Elle va déchanter tout l'hiver.
Mais elle ne perd pas le Nord
Puisqu'elle a gagné le Sud.
C'est elle qui enchante la Provence.
TOPOTORE Un
chemin, une réflexion, et la poésie pour le plaisir, au pied du Garlaban !
J'allais plonger un jour dans la marge aux canards
Pour, oh ! très simplement, y égoutter ma plume.
Légère et fort goûteuse elle m'ouvrit une porte,
Par où, comme du port d'où l'on part,
Filtraient bruits et senteurs d'une ancre qui se lève.
Pattes actives pour avancer sans cette amarre,
Je laissais filer l'encre et tracer les clapots
Témoins de la vie qui s'anime,
D'aller et retours en alternance de forces,
D'efforts et de repos, de vacarmes et de silences.
Ainsi filait en éloignant les bords
L'oiseau tout blanc, signe d'espoir,
Qui dans sa progression, mais sans le savoir,
Laissait trace éphémère du sillage de son corps,
Et lançait à l'autre, au port, l'occasion d'un transport.
En effet, sur la frange, les vivants de la grève,
Du vilain canard perçoivent le souvenir
Et juste pour adoucir leur propos
S'empressent d'ajouter un petit et tirent ainsi le fil
D'une chute rigolote depuis le singulier au delà du pluriel.
Si chacun se voit au loin "vilain petit canard"
Peut-être que plus nombreux que l'on croit
Barbotent ensemble dans les marres
Ceux qui mouillent leurs plumes et font
Emarger leur être du terrain, par trop vaseux au fond !
Il est un jour du tout début que le désir garde discret.
A échanger mémoire et vie, à mélanger voile et secret,
L’amant se pique d’une pudeur dont rit l’éprise autant cachée.
La femme se couvre de son désir et voit plus près l’œil de l’aimé.
Alanguie, offerte, l’amante craint qu’il ne soit prêt.
A éclairer les bras d’Eros, Psyché le rend tout effacé.
La vérité de son inceste, Œdipe la voit les yeux crevés.
Comme la lumière avec le temps sait parfaitement ternir l’apprêt !
Il est un jour du tout début.
De la rencontre nul ne sait par quelle main fut dessiné
Le pur désir avant les mots qui dans le train manifesté
S’est joué de nous tout enveloppé des plus fins traits
Du grand tissage. Son origine ne se connaît
Qu’à la garder si pure, délicatement surestimée.
Il est un jour du tout début.
Tous les deux magnifiques comme ceux de la boulangère ! Madame Chiffre
De son vrai nom, ne l’ignore pas et les tient haut pour le confort du son client qui souffre.
Tout habile qu’il soit de ses mains, l’artisan trouve dur de les classer en tableaux
Et de devoir sans cesse à chacune de ses visites les regarder sur le bureau
Creuser ce vide en trésorerie comme un trésor au fond du gouffre.
Chacun d’eux mis en perspective laisse paraître un trou que l’on dit beau
D’un an à l’autre à trop pencher dans la balance on a vite chaud
Tant et si bien qu’il a fallu qu’on s’y engouffre
Tous les deux magnifiques.
La boulangère, en tout honneur, les tient serrés comme des fifres
Tout alignés en râtelier. Les posséder sans brin d’oseille sent fort le soufre
Pour qui s’avance avec fierté comme au désert le grand chameau.
Mais de les voir donne l’espoir et dans l’espoir le mâle en peau
Trouve réconfort de bien aimer frissons et chiffres,
Tous les deux magnifiques.
Un chien tout excité flairait ne sais quelle trace,
Montrait tout son émoi, queue haute et museau bas.
Que nous disait-il donc par cet élan vorace,
Sa détermination pour un solide repas ?
Ou, pour une quelconque promesse fugace,
Une femelle l’attirait-elle sur la grand-place ?
Bien assuré d’avancer dans ses pas,
Ne sachant pourtant pas où il va,
C'est au pied de l’escalier du palace
Qu'il trouve une crotte, ce qu’il tient pour farce.
Comment se peut-il qu’à cet endroit-là
Ne soit ni promise ni abats ?
Le chien dérangé refait le tour du perron
Quand sort très énervé le plus haut des patrons,
Présente ses grands pieds chaussés de mille euros,
Botte les flans bien gras du malheureux éros.
La marche certes du destin est un don
Qui anime certains, il est vrai sans réflexion.
Rien ne peut éclairer le cœur de qui a peur !
Nul ne peut motiver le corps de qui est mort !
A pousser en violence la porte de l'intime,
Cœur, corps et langage l'agresseur désestime.
Sans aucune frustration il n'échappe à aucun
De jouir du non-dit à toucher l'interdit.
Plus puissant que jamais, sans moment opportun,
Qui brave un tel défi est bien mort à la vie.
A dire : –"Non, mon enfant !"… "Du manque tu vivras"
Est poussé ce désir de transgresser la loi.
Des souhaits de ce plus s'inscrit la connaissance
Qu'il n'est pas d'être humain sans un vide d'aisance.
Incomplet de toujours, l'homme acquis aux repères
Cherche à donner un sens à la vie de ses pères.
Et de fils reconnu le statut affirmé
Fait que l'homme est debout, l'interdit exprimé.
A le taire il se meurt, à le dire s'épanouit
Qui se connaît manquant et peut lire ses envies
Sans pour autant passer à cette actuation
De nier le réel et plier aux passions.
Ce qui manque souvent, c'est le manque à manquer.
Pour être fier de soi et s'estimer un peu
Il convient qu'aux regards se soutienne le germé
Du petit qui se voit écarté de tels jeux.
Mon fils te voici grand ! Intégrée cette loi
Qui te pousse vers l'autre, hors de ceux de ton toit !
Tu hérites d'une vie pour qu'à ton tour bientôt
Tu saches donner un fils au grand monde des mots.
Source de senteur violette
Pleure des pétales de cristal.
Offre-moi d'un souffle de voilette
Cette chaude larme qui s'étale.
Délicatement
Elle vient de mouiller ton sourire.
Source de bonheur embaumé
Entends dans mon cœur cette abeille
Etourdie du pollen empaumé.
Elle s’envole et revient comme la veille
Très fidèlement
Dans la ruche que tu soignes.
J’irai me grandir du miel de tes gâteaux
Je saurai m’enhardir du toucher de ta peau.
Ton orgasme saisira le profond de mon cœur
Et ma vie te prendra pour bénir ton labeur
Tout justement,
Dans la forme qui se plie et se replie.
La gouverne
Hors de lui, le doigt pointé, "si tu es homme, alors descends
Pour exprimer ici devant ce que de nous vraiment attends.
Il sied assez à notre honneur de n’accepter point les insultes,
De préférer la mise en œuvre à toute bassesse des plus occultes,
D’enseigner à chacun des jeunes la mise au pas tout comme avant."
Le groupe figé, photo oblige, sur le perron, peut ignorer chacun des cultes.
Mécréant, monothéiste, voire animiste, sois donc encore un peu inculte.
Nous bâtissons sans ton vouloir foule brillante des travaillants.
Horde luit !
Libéralisme, égocentrisme, vive le marché des suppléants
De tous ces gens qui depuis tant se montrent à fond incompétents,
Vulgaires à souhaits dans la langue même à ne viser rien moins que moult
Profits bien gras au plus court terme, niant la soulte
Juste des citoyens. Espérons oui ! Mais des savants…
Or, de lui …
A l’abri des regards, au profond de l’intime,
Au plus froid du cœur parfois se décourage l’estime.
Mais à saisir un jeu, tout étonné, le « je » fait surface.
Sans prêter attention, sans tension ni grimace,
Il appert qu’il diffère et revient à son mime.
Jeu savant, mise en scène, clown à vie, tout cela rime
Mais à quoi ? Soit monter, soit descendre comme lime,
Jouer de soi, déclamer, haranguer, se moquer, reste encore une face
A l’abri des regards.
Douleur des sentiments, saveur des moments diffusés en prime
Pour ceux et celles qui se rencontrent sur la plus haute cime
Du ballon des tendresses, des secrets respectés sur la grand-place,
Là même où le baiser, sur un banc patiné, entrelace
Amour, théâtre, vérité, séduction, scène de vie qui s’arrime
A l’abri des regards.
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