s’y-taire. Point final !

 

 

Un fou d'ordinaire lucide, ou l’inverse, lucide d’ordinaire fou, sorti du DEA de psycho!
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23 février 2008 6 23 /02 /février /2008 07:08
Une bonne douche, un bon café, la tranche de pain au levain tostée sous la pommade de beurre salé, la lettre à poster, le réveil des enfants, la bise à son épouse, tous les riens auxquels nous ne faisons plus attention parce que d'autres préoccupations nous assaillent.  France-inter ne raconte que des malheurs alors que nos voisins vont bien. Les jeunes ont réussi leur troisième année de Fac. Le grand-père se remet parfaitement de l'intervention. Le bon vieux toutou est mort. Les amandiers sont en fleur. Le temps nous enchante et les jours s'allongent. Nous pouvons savourer les instants légers comme celui de faire ce petit mot avant d'aller eu boulot.
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