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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 15:27

De toi, je veux un enfant.

De cet enfant naîtra un autre enfant que je désirerai tout autant.

 

Dans ces mots saisis à l’improviste, un réel surgit qui se nomme désir, inaccessible désir d’une jouissance impossible qui se tient là, presque à portée de cœur, de corps peut-être, de chair sûrement où se logent nos rêves les plus fous, tirés de ces tensions fulgurantes parfois déchaînées.

 

De l’autre, il me faut être pleine. Je l’aime à me blottir, envahie. Je le sentirai dans ma peau, dans mon ventre, dans les secousses de cette vie qui commence au plus profond du mystère. C’est mon homme ! Il est à moi, consumé dans mes entrailles jusqu’à me tendre de la femme à la mère, grossie de bonheur et de promesses. Pleurant toutes mes larmes, j’ai déposé mes armes et m’offris toute entière aux feux de cette passion, à ses tortures et ses délices, enlevée par l’élan et fascinée par les bois du cerf dans sa mâle et intransigeante majesté. Il s’est emparé de tout ce que j’ai abandonné. C’est pour lui que je me suis emballée. C’est sur lui que je me suis empalée, comme une lourde vague sur le rostre de granit. J’ai osé l’explosion, le saut vertigineux dans la fureur du désir en folie, en sortie, en fête, en tempête. C’est un jet d’artifice qui m’inondait par le menu jusqu’à m’assaillir de tous ses feux dans un bouquet lumineux où je fus princesse et reine de l’explosion du monde. J’étais la naissance même de ce monde en explosion, et le monde lui-même où explosait la naissance. Je serai cet enfant et la chair de cet enfant. Je vivrai sa chair comme il se nourrira de la mienne.

 

Pourtant, cet homme, je ne le connais pas.

Je ne sais rien des hommes sinon que ce sont des mâles comme l’étais mon père, fragile et fort, contrariant et aimant, fier et amère, osé mais maladroit. Je sais qu’il était amoureux de la fillette que je fus, toute vibrante d’adoration pour sa puissance et sa protection, apprêté auprès de moi quand je sautais sur ses genoux et lui montrait ma grâce en cherchant son admiration et l’exclusivité de ses regards. Je sais que déjà le féminin se cachait en mystérieuses interrogations dans ses yeux et ses oreilles, au point que parfois il se résignait à éviter de comprendre. Il me paraissait alors bien autoritaire, mais la frontière de l’infranchissable servait de clé à mes fenêtres sur l’envie. J’aimais qu’il me pointe sur sa carte le passage de mes taquineries. J’aimais qu’il s’emporte à l’orée de mes excès où se nourrissaient nos échanges et planait son amour de père, objet volant mal identifié. J’aimais ses précautions devant les jeunes chasseurs qui en voulaient à mes atours. J’aurais aimé qu’il fût à moi, l’homme qui m’a grandie, qu’il fut à mes côtés dans les situations délicates qui signalaient son absence. J’aurais aimé qu’il m’apprenne tout de l’homme, et qu’il m’épargne ce temps perdu à s’abstenir d’oser par ignorance et par crainte de l’inconnu.

 

Je me suis abandonnée et l’homme m’a aimée, cet autre que j’adore et que je crois avoir choisi. Ne fait-on jamais le choix ? Croyons-nous pouvoir le faire ?

J’aurai un enfant de toi ! Et cet enfant sera mon petit homme ! Il me fera à son tour le plaisir de m’offrir un petit enfant. Du mystère, on ne saura jamais rien de plus ! Mystère !

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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 11:55
Il est tard. Les yeux piquent, la tête penche, il faut partir !
Allez ! Partez ! Laissez moi me coucher ! Ma famille, mes amis, mes collègues, partez !
Peut-être vous retrouverai-je demain, après ce bon repos !

Le monde s'en va. Il s'en va dormir, lui aussi !
Mais le chien, au moins, il attend que je sois endormi pour veiller !
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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 07:53

Si j’entreprends de montrer la futilité des choses, des rêves et des actes, je doute déjà de l’utilité d’une telle entreprise, ressentie plus en réflexion perdue qu’en acte résolument impossible. Mais le désengagement me serait plus douloureux encore que l’engagement parfaitement inutile à la tache de décrire ce petit rien qui nous tient tellement à cœur et nous soutient en son cœur. Chacun a déjà posé la question à un proche : « qu’est-ce que tu as ? – Rien ! »

 

Chaque mot pourtant s’avère déjà inapproprié avant d’être choisi, en désespoir de cause, - comme le laisse souvent dire notre traître inconscient - d’être choisi dans la liste des incongruités à épeler. Tant pis ! C’est encore pire de décevoir que d’être déçu ! – Je ne sais pas pourquoi, d’ailleurs ! –

 

Il faut donc s’acharner, comme si c’était vivre, quitte à reconnaître la vanité de cette vie, ou, pareillement, la futilité des choses, malgré la fluidité des démonstrations. Il faut se battre pour donner à prendre, plus qu’à comprendre, que l’être humain n’est qu’une illusion, plus vite disparue qu’elle n’apparaît à la conscience. La saisir, en prendre conscience, ce n’est qu’une illusion. A la nommer « l’être humain », on lui dessine un contour, très flou au demeurant et peut-être à dessein, qui s’efface en un éclair à émietter ses sonorités jusqu’à en faire « lettre u main », ce qui souligne toute notre candeur à nous accrocher aux phonèmes pour tout expliciter jusqu’à l’illusoire indécence de l’illusion même.

Car, oui, elle témoigne de l’indécence, notre capacité à bâtir du sacré sur d’illusoires contours mal ébauchés, encore moins ébavurés. « L’être humain, c’est sacré ! » Hum ! L’autre peut-être, encore qu’il soit difficile de le définir sans tomber dans l’incommensurable bêtise de penser l’autre en se croyant soi ! Que l’autre soit, et je suis ! J’en doute !

Réflexion faite, et donc en soi totalement dépassée, l’animal précité serait bien le seul à se croire. Et qui plus est à se croire sacré !

Quelle pauvreté de l’esprit le prévient-elle de plutôt se voir tout prochainement et inéluctablement massacré ?

 

Insanité que cette paupérisation de l’esprit ! Insoutenable décrépitude de la pensée qui n’a de cesse de panser sa lèpre en s’accrochant à ses souvenirs illuminés du Siècle des Lumières dont il embaume les seuls rots qui témoignent encore de sa survie dans le noir absolu de son non-être persuasif. Il est beau son rot comme était beau son lavabo dont le succès chanté sur les toits donnait l’échelle de la dégénérescence du soi !

Et moi – qui sait ? - je me plais à balancer la démonstration au-delà de l’absurde pour m’ensevelir avec délectation dans la vanité de ces propos dont j’aurais, au moins, et sûrement ri ! Mais si ! Ri ! Assis !

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 21:53

Amis, ennemis, traîtres, fidèles, piquants, enragés, déchaînés, amoureux, savoureux, suaves, inutiles, impensables, utopiques, adorables, des mots, un train de mots, parti un jour d’on ne sait quelle gare pour on ne sait quelle destination ! Pourtant, pour chaque bavard qui se lance comme sur des rails à faire défiler les mots, gare à leur destination !

 

Certains se forment de la matière même de ce qu’il décrivent en piégeant un trait de caractère ou son inverse, je pense à mollet, et dans un transport hasardeux, ajoutent à un autre objet dont ils veulent parler ce même trait de caractère qui ne lui sied pas. Un mollet mou semblerait maladif autant qu’un œuf ne pourrait être mollet en même temps que dur. Si la ouate ne vous inspire pas la douceur et ne vous donne pas envie de vous en entourer, c’est peut-être vous qui êtes malades. (Ou bilingue ! Ce qui pose question ! What ? qui se prononce ouate !) A moins que vous n’ayez trouvé un jour, sur votre chemin, de la ouate dure, ce qui assurément peut se révéler traumatisant. Mais il en resterait une expression incisive : j’ai mordu la dure ouate ! Ce qui pourrait évoquer une chute violente et subite.

 

Train ! Un mot ami, utile à tout bout de champ, non pour le voir passer, mais plutôt pour s’y installer. Pourtant, s’il ralentit le temps qui file inéluctablement, c’est d’une main de fer, et la question se pose de ne point trop railler notre être sur son chemin, en train de fer, ou d’en faire trop, au train d’enfer. Le plus souvent quand se pose la question, nous sommes en train de ne rien faire justement ! Sinon prendre son temps en ayant évité soigneusement, mais tout à fait vainement, d’en perdre ! Et quel temps perdu, en train !

Je suis en train de réfléchir. Alors là ! Devant le miroir, on se demande qui parle ! Moi ou le miroir ? Et si on se le demande, c’est qu’il n’y a pas de réponse. La question est toujours posée quand la réponse n’existe pas. Quand elle existe, on ne pose pas de question. Tu parles ! Ca réfléchit, un miroir ! Même dans le train ! D’ailleurs il ne fait que ça ! Il nous réfléchit l’image d’un être en train de réfléchir dans le train ! Tu parles ! C’est vraiment du temps perdu !

 

Parle ! Un mot traître ! C’est souvent pour ne rien dire ! Comme le montre bien cet autre mot inventé ici pour résumer la situation. Parlementir ! Ils se reconnaîtront, nos élus, qui pensent sincèrement ne pas pratiquer la langue de bois ! D’ailleurs, bien rares sont les mots qui obligent à la même gymnastique de notre appareil vocal. Prononcer R suivi de L n’ai aisé ni pour ceux qui les roulent, (les R), ni pour ceux qui les griffent ou les raclent ou encore les rotent. (Nos amis africains évitent le problème en faisant des R des L ! Allète ton chal. Tu palles comme un noil !) Non, cette gymnastique nous est délicate, à tel point que les rares mots qui nous y obligent évoquent des petits bijoux de la nature, perle et merle, le dernier étant un héros de la dite gymnastique. Un autre mot encore nous égare par la diversité des coloris évoqués, arlequin, qu’un dernier vient ternir parce qu’il sait ternir tout ce dont il parle justement, c’est le parlementaire dont nous ne dirons rien de plus pour éviter d’avoir à parlementer. Tous, parmi nous ; ne savent pas parlementir !

 

Pour mettre un terme à la séquence, nous écrivons le mot fin qui invite par sa sonorité à une autre faim, comme pour éviter que tout s’arrête, tout le contraire de ce pourquoi nous l’apportons ici. Faim d’une autre séquence ! Pour celle-ci. Fin !

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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 23:24

Le second prix du concours me fut attribué pour ce poème à la Maison de l'Ecriture et de la Lecture de Marseille. Poème libre : dix mots pour dire demain, mots écrits en italique.

 

 

 

 

 

 

Bientôt se profile, alerte, en démesure d’inventions,
Le futur des nuées musicales.

 

Tel un conteur éthéré, le musicien saisit les visions colorées

De son intime ailleurs,

Pour déployer ses bras souples et ses longs doigts habités

                De mille capteurs discrets.

 

Il enlace l’espace en corps à corps, sous la harpe boréale

Qu’il griffe délicatement, en accords d’images et ondes tendres,

Puis il détend son visage à transformer les astres

En mélodies sensibles, d’un regard calme et profond.

 

Des lumières douces se rangent sur l’échelle du génome universel,

Ouverte sur une vie sans heurts ni désaccords.

S’y pressent en symphonies vibrantes le clic des comètes vivaces

Et le clac des planètes cendrées.

 

Au clair de terre ombrée, jointe au grand chœur des galaxies,

Chaque voix s’émeut à désirer tellement que toutes les vies

Deviennent compatibles au tout nouveau monde enchanté.

Chacune harmonise les éléments en unité pérenne.

 

Allèle, Séquence, et d’autres savourent un acide pour se désoxyder.

Ribode, et Nucléïdes, grandes solistes des nuées, lancent l’hymne au temps.

Le maître captivé, de ses longues mains frémissantes, module en inimitables sons

Le flamboyant orchestre de la fête sidérale.

 

Et l’échelle, échevelée, celle où s’agitent les jeunes étoiles, ballerines lumineuses

En colliers d’étincelles, de se recoiffer sur les bases rythmées

Du feu harmonieux d’un mambo d’artifices asymptotiques.

 

                        Stellaires brillent les cuivres. Galactiques tonnent les puissants cors.

                        Et sur les cordes filantes, on rêve les notes qui s’illuminent

                        Comme l’artiste s’allume dans son univers cosmique.

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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 21:09
    Je caresse le coussin de velours rouge qu'elle tient sur son ventre et le rouge semble avoir un effet sur elle sans que nous puissions en deviner les conséquences. Son parfum me fait rêver et nos mains se rejoignent sur un coin de velours. Une sensation de chaleur, de quiétude nous entoure. Ses bas soyeux glissent vers ses chevilles, une main, comme un petit reptile aura glissé sur sa peau rafraîchie, la mienne sûrement. Son accord tacite me surprend.
   
    Des ondulations simultanées attisent nos feux dans une sereine confiance, en progression lente. Je lui parle en chuchotements. "Comme ta peau est douce !"
   
    La pointe de ses seins s'érige sous le léger coton de son chemisier au moment ou je penche la tête vers son cou qui s'allonge sous mes baisers. Je respire intensément quand la jeune femme accélère le mouvement de ses doigts dans mes cheveux. Sur mon dos, ses caresses signent les invitations à notre rencontre, à notre ivresse, à notre offre. Je déboutonne  son chemisier en ayant soin de saisir l'acquiescement discret que libère son souffle embaumé et le gonflement de sa poitrine. Le coussin descend sur son bassin. Mes lèvres piétinent sur ses courbes envoûtantes et sautillent depuis le lobe de ses oreilles jusqu'aux mamelons dressés comme les sentinelles du jardin des trésors, du chemin des promesses.
   
    Humides de cette moiteur de l'amour, surprenante réaction qui marque l'ardeur d'une forte pression dans mes membres inférieurs, mes mains découvrent ses hanches. Mes bras font glisser le coussin. Je me mets à genoux pour reculer l'instant de ses investigations, pour augmenter ses désirs, pour les entendre et prendre la mesure de leur profondeur. Enveloppantes, entreprenantes, réchauffantes, mes mains accompagnent ses mouvements de sirène dans les ondes amples comme au fond d'un bleu outremer. Sa peau frissonne sous mes baisers. Ses doigts se dispersent sur ma nuque et les miens sur le bas de son ventre. Son buste se cambre et ses jambes se relâchent, invitant à l'extase dans le dessin d'une rencontre imminente. Ses longs cheveux flottent au delà des limites du sofa, son torse épouse les courbes de l'accoudoir, toutes les touches irrisent le velouté de sa peau. Son visage abandonne un sourir de béatitude.
   
    Je chuchote : "Enlace moi. Serre moi fort contre tes seins. Laisse tes jambes à l'ouverture de tes lèvres."
   
    Mes doigts se font insectes ou papillons qui butinent le miel de la fleur, légèrement, jusqu'à ce qu'elle s'épanouisse. Nos respirations se soutiennent de ce désir que nous sentons avancer sur la pointe des pieds. Mon érection souffle le chaud sur ses vapeurs iodées. Ses mains délicates m'entraînent vers le plus secret de son corps et nos murmures retenus deviennent comme des petites plaintes saccadées qui rythment la synchronisation de nos corps.

    Nous sommes enlacés à rouler sur la moquette et ses reins retrouvent le velours du coussin qui ajoute à cette cambrure sublime la force rouge de son abandon.
   
    La belle s'épanouit sous les mouvements appuyés de mes reins, les yeux perdus dans un ciel mystérieux. Nos membres s'embrasent et se consument dans l'étreinte de toutes les amplitudes.
   
    Envolée, noyade, jaillissement de l'inspiration et du souffle rauque de l'extase. Ses bras me serrent encore. Son étreinte me bouleverse. Ses ongles me lacèrent. Même Eros s'étonnerait de notre frénésie soutenue, s'arrêterait pour nous encourager.

    J'ai cru entendre ma compagne : "encore, encore !" Mais je doute de moi et me persuade : "encore, encore !" et je tombe à la renverse, exténué, cherchant ma respiration entre deux spasmes de bonheur.
   
    Les peaux semblent dialoguer dans la chaleur et les soubresauts. Entre ses seins, son coeur bat comme un tambour joyeux. Ses lèvres tremblent sous le bout de mes doigts aimantés. L'effleurement l'envahit. L'amour serre encore ses cuisses sur mes chairs émues.
   
    Elle se relâche maintenant sur mon corps et j'aime à sentir  l'odeur de son amour. Nos jambes se remercient dans un entrelacs dansé. Ses baisers hérissent mes poils et son doux regard me dit les "je t'aime" que nous ne disons pas.

    Je garde tout, même le coussin rouge. Oui ! Je garde tout !
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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 07:16

Pour la première fois, ils l’ont fait alors qu’ils l’avaient dit. Ils sont devant. Aurope galope ! Finis les autres durs à cuire, en trop ! A nous le cuir de la selle !

L’humilité n’est pas ce qui caractérise les conservateurs assoiffés dont la politique alimente pourtant la source en liquidités de nos déboires actuels. Le porte-voix de la propagande dominante l’a surligné, sur l’antenne popublique, selon les directives impératives du haut de la pyramide gouvernante : « ceux qui ont parlé d’Aurope ont gagné, ceux qui n’ont pas parlé d’Aurope ont perdu », radieux et proférant avec modestie les encouragements à poursuivre tous ensemble, dans le même sens et d’un même pas. Celui qu’a dansé bien avant lui, il y a bientôt soixante dix ans, le fameux père de la nation qui engageait les enfants dans la collaboration ! (Mais un porte-voix modeste ne ferait-il pas mégaphone en panne !)

Chez les conservateurs, on ne change pas le rythme du pas qui gagne. Et c’est d’une voix à l’unisson qu’on marche au pas cadencé, célébrant le travail, militaire, l’engagement, armé, la prestance, uniforme, le courage, financier, l’audace, vindicative, et la persévérance, langagière, du grand rassembleur dont l’ouverture et les réformes ne cessent de donner au peuple le sentiment de sécurité qu’il est en droit de réclamer. Je crains qu’il ne le réclame encore et encore, dans les jours qui viennent, où justesse sociale s’arrachera au combat de rue, en ambiance agitée de déstructuration généralisée des règles du partage !

Le calcul approximatif de la représentativité des conservateurs annonce que moins de dix personnes sur cent (10%) leur ont donné la voix dont ils se gaussent. Nous serons donc manœuvrés par une majorité que bien peu de gens soutiennent. Comment s’étonner alors des mouvements sociaux de contestation et de réclamation ? Il n’y a d’ailleurs que les élus pour s’en étonner. Celui qui est licencié injustement, lui, s’étonne justement de l’étonnement des élus.

Moi, ce qui m’étonne, c’est d’avoir vu à la télé des verts luisants, brillants, éclatants même ! Ne le regrettons pas ! Quand le vert sort de terre, c’est que l’humide emplit l’air. Et l’écologie fait recette parce qu’il est évident pour tous que la planète se rétrécit, que les ressources fossiles diminuent alors qu’il pourrait en être autrement et que les faux cils augmentent, tailles et prix, pour camoufler les pleurs de Marianne, humiliée.

Ils ne devraient luire que dans le cas de l’obtention d’un consensus largement majoritaire. Mais ! Parce qu’il y a un mais ! Virer de compromissions à petites alliances, signer le traité de Lisbonne en désespoir de cause, vouloir à tout prix faire de la politique selon les bonnes et vieilles méthodes en toute vigueur, avec l’espoir que l’écologie relancera la croissance, (principe contestable), tout en donnant la permission abjecte aux puissances financières d’instrumentaliser le concept même d’économie durable, c’est se saborder lentement, malgré le record de voix, jusqu’à laisser la place écologique aux nantis pour lesquels on travaille. Leur mâcher le travail, c’est leur préparer le lubri-compost dont ils tireront profit. Allez les vers ! Mâchons d’un même pas ! « Gauche ! Gauche ! Gauche ! … »

(Une question ! Pourquoi les verts ont-ils conquis les voix déçues ? Ces dernières, lasses du rouge de la colère se mettent au vert pour un temps ! Repos bien mérité ! Au rouge on bloque, au vert on passe !)                        

Il n’y a que le petit facteur qui ose encore dire simplement que doivent cesser les privilèges exorbitants, honteux, scandaleux, tout ce que vous voulez ou boudez ! Non ! Je ne suis pas juste, la gauche gauche aussi, ose le dire !

J’ai donné ma voix à celui qui parle le plus simplement. Je comprends tout ce qu’il dit, le facteur. Et c’est plus facile de le suivre que la gauche maladroite qui ne sait comment défaire alliance et louer carrosse commun pour covoiturage momentané. PC pour conclure et PG pour garer ! On ne sait qui conduit ! Heureusement il y a PS,  pour stopper, ou pour survivre dans la plus grande marmelade. Ils sont à fond, au fond, dans la remise en cause des causes mêmes de la remise en question. Aurope en rit ! Un grand front commun aurait changé son visage ! Les fossiles seraient même tombés ! On rêve !

Chaque révolution se basait sur la destruction des privilèges. Et même les révolutions douces, voire rose ou œillet. Ce que je souhaite, c’est la coalition des révolutionnaires. En premier, s’approprier les médias, les moyens de propagande pour ceux qui s’accrochent au pouvoir, en second, annuler toutes les dettes de l’état qui ne sont que des moyens de détourner le bien public au profit de quelques particuliers du privé qui profitent. (Ce n’est qu’une de leurs méthodes !) Après ? On verra ! Il est tard !

Une dernière chose ! Pourquoi tant d’abstentionnistes ? On a beau dire, on a beau faire ! Aller voter pour un enfer, ça ne vaut pas Sanary-Sur-Mer ! Tout compte défait, l’abstention c’est la grande gagnante ! La cerise sur le gâchis ! Il faut croire qu’Aurope est encore trop complexe, de toute part, et que l’effort individuel du quidam de bonne foi ne sert à rien, de toute autre part. « Ne font-ils pas ce qu’ils veulent, là-haut ? » N’allez pas dire qu’Aurope n’intéresse pas ! Bien au contraire, Aurope désintéresse, en ce sens que chacun y perd ses intérêts. Ah ! L’amante exigeante !

Rien ne va plus ! Les jeux sont faits ! Le pâtre crie au loup ! Le laitier craint pour ses pis, le céréalier pour l’épi ! Le pêcheur ne pèche plus (diable !), le légumier s’agrume et le fruitier s’en grappe ! Le viticole rosit et le facteur même doit encore pédaler ! On le voit, les actions se multiplient ! Rien ne va plus, la roue tourne ! Toujours pourtant dans le sens des aiguilles du monstre ! Le fric !

 

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4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 13:47

Du haut de la falaise, deux gamins rappeurs en herbe défient leur peur en fixant les rochers sur lesquels se jettent de lourdes vagues. Ils restent les yeux fixés sur le scintillement des galets mouillés. Ils ont mal. Le froid les envahit par les pieds. Ils ont l’impression de pénétrer la terre, leurs racines s’allongent sous la lande. Ils auront de belles sensations à chanter.

Ils ont parié qu’ils pourraient s’immobiliser jusqu’à la tombée du jour, face à la brise glaciale qui vient du large. Mais, déjà, sans rien dire, les yeux piquants de douleur, ils se rassurent en cherchant le contact. Fiers et engagés, ils cèdent à nouer les deux bras voisins et ne font plus qu’une seule forme immobilisée, transie, affrontant les flèches glacées et acérées de la maudite brise du Nord. Ils ne peuvent plus bouger la tête. Ils sentent bien que toute tentative d’oser un mouvement leur serait si douloureux que leur défi vacillerait. Jamais ils n’ont eu si froid et leurs jambes leur donnent cette sensation effrayante de saigner partout sous les morsures de ronces qui se vrillent et s’accrochent dans leur peau comme mille aiguilles hameçonnées sous la toile de leurs jeans. Ils se serrent très fort pour s’interdire de trembler et gardent encore les yeux ouverts cherchant les galets qu’ils ne voient déjà plus.

L’autre main est dans la poche et pourtant elle semble tenir un bouquet d’épines voraces que leur présentent des lianes buissonneuses. La lande est dure, gelée, muette, arrêtée, sauf le sifflement régulier du sale vent qui souffle et lamine le plateau. La lande mange leurs pieds qui ne sentent plus rien depuis un moment. Ils forment une statue de marbre. Les larmes seules et les clignements d’œil, de plus en plus rares, signalent au monde absent qu’une vie anime encore ces jeunes corps. Le cœur peut-être aussi qui a bien ralenti ! Ils ne voient plus le jour et ne se sont même pas rendu compte que la nuit avait déposée sa couverture glaçante.

Ils ne respirent plus. La statue se penche légèrement vers la falaise. Les yeux sont fermés depuis peu. Les larmes ont gelé. Les cœurs battent de quelques coups agonisants. Encore tiède, le bloc de glace roule vers le vide. Les chaussures restent colées sur la terre, un bonnet trébuche sur la lande impassible. Ils serviront d’indices pour les recherches ! La falaise et le vent ont eu raison de nos petits rappeurs en herbe, par un jour très froid. Ils ont gagné leur pari, mais ils ont perdu leur vie.


Dans la cour des grandes barres, nos deux chanteurs débutants défient le public en fixant le haut des balcons où s’étonnent les têtes amusées des petits vieux.

Leur texte a glacé l’auditoire. Les applaudissements leur donnent chaud. Et cette fois, ils sont cloués, non par le froid, mais par les encouragements.

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4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 03:45
Ma fille avait quinze ans. Sa dernière lettre fut préservée avec soins par mon frère Jean dans la campagne duquel je l'avais envoyée. Je la croyais plus en sécurité !




Cher père, chère mère, aujourd'hui, le 6 Mai 1942, je suis dans une situation terrible et je vous écris pour me rassurer. La petite maison de Tonton Jean et de Tante Josette se trouve au milieu d'une campagne maintenant dévastée. Hier encore, j'avais pu l'admirer sans savoir que ce serait le dernier jour. Les avions ont tout bombardé, tôt, ce matin. Et nous qui pensions que cette campagne serait épargnée.

Les bombes ont ouvert la terre sans discernement. Tout n'est que désolation. J'ai regardé par la fenêtre et n'ai plus vu un seul arbre debout. Toute la rangée de peupliers qui bordait la route est allongée dans un grand désordre et la route est elle-même coupée par un cratère. Le courant est aussi coupé. Mais il est dix heures, et j'y vois assez malgré le ciel assombri. L'oncle et la tante sont dehors pour barricader les animaux dans la grange. Nous avons encore la chance d'avoir deux bâtiments presque intactes. Presque parce que la pièce tout au Nord, la chambre d'amis que vous occupiez lors de votre dernière visite, a reçu un obus qui a ouvert le mur.
J'ai peur. J'entends les avions. Le tsf indiquait que les bombardement ont fait des dégâts énormes dans la région.
J'ai peur. Peut-être que cette lettre sera la dernière ! Je ne comprends pas pourquoi on fait la guerre. J'espère que vous êtes encore en vie sur les bords de la Marne et je vous envoie des baisers pour vous dire que je vous aime avant qu'il ne soit trop tard.

Là, un fracas énorme vient de pas loin. Les murs ont tremblés et je vois par la fenêtre un gros nuage de poussière. Peut-être que les voisins, de l'autre côté de la route ont reçu la bombe. Je voudrais sortir pour aider l'oncle Jean mais je veux finir cette lettre que quelqu'un, plus tard, vous fera parvenir. Le facteur ne passera sûrement pas. La grange ! Mon Dieu ! Tout est par terre ! Le ciel est tombé ! Le petit vent souffre l'épaisse fumée opaque vers le Nord. Pourvu que l'Oncle et la Tante ne soient pas ensevelis !
Maman, les hommes sont-ils fous ? Pourquoi tout détruire ?

Aïe ! Encore une bombe ! Sur la route ! Je ne voudrais pas rester là. Mais c'est trop tard pour sortir. Je suis prisonnière d'un enfer qui se referme sur moi. J'ai l'impression que les avions sont plus nombreux  Ca tombe de partout ! Là ! La moitié de la maison est descendue. Je ne peux pas bien respirer. Je me mets sous la table et je vais continuer à écrire malgré la peur pour que tout le monde sache. Vous, en premier ! La table est très épaisse, Vous savez, c'est l'émorme table en chêne de la cuisine, avec quatres pieds solides. C'est Tonton qui l'avait faite. Tonton que j'aime. Il n'est pas là. Ils ne sont pas rentrés. Je suis seul avec ma peur, a genoux, avec une serviette  sur le nez pour respirer. Mais la poussière commence à me dessécher la bouche. Mes narines sont bouchées, Je me mouche avec difficulté, et c'est comme du plâtre.
J'ai pensé à mettre une bassine d'eau à côté de moi et une grand seau. Je suis obligée de m'essuyer le visage. Ne faites pas attention s'il y a des taches sur la papier. Maman, comme je voudrais être avec toi. Tu me donnerais du courage ! Mais qui sait ? Vous êtes peut-être bombardés à Joinville ? Et Papa ? Peut-il encore faire sa menuiserie dans l'atelier ?

Je n'en peux plus. Le plafond s'est effondré sur la table. Elle résiste encore, mais sur trois pieds. Les vitres ont explosé. L'eau coule de partout. Mes réserves sont renversées. Je suis trempée. La poussière me brûle les poumons. Je respire encore un peu en mettant ma jupe sur le nez. Elle est moins épaisse que la serviette. Ca filtre. Mais je ne pourrai pas tenir longtemps. Les bombardiers continuent le massacre. Je vais devenir folle ! Mes yeux se collent. Je me passe la serviette trempée sur le visage. Il doit être dans un état ! J'écris difficilement. J'ai du papier et je peux mettre encore des mots.

Boum ! Encore une ! La poutre est tombée. La table pèse une tonne. A quatre pates, j'ai tout le poids sur les reins. Quelque chose écrase mes mollets. Je ne peux plus bouger les chevilles. Je ne sens plus mes pieds. Du sang se mêle à l'eau. Je peux encore mettre une feuille sur un bout de bois pour qu'elle ne se trempe pas.
Je n'entends plus les avions. Ca pèse. Je crois que quelqu'un vient. Des pas !

- Il y a une jeune fille la dessous. Coupez la poutre... A la hache, tant pis... Vous n'avez pas de passe-partout ?
- Non ! Il est sous les décombres de la grange. Vite ! Taillez ! Calez ici pour que les coups ne lui soient pas fatales !

Je reconnais la voix de l'Oncle. Il sait que j'aurai eu l'idée de me glisser sous la table. On en avait parlé.
Que cette lettre puisse vous parvenir ! Je n'en peux plus.
Qu'il n'y ait plus jamais la guerre !
J'étouffe.
Des pierres tombent tout autour. Des tuiles. Des chevrons. Papa m'avait bien expliqué.
Je crie.

- Je suis là !

J'étouffe.
J'arrive de plus en plus mal à respirer.
J'ai mal dans tout le bassin.
Mes fémurs résistent encore.
Mais je crois que je perds beaucoup de sang.
Ca cogne.
Ils font ce qu'ils peuvent !
Baisers.
Baisers.
Je vous aime.



Baisers.__________________________________________________________________________
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3 juin 2009 3 03 /06 /juin /2009 23:32
Joli cœur !
Je l'avais sur la main,
Je te l'ai donné,
Tu l'as pris !
Tu as tout pris,
Tu es partie !
Mon cœur !
A rire je ne l'ai plus,
Mais plutôt à mourir,
Tel écœuré je suis.

Cœur de pierre me suis fait.
Vaines tes railleries,
Futiles tes discours !
Si tu veux, à cœur perdu,
Me reprendre la main,
Sache, dame, que plus rien n'y fera,
Qu'il est fini, le temps du cœur,
Et que ma main, posée dessus,
Ne bougera plus, ne bougera jamais plus !

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