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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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10 juin 2008 2 10 /06 /juin /2008 23:45
Toi qui laisses les ouvriers bâtir ta prison
Toi qui restes assis pourtant, hébété, passif,
Devant  le travail de tous ceux qui t'ensevelissent,
Pose dans un pan de mur factice, une porte dérobée
Dont tu auras seul préservé le secret, et, un jour, un jour,
Quand le vent sec soufflera violemment depuis le Nord,
Ouvre grand le judas de la porte cachée, démolis le
Ce faux mur qui aura protégé ta révolte, et surtout,
Ecoute, écoute bien les messages du Mistral.
Fais lui de la place, calfeutre son espace.
Un coeur piqué de mille dards, rainé de griffes
Ebranlé de secousses profondes, écorché par l'acier, brûlé
Par l'amertume, sacrifié aux bâtisseurs qui scellent à la calomnie le
Mensonge et lient leur mortier avec eau saumâtre et sarcasmes acides,
Ce coeur privé du carré de fraîcheur qui le ferait plapiter, asphyxié de gaz
Meurtriers que répandent les beaux parleurs, assourdi des coups de
Marteaux politiques, piqueurs des deniers populaires,
Fabriqueurs de richesses clandestines, ivres
De pouvoir, de pouvoir détruire,
Ce coeur qui pourtant
N'abandonne pas
Et rythme ta vie
Se donne
A tes humeurs,
Ce coeur, la seule richesse
Dont du dois encore pouvoir disposer !
A ce coeur, fais une place, une place de choix.
Permets qu'il témoigne dehors de la rancoeur du dedans.
Profite de lui et de ses émotions, les saveurs épicées de ta vie.
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8 juin 2008 7 08 /06 /juin /2008 07:47
La lignée des aïeux de chaque être humain se compose de personnes particulières dont la langue, la nôtre, dans son usage courant dit le plus souvent qu'elles ont été uniques. Chacun d'entre nous serait donc unique. Cette vérité ne me satisfait pas suffisemment. Je penche plutôt vers le mot "singulier".

Nous sommes des êtres singuliers. Cet attribut me convient beaucoup plus et la raison en est toute simple.

L'unique suppose le "un" qui précède le "deux" et le "trois", dans une collection d'éléments qu'il est possible de classer, de ranger, de sélectionner suivant certains critères comparés. "Classer, ranger, sélectionner" trois verbes qui déjà dérangent quand ils organisent des humains.
Le singuliers ne se range pas dans un jeu de plusieurs. Le singulier ne peut être possédé. Les singuliers ne peuvent être comparés. Les conséquences de cette affirmation déterminent bien des contestations de notre vie citadine actuelle et de ses meurs. La toute première conséquence, c'est que rien ne peut justifier l'usage des statistiques, parce que les hommes ne sont pas une marchandise à emballer par paquets pour un dénombrement, quel qu'il soit. Dans les bâteaux qui traversaient l'atlantique pouvaient être entassés deux cents exclaves noirs... Dans les archives de notre année seront comptabilisés des milliers de chômeurs, le vivier de main d'oeuvre docile qui permet au patronat de précariser la vie du salarié. Les premiers, disait-on n'étaient pas des hommes. Les seconds ne sont, paraît-il, que des paresseux !
 
Je ne peux supporter que la compétition permette à troix élus de monter sur le podium alors que sont jettés aux oubliettes les suivants qui manifestent des talents tout aussi exceptionnels que ceux qui sont honorés.

Le singulier ne peut se mesurer. Tout récemment, un homme très grand, affirmait se sentir humilié de ne paraître aux yeux du monde médiatique que comme la seule mesure de sa taille." Je ne suis pas qu'une mesure."

Combien de comparaisons n'avons-nous pas supportées depuis le plus jeune âge ? "Tu pourrais travailler aussi bien que ta soeur ? Ton courage me déçoit, regarde ton frère ! Le petit, là, il sait déjà faire du vélo, et sans les petites roues !" etc.

Si nous sommes imcomparables, et nous le sommes puisque singuliers et singulièrement exceptionnels, à quoi sert-il de faire des efforts pour devenir le meilleur ? Lutter contre soi-même pour grandir et s'accomplir, oui, mais pour avoir l'ambition de dépasser un autre singulier, non, sauf à déjà amputer une partie de sa propre singularité. Ce qui revient à dire que les jeux du cirque ont toujours quelque chose d'humiliant autant pour ceux qui concourent que pour les spectateurs et les organisateurs. Dans les jeux du cirque de la Rome antique, les esclaves devaient combattre. Les gladiateurs vivaient l'humiliation de sous-homme alors que le peuple se régalait des souffrances infligées à d'autres.

Humiliant est ici employé dans une acception précise : l'humain est destitué de sa position d'être singulier et exceptionnel, digne de respect et surtout gardien de son humanité, c'est à dire de sa singularité, découvreur de la place qu'il occupe dans la cité, du rôle dans lequel il pourra s'épanouir, grandir et nourrir la société des talents qui sont les siens.

Les exemples ne manquent pas dans la vie de fou que nous traversons maintenant. La grande compétition se veut amorale, (apolitisme des jeux olympiques !) mais elle est immorale, celle qui fait des moyens les pratiques les plus sordides pour arriver à ses fins le plus souvent pécuniaires. (Dopage, trucage, triche, perversion !)
Quels déterminants animent la mafia tout comme les grands trusts ou les terroristes ? Encore que certains, les derniers, prétendent lutter pour des idées ou des utopies. N'y croyons guère. Tout ce beau monde ne cherche qu'à s'enrichir. Nous savons combien de familles sont affamées dans les pays "en voie de développement" (l'appellation cache une autre réalité) pour le seul profit des groupes pétroliers. Nous savons combien d'enfants travaillent plus de dix heures par jours afin de fournir les puissances financières qui se cachent dans les grandes surfaces ou les fonds d'investissement qui souhaitent paraître socialement dévoués...

Que faire ?
Au niveau de chacun, considérons déjà l'autre avec lequel nous commerçons comme un être singulier qu'il n'est possible de comparer à aucun autre.

L'échange permet d'enrichir chaque partenaire ou alors il ne s'agit que d'une instrumentalisation de l'autre.

Nos habitudes se trouvent là rudement remises en cause et j'avoue que je me trompe souvent sur ce point. Notre culture nous impose des plus et des moins dans la comparaison incessante des attributs de tous.

Le monde du travail est impitoyable sur ce point. Que signifie la prime au mérite ?
L'école ne sert pas de modèle. La note ne donne qu'un fichage en rapport à une moyenne. "Tu es moyen !"
La famille ne vaut guère mieux. "Ta soeur , elle au moins,  elle fait ses devoirs  toute seule !)

Très rares sont les espaces où l'être humain se sent considéré dans son entier et dans sa singularité. Les medias n'ont de cesse de faire l'éloge des quelques uns qui "réussissent". (Travaillez plus !!!) Combien finissent par se tuer au travail en devenant de plus en plus pauvres ! Combien gardent leur dignité dans la précarité extrême !

Que cette page soit mon utopie ! 

Chaque rencontre de l'autre est une première rencontre dans toute l'histoire de l'humanité car aucun des partenaires ne l'a jamais vécue.

Chaque regard croise un autre regard pour la première fois dans toute l'histoire de l'humanité.

Chaque main serre une autre pour la première fois... Même si la scène eut lieu déjà la veille, le temps à modifié le singulier qui existe parce qu'il marche en avant et la rencontre sera nouvelle, demain, une fois encore. Demain, il sera un autre singulier.

"La terre appartient à tout ce qui existe. Le véritable mode humain de vie est le partage. La possession est l'acte suprême d'exclusion d'autrui par pur égoïsme. Avant l'arrivée des Anglais, personne n'était privé de terre en Australie." Livre de poche : "Message des hommes vrais au monde mutant" de Marlo Morgan. Albin Michel 1954

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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 22:27
Marseille géante mais ouverte,
Marseille pudique et accueillante
Quand l'estranger entre, s' y promène
Et l'apprivoise sans bousculer.

Amoureuse de La Grande Bleue
Qui l'étreint là jusqu'en son gros coeur
Elle déroule ses escaliers
Pour que chacun y descende à pieds.

Mégapole vive, pieds dans l'eau,
Jamais n'est couvert son horizon.
La Grande Bleue veille aux prétentions
Des grands promoteurs immobiliers.

Mer et vent chantent les cerf-volants.
Ecume et vagues sautent sur les planches
Femmes et gosses vivent le sable.
La mer est l'âme des marseillais.
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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 07:57
Le bébé dépend de l'autre en totalité.
L'enfant apprend à partager et échanger avec ses semblables.
L'adolescent découvre l'alternance entre proximité et distance.
L'adulte confirme ses choix douloureux sous la pression de l'influence sociale.
Le vieillard se libère des utopies et des inhibitions.
Il avance vers son propre désert pour se trouver et déflouter son image.
Devant, l'avenir ! Derrière, le passé ! Ne reste plus que la solitude en dessert.
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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 22:25
La fleur est flétrie.
Souffle, et volent les pétales.
Toute sa pudeur !

L'arbre est dégarni.
Vents, faites tomber ses feuilles.
Froids et nudité.

L'homme aura vieilli.
Les cieux otent sa superbe.
Nu et si pudique.

Les mots toutes fleurs
Dessous l'arbre se rassemblent.
Un rideau les cachent.

Ils refont le monde,
Se saisissent du passé
Pour clouer les planches.


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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 05:45
Un souci
Tout bascule
Une souris
Qui recule
Une errance
En souffrance

Pour un rien
Ridicule
Comme un chien
Matricule
Déficience
Mutilance

La blessure
Tue l'envie
Meurtrissure
De la vie
Perd la chance
D'espérance

Il faudrait
Mais sur l'heure
Que soit fait
Un bonheur
Allégeance
Elégance

Petite chose
Peu commune
Une rose
Devient une
En partance
Vers l'aimance
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4 juin 2008 3 04 /06 /juin /2008 22:12
- Eh ! Le vieux ! Tu t'es encore fait engueuler ! Sinon, personne ne te verrait dans les parages ! Pourtant vous êtes touchants tous les deux, chacun sa canne et un bon pas sous le soleil du matin.
- Bof ! Hier, on est allé au cinéma. On a vu Sex and the City.
- Et alors ! Ca vous a réveillé les humeurs ?
- Non, c'est pas ça ! Ma vieille ! Elle n'a pas supporté que je pose ma main sur sa cuisse. Pourtant, elle ne bronchait pas !
- Ah ! Et depuis, elle boude ?
- Ouais ! Elle m'a dit ce matin : je ne supporte pas que tu me prennes pour ton accoudoir !
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3 juin 2008 2 03 /06 /juin /2008 23:31

Il a intercepté ma pizza, cette tête d’enflure fascisante. L’autre calbassé de bistrotier me l’avait envoyée, chauffée à blanc. Elle n’est pas arrivée jusqu’à moi. Il avait tellement faim, le merlan, qu’il se serait bouffé le melon si j’avais laissé pisser. Mais ça m’arrangeait. Avec ma limonade, j’pourrais peut-être glisser doucement vers lui pour y tirer les vers du nez, qu’il a très long d’ailleurs.
 

Mais un gros lardon à glissé dans le ragoût mijoté. Un gros barbu, laid, granulé de mauvaiseté, s’est fâché tout rouge, a tiré sur la manche de l’enflure tout blanc pour lui pelleter une bordée de saloperies que j’peux pas répéter. Ca ferait trop noir !
 

-         T’es un foutu nergumène ! Qu’il a fini ! C’est de la beaufitude en gras double c’que t’as fait ! La pizze elle t’es pas destinée. C’est à Mossieur !

-         Tout doux ! Tout doux ! Essayais-je de m’interposer en me raclant la luette tant l’odeur d’alcool mêlée de rot planait sur du zinc. J’en commanderai une autre. Les anchois, ça me revient. Je les digère mal.

 

La moule du troquet qui se trémoussait dans le coin sur le skaï rouge, sale comme la bonde de son évier, rougeasse, un peu pétasse et pas que sur les bords, se lève avec un bruit de ventouse bien collante, s’approche du barbu comme si c’était son mec et lui fout la main sur le troufion.

-         Il se la ferme donc jamais ! qu’elle ditube en lui arrachant la fesse. C’est un emmerdeur de première. Mais laisse les donc se bécoter sur le zinc si c’est leur truc. C’est pas parce que tu joues du god qu’il faut te foutre dans la tronche que tout le monde il est comme toi !

Prenant les autres à partie comme pour déposer sa plainte et gerber sa haine :

        -    En plus, il ronfle comme un peigne cul. C’est pour ça que j’ai fait ma valoche et que je l’ai planté là, avec son jouet dans le choux. De toute façon ce mou de la tringle il érectait plus. Il fallait que je lui tartine le sandwich de poivre gris et de gingembre, et malgré les bonbons bleus…


Ce con, damné soit-il ! Je le rencontre pour la première fois et il me descend le plan à genoux. Il doit foutre la merde partout où y faut pas ! Ma bectance, si je veux la larguer, c’est ma chose. J’avais un plan. Il est maintenant pourri à cause du gros lard de barbu. Mais le tchatcheur va payer. Je repousse la greluche rebondie en lui claquant le tiroir à salade qui sniffait dur le picrate. Lui, j’le prends par le colbac et je vrille en gueulant dans l’esgourde droite pendant que je saigne le gauche qui fait plus feuille de choux. Ce branleur saigne, mais pas de sa feuille gauche, de son genoux qui a buté sur une barre en ferraille que je n’avais pas reluquée. On dirait qu’un nœud s’est défait et qu’une veine s’est libérée. Paquet cadeau ! Cette bourrique d’enclume est plus fragile qu’un clou de vitrier sous la masse d’un forgeron. Il bêlait encore du genoux quand je vis l’autre poltron de bistrotier qui ringardait son vieux bigophone à trous pour appeler les condés. Emmerdements !

Faut s’casser dans le seconde. Les keuff sont à touche-touche derrière le carré de cases. Ils vont se ramener à pinces pour aller plus vite. Et là, je trébuche sur mon plan foireux. Merde ! J’y étais presque. Le gonze mou du genoux a foutu la panique juste quand l’odeur du ragoût fleurait à peine. Je le mijotais depuis un baille le merlan. Je savais qu’il ne coiffait plus. Je savais qu’il faisait semblant avec son gros blair, son pif en sifflet de mirliton. On le voyait se dérouler, son long pif, quand il cherchait à bouffer la vérité. Son boui-boui dégueulasse ne recevait plus un chien. Il crevait la dalle et simulait le gain. Dans le quartier, tout le monde l’envoyait se faire foutre quand il draguait le manant qui passait devant, avec l’envie de cracher sur sa boutique. Là, aujourd’hui, je l’aurais eu, servi sur un plateau, l’aveu de l’ivrogne encore en état. Comme il était aux abois, il courait au marché huppé, celui de Raspail, il bousculait un peu, mais gentiment pour trousser le vioc, mâle ou femelle, avec ses pognes pleines de poils de singe. Tout son art mesquin, c’était de s’excuser après la bousculade et de créer la confusion. Il foutait ses paluches partout en décoiffant les stands et en gueulant sur les vendeurs. Il prenait les vieux par l’épaule pour les avancer vers le stand et soi-disant pour qu’ils entendent les excuses du marchand. Mais les baveux n'y comprenaient rien. Le malin en profitait pour fouiller les poches et piquer tout ce qu'il trouvait. Quand je pense que jamais personne ne lui a coupé les boules ! Pourtant les jours de marché, y en a des pélerins sur le pavé qui se font bluffer par les produits de la cambrousse et aussi par le merlan.

Personne n’y trouve à rechigner. Ils aiment tous s’entasser dans les allées là où l’affreux pique le sac des bancales. Je lui aurais bien sorti quelques aveux si la grosse couenne n’avait pas fait tourner le bouillon. Et là, c’est moi qui me suis barré.

L’autre, le maigrelet de merlan, en dévorant ma bouffe, il a fait semblant de pas s’en faire mais je sais qu’il s’est fait dessus comme une lavette. En face, dans le square noséeux, je trouve un banc qui colle pas trop, je mouline en grand coup avec ma vieille écharpe pour virer les voyous de volatiles malades du croupion. Je me pose le cul juste en face du bar à l’enseigne débile. « Au point Denfer ». Il en a fait trop, là, le Juju ! La balance ! Un peu lourde, la balance !

Je vois les condés, Il sont vraiment dégommés. Ce n’est pas parce que ce sont mes pots que je dois les trouver géniaux ! On lui a fracassé la mâchoire, au merlan. C’est pas demain qu’il va me causer. J’arrive pas à le croire. Le morveux, le Juju, couché sous le zinc à peine qu’il avait raccroché le bigophone à trous qu’il leur a dit que l’autre il avait torché ma gamelle. Ce bras cassé, de quoi y se mêle à la fin ? C’est du pur Brassens, même tout seul être con à ce point. C’est le point d'enfer. Et le pauvre merlan, y se trouve en sécurité aux bras des fracasses. Il peut rien dire, mais il sait que les ripoux vont encore venir le soir pour lui taper une bibine ou un peu du pognon qu’il ramasse à Raspail. « t‘as payé le merlan ? » C’est leur mot de passe. Je l’ai déjà entendu au poste.

Il avait qu’à pas bavasser. Les balances, c’est comme ça ! Tu peux pas y croire. Y balancerait même son père quand y s’tape la bonne à l’heure du marché. La vieille, pendant ce temps là, elle se fait taper aussi à Raspail mais son panier à oseille. Ah ! Ce merlan !

Moi faudra que je reprenne ma planque. A cause de lui et de ses tarés du goulot qui se vautrent dans son fumoir à paumés, je n’ai pas pu becter. Je ne venais pas pour sa bouffe de pouf. Je venais becter quelques arrêtes de merlan. Qui sait peut-être un peu de chair ou même j’aurais eu sa peau parce qu’il serait passé à confess. Tiens, c’est une idée. Je me fais passer pour un cureton et il me dit tout. Je l’enverrai dire deux notre père et un avez maria.

Mais c’est loupé. Le village est glauque. Les gens sont louches. Les langues sont bien pendues mais par pour tout. Le pâté sent le moisi. Le 20° à Paris, c’est pire que le panier de Marseille, et le soleil en moins. J’en veux à ce touffu de l’évêché qui m’a fait muter sur la côte. C’est ce qu’ils disent quand ils envoient quelqu’un sur la banlieue. Du touffu je passe au merlan. Il manquent plus que les ciseaux. Ca y est, comme l’araignée j’ai les idées qui chevauchent les toiles qui collent aux poutrelles du grenier.

Bon j’ai faim. Je vais m’en taper une, de côte, une bonne côte de bœuf bien épaisse. Là, près des bords de Seine, j’aurai plus frais. Et demain, je repasserai pêcher le merlan. Et je reprendrai une limonade au point Denfer.
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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 19:28

Ma grand-mère est revenue. Marthe se présente là, avec une gentillesse redoublée, une jeunesse retrouvée, une maturité renouvelée. Elle vient me retrouver pendant la pose de mi-journée, dans le campus universitaire où je poursuis mes études. Je la reconnais dans sa quarantaine en raison des albums photos que j’avais souvent consultés à Paris. Je la trouve grande, belle et douce, et je remarque qu’elle porte du blanc. « Si je viens, c’est pour vous aider.» me susurre-t-elle en se baissant pour m’embrasser, non parce que je suis petit, mais parce que je somnolais dans l’herbe, à l’ombre des platanes généreux.

Je l’embrasse affectueusement et l’invite aussitôt à me suivre au prochain cours qui me paraît difficile. Je ne sais pourquoi, je l’imagine efficace en ce qui concerne la philosophie du langage. Mais sur le chemin, il me faudra annoncer la nouvelle à Blandine, ma sœur, que j’avais laissée avec ses copains dans la cour sombre et fraîche de la cafétéria. En passant, je récupèrerai mon portable caché dans un trou du grand mur au pied duquel s’accroupissaient les étudiants à sandwich qui assistaient en mangeant aux jeux de ballon des grands fous, ceux qui se défoulent entre midi et deux.

Blandine n’est pas là, mais le portable est resté. Ouf ! L’avoir perdu m’aurait fait râler, qu’on me l’ait volé m’aurait mis dans une colère noire et impuissante, non pour l’objet perdu, mais pour le viol ressenti à l’idée qu’un autre s’immisce dans mon intimité.

Je tiens ma grand-mère par la main et, heureux, la conduit dans la salle de cours, non sans remarquer en contre-bas les quelques restanques escarpées du petit jardin potager de notre professeur. J’ai l’impression que tous les choux verts ont été arrachés, laissant la terre nue et ses sillons un peu décoiffés. Je caresse l’idée qu’un accrochage sain à ce petit bout de terre qu’il faut aller travailler en se baissant rend forcément humble.

« L’homme se repose sur la terre et la terre repose l’homme à sa place. » Je me promettais de noter cette phrase.

Y a-t-il philosophie plus simple et riche que celle de penser l’homme à sa place sur la terre ? Y ajouter quoi que ce soit me paraît superflu et je me demande alors ce que va nous apporter ce cours.

Nous arrivons un peu en retard et le cours a déjà commencé. Les étudiants studieux restent penchés sur leur bureau d’écolier et personne ne s’étonne de notre venue. Nous jetons un regard circulaire dans la petite pièce avant de trouver une sorte d’isoloir dans lequel notre professeur lit lentement son ouvrage sur la philosophie du langage. Assis devant le même petit bureau que les élèves, il parle passionnément de ses dernières recherches devant le micro qui semble l’écouter. Le rideau de l’isoloir est légèrement tiré pour, je pense, qu’il ne soit pas distrait par l’auditoire.

Mais personne n’est distrait, ni même par notre discrète installation, ni même par notre départ quelques minutes plus tard.

Marthe me regarde avec toute la compassion dont je la crois capable et toute l’interrogation qui l’inonde. J’imagine à ce moment que la seule attache qui empêche son anéantissement ou tout au moins son effondrement, c’est le regard réciproque que nous échangeons. Avec du recul, rien n’existait plus que ces deux barres parallèles qui traversaient l’espace informe comme deux rayons laser.

J’éteinds la radio parce que le conférencier me fatigue d’être si compliqué. Je me réveille pour constater que je m’étais endormi sur France Culture, mais en possession d’une nouvelle certitude : le regard ne trompe pas et nul mot ne lui est nécessaire pour dire. Je ne parle pas de la vue, mais de l’acte de regarder. C’est comme si notre biologie se prolongeait fermement jusqu’à toucher l’autre, le caresser du regard, l’entraîner, le supporter, l’humilier ou le tuer. Ceux qui n’ont pas la vue développent d’autres regards, supportés par des sens aigus que nous avons étouffés par le seul fait que nous voyons.

Le regard est à notre âme ce qu’est la terre à notre corps, élément de sécurité à partager entre tous.

Dans le monde où règne l’indifférence, le regard prend toute son importance.

Le gros danger c’est que la convoitise nous le fasse perdre tout comme nous y perdons notre âme.

 

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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 17:45

Lâcher les mots, c’est comme jeter le rot, comme pisser de trouille avant d’ester en  bafouille l’autre lâche qui dans la page se cache. L’œuf nouveau que fait l’homme (pourtant, on lui dit souvent « ne fais pas l’œuf ! ») n’a que faire des épices et embrouilles qui maculeront le blanc à pourrir sa pureté jusqu’au cœur de son jeune jaune.

Ajoutons de rouge au jaune à cœur, et le plat est prêt, mais plat, sans relief. L’angoisse du plat tout plat, c’est comme l’angoisse d’une feuille blanche, nue, qui sera jaunie de n’être lue. A moins qu’ici ne soit la tache, cette tache de curry d’où part le récit, si tant est qu’un récit parte d’une feuille ou d’une tache de curry, d’un curry qu’eut l’homme avant sa traque. Traqué pour une tâche manquée ! Trouille et tache, traque et trace, brouille et bâche, trouée comme bouche, la tâche est de trouver tous ces mots qui se pressent et me pressent et s’empressent d’aligner sur la droite un discours tout tordu ! « Jouissance du texte » comme l’avouait Roland Barthes, ou test de jouissance, à écrire en chute la cascade où descendrait un sens quelconque et caché, comme un haut qui tombe en bas, un petit haut qui se soulève, un corps sage qui s’abandonne quand s’entrouvre le corsage.

Démasqué là, ici même, le lâche qui se cache, perdu par ses pulsions qui l’espionnent et le trahissent. « Libido, y es-tu ? Oui ! Que fais-tu ? Je t’attends… » Promenons-nous dans les bras de la mère Nicolas qui a  perdu son chat !

 

Raté ! Déchire tout et recommence ! Ca rime à rien, c’est bidon, ça pue…Personne ne le mettra jamais sous presse ! Jette-le comme on balance un caillou tout plat pour ricocher sur l’eau. Jette-le comme un œuf cassé que le curry aurait couvert quand le sac s’est ouvert.

 

Mais ça fait mal au cœur de jeter tout le curry qu’eut l’homme ! Alors, je vous le donne.

 

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