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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 22:22
Il est juste à côté. Nous ne pourrons plus le voir. Les bâtisseurs à la faux ont scellé le mur qui nous sépare. Mais déjà, depuis longtemps, mille et une rancoeur nous avait éloignés l'un de l'autre. Dommage ! Peut-être aurions-nous été enrichis de ces échanges à jamais perdus ! Mais il avait toujours raison, et je n'aimais pas avoir tord. Ou l'inverse ! J'avais toujours raison et il n'aimait pas avoir tord. Y a-t-il lieu de savoir s'il faut avoir raison ou tord ? Je dirais oui ! De peur de se laisser traiter de mièvre ou de fallot. Je dirais non ! Car tout l'humain est subjectif et son langage même le piège dans les filets de l'inobjectivité.
Ne nous étonnons plus que se dressent dans le XXI° siècle les plus grands murs de la honte qui n'aient jamais été dressés. (La muraille de Chine ! C'est bien différent !) Ces murs-là, du Moyen Orient ou d'Amérique du Nord, témoignent de l'intransigeance de l'être humain et de leur complicité active avec les bâtisseurs à la faux. La mort est là bien avant que l'humain ne s'en aperçoive ! Construire un tel mur, c'est déjà enterrer l'autre, vivant. De chacune des morts il sera tenu compte, sur le grand cahier des réglements. Et là ! Il est probable que l'occident perde de sa superbe et plie sous le poids de sa propre arrogance.

Ces murs cachent mal la honte des criminels qui asservissent l'autre jusqu'à l'enterrer vivant.
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7 juillet 2009 2 07 /07 /juillet /2009 08:04
    - « Le masque horrible de cette femme s’éclatait à me faire peur » dit la jeune fille feignant  de sourire sans parvenir à masquer son angoisse, tressautant à chaque apparition des images dont elle fut témoin pendant le constat policier. Le préposé à la frappe cru bon de noter sur la déposition que la demoiselle jouait sur les mots.

Elle n’aurait jamais pu imaginer que de tels actes pouvaient avoir lieu dans un quartier aussi huppé de la ville. Pourtant, son frère aîné lui offrait souvent et depuis longtemps des spectacles d’horreur en louant des films terrifiants qu’il visionnait dans sa chambre transformée en home-vidéo, avec écran géant et super sono.

Sa nuit s’était normalement déroulée mais le cri dont elle se souvient la réveilla bien plus tôt que d’habitude, vers neuf heures, confiera-t-elle. Le policier, surpris par cette notion du temps reprend :

- « vers neuf heures ? 

- Oui, vous semblez surpris ! Quelque chose ne va pas ?

- Non, attendez ! Ici, c’est moi qui pose les questions et je ne vous conseille pas le faux témoignage parce que vous encourez la prison ferme ! » L’inspecteur adoptait un ton volontairement pesé mais tout en même temps paternel.

 

    Ils lui font reprendre toute l’histoire de ce réveil, pour vérifier qu’elle ne ment pas. La jeune fille dit alors s’être couchée tard, vers une heure trente, et avoir été réveillée très tôt, vers neuf heures.

- « Mais ! C’est tard ! dit l’inspecteur.

- Non, c’est trop tôt ! Ca déchire ! Je me lève d’habitude autour de midi ! a-t-elle repris, et, poursuivant : ce matin là, personne n’a voulu se lever… Ah !… Oui !… Il faut dire que j’étais seule dans la maison. Mais je pensais que les voisins se seraient précipités… Mais !… Non !… Pas même leur chien !… Trop con ce chien ! 

- Ce n’est pas drôle ! Mademoiselle ! dit l’inspecteur en faisant semblant de hausser le ton. On aurait dit qu’il souriait sous cape. Vous n’avez pas bronché ! Moi, ce que j’ai vu sur la scène du crime c’est un visage déchiqueté. Et vous, vous étiez dans votre lit bien tranquille ! Pourtant ce cri ! Il vous a bien réveillée ! Très tôt ! 

- Oui ! Mais c’est tellement souvent que la voisine pousse de tels cris. Son époux, ou plutôt son mâle, la massacre régulièrement. Mais je crois que cette fois, il y avait un petit  plus !… Le chien, son chien à lui, il aboyait différemment. Là, c’était inhabituel !… D’habitude, il semble les accompagner dans leur bagarre comme s’il jouait avec eux. Mais là, je crois que la voisine avait du s’échapper du jardin. Probablement, elle avait déjà passé le portillon. Le chien, il est joueur dans son enclos, mais il ne sort jamais. Elle a du se faire manger par un autobus !… Non !… Là ! Je vous raconte tout ce qui me passe par la tête, mais c’est des conneries ! Je n’en sais rien ! Après tout ! J’étais au lit et je m’étais couchée tard. J’avais bien dormi et somnolais encore volontiers. A votre arrivée, sur le coup de midi, rien n’a changé ! 

- Mais qu’est-ce que vous voulez dire ? Je ne comprends rien, s’étonne l’inspecteur.

- Ben ! J’ai même pas eu le temps de prendre un café ! Alors j’ai toujours envie de somnoler ! Vous êtes arrivés et hop ! Vous m’avez cueillie au saut du lit ! Et moi !…Sans café !… 

- Bon, ça suffit ! Vous avez vu dans quel état elle est, la victime ? Avec une main sur le bas du ventre, ça n’explique pas qu’elle ait eu envie de fuir ! Elle aurait plutôt pris des coups ! Vous n’avez rien entendu en plus de ses cris ? Le ton de l’inspecteur s’est fait plus confidentiel.

- Si ! J’ai entendu son mari partir en bécane. Il tire toujours à fond sur les manettes. Je reconnais le bruit de sa Honda. Quatre cylindres, quatre temps, une mille, en centimètre cube ! C’est lui qui m’a tout appris ! soupire la jeune fille en croisant les bras.

- Vous le connaissez bien ? s’étonne le policier.

- Oui ! répond-elle. Quand il boit, et c’est très souvent qu’il boit au goulot quand sa femme n’est pas là, il s’amuse à rouler sa langue comme s’il voulait rouler une pelle !… Oh ! Pardon !… On ne dit pas ça ! N’est-ce pas !… 

- Et ! A qui voudrait-il rouler la chose comme vous dites, quand sa femme n’est pas là ? demande l’inspecteur qui craint le pire.

- Ben ! Je ne sais pas !… Moi, j’en voudrais pas !…D’ailleurs, je ne sais pas ce que je fous chez lui quand elle n’est pas là !… Ah !… Si !… Son café, il est vachement bon ! »

C’est à ce moment précis qu’elle a sorti son petit carnet coincé dans la poche serrée à l’arrière de son jeans moulant, en arrachant les pressions.

Elle le jeta sur le bureau en lui faisant signe qu’il apprendrait des choses bien salées en accompagnant ces mots de la main, par les gestes qui vont avec. Ensuite, elle s’est croisé les bras sous la poitrine qu’elle souleva légèrement pour égayer les yeux de l’inspecteur qui avait tendance à les laisser tomber.

- « J’ai l’impression que vous vous endormez, Môsieur l’inspecteur ! 

- Non ! Non ! s’ébroua-t-il en visant le décolleté survolté. Mais je cherche à comprendre !… Enfin !… Je ne sais plus !… Continuez ! 

- Continuer à quoi ? dit-elle en redressant le dos et serrant un peu plus ses bras croisés. Vous voulez que je mime les scènes que je décris avec délice dans ce petit carnet ? »

Elle se jette sur le bureau pour écraser le carnet que l’homme allait ouvrir. « Et puis non ! Non !… Je ne veux pas que vous le lisiez !… C’est personnel !… D’accord, j’ai des relations avec ce gros porc de voisin. C’est lui qui m’a tout appris quand elle n’est pas là ! D’ailleurs, elle n’est jamais là parce qu’elle doit subvenir au besoin du ménage. »

 

    Tous les deux, l’inspecteur et la jeune fille ont repris leur place assise sans mot dire.

 

    - « Vous les avez déjà vu se battre dans le jardin ? pose l’enquêteur.

- Oui ! Aussi souvent qu’il boit !… Tous les jours !… »

Elle courbe son corps en arrière comme pour manifester son soulagement d’avoir lancé une vérité décisive. Les mains sous ses cuisses, elle se baisse maintenant vers le bureau pour dire encore un secret à l’inspecteur.

- « Je m’en fous d’elle ! Je n’attends de lui qu’une chose,  le plaisir. Mais leurs histoires, laissez tomber !… C’est pas de ma faute si elle est dans cet état !... »

 

    L’inspecteur fait un tour sur sa chaise pivotante.

- «  Mais c’est pas trop tard pour constater les dégâts ? avance-t-il comme s’il ne savait par quel bout reprendre.

- Quels dégâts ? s’étonne Léa.
- Les dégâts que vous avez fait dans ce couple ! c’est à ça que je pense, dit-il.  Bon, reprenons plus simplement ! » coupe-t-il pour avancer dans son enquête. Le cas de cette jeune fille commence à l’intéresser mais il faut le mettre de côté en ce moment. Il se promet d’y revenir plus tard, ne serait-ce que pour ne pas faire partie de ceux qui s’en foutent.

- « Pendant trois nuits, vous êtes sortie plus tard. Mais tu permets que je te tutoie, Léa ?  A la quatrième nuit tu rentres un peu plus tôt et tu dors bien. Mais tu es réveillée par ce cri affreux et tu laisses tomber en te disant que c’est encore ta voisine. Pourtant, le chien ne fait pas comme d’habitude. C’est un détail important…Tu dis que tu es réveillée trop tôt, à neuf heures, par ce cri effrayant…"

- Effrayant ! Je n’ai pas dit effrayant ! Non, j’ai dit inhabituel !… Surtout le chien !… Quand ils se battent, jusque sur la pelouse qui se trouve sous mes fenêtres, le chien paraît jouer avec eux en aboyant comme pour les exciter. Il ne se doute pas qu’ils ont oublié de jouer depuis longtemps, sinon comment accepterait-il que son maître se fasse attaquer ? Un chien dressé n’a qu’un seul maître.

- Et ce chien, il aboyait comment cette nuit-là ? 

- Eh ! Bien ! J’avais l’impression qu’il grognait en voulant manger une proie, juste comme avec son vieux ballon pourri dans un de ses jeux favoris. Il gesticule dans tous les sens jusqu’à le déchiqueter. Même le maître n’arrive plus à l’arrêter dans ces cas-là. » En parlant, Léa recolle ce petit pansement qui n’adhère plus trop à son bras gauche.

- « Ne me dis pas que c’est le chien qui t’aurait mordue ! Une idée comme ça qui me passe par la tête !… 

- Si ! Justement ! Hier soir, en rentrant, le chien m’a montré les dents. C’est parce qu’il était dehors sur la chaussée. Je l’ai appelé : Jocko ! Il me connaît bien ! Jocko ! Qu’est-ce que tu fais dehors ? Je ne le caresse jamais. C’est la brute qui me l’a interdit !… Il était là puisque j’ai sonné pour qu’il ouvre le portillon. C’est à ce moment précis que le chien a sauté sur mon bras. Je ne m’y attendais pas. Mais rien de grave…

- Le bouton de sonnette, il est où ? L’inspecteur n’en avait pas vu.

- Il est sur le muret à droite du portillon. 

- Et tu sonnes en appuyant dessus avec ton bras gauche ? s’étonne-t-il en flairant un détail impossible.

- Oui ! Vous feriez pareil ! Le bouton est à l’intérieur, dans le jardin. Il faut le connaître pour sonner. Bien peu de gens s’y aventurent d’ailleurs à cause du chien. C’est un Rottweiler énorme. Un vrai monstre. Elle croise les bras.

- Quand nous étions sur les lieux, toute à l’heure, une voisine criait depuis son portail. « Menteur ! Menteur ! Vous inventez tout ! » J’avais l’impression qu’elle s’adressait au voisin. Tu en penses quoi, toi qui connais le quartier ?  sympathise le policier.

- Elle voulait lui dire que l’accident, c’est du pipeau, parce que c’est lui qui l’aurait tuée. Mais on n’en sait rien. Après tout, s’il n’y a pas de témoin ! Moi, je dirais que c’est le chien qui l’a déchiquetée. A voir son visage !… » A ce moment là, la jeune fille laisse paraître un visage triste. Il blanchit tout à coup quand elle revoit ce visage dont elle a vite détourné les yeux. Elle va tout dire.

 

- « Je l’ai entendu crier à son chien : attaque ! Jocko, attaque ! Attaque ! Et comme Jocko n’attaque jamais dans le jardin parce qu’il est dressé pour y garder les gens immobiles jusqu’à l’arrivée du maître, il fallait que la scène se déroule dehors, sur la chaussée. Ce salaud avait du faire sortir sa femme pour que son chien l’attaque. Elle a eu juste le temps de crier une seule fois Jocko, en désespoir de cause, mais c’était trop tard. Quand il a sauté, c’est fini. Il ne lâche jamais sa proie. 

- Tu as tout vu alors ! Et pourquoi nous l’avoir caché jusque là ? Gueule-t-il.  Tu te sens coupable ? Tu veux protéger le mec ?… Depuis ta fenêtre, tu vois tout ! Si ça se trouve, tu t’es régalée parce que tu ne l’aimes pas, cette femme ! »

Léa le coupe.

- « C’est pas vrai ! C’est pas vrai ! » Léa croise encore ses bras et anime la fraîcheur de son décolleté, lequel accapare les yeux du policier. Il se calme.

- « C’est un salaud, un ivrogne, un pervers, un manipulateur de première. Je la plains. C’est une victime, comme moi. Je suis victime de ses chantages. Il m’a entraînée dans des trucs pas possibles et il me menace de tout dire à mes parents s’il doit un jour se plaindre de moi. Si je fais pas ce qu’il veut, quoi ! 

- Je vois que tu es rudement bien habillée. Montre Cartier, chemisier Cardin, il te gâtait ! constate l’inspecteur qui ne la prend pas tout à fait en pitié. Il poursuit : tu as vu que le chien l’a déchiquetée. Le médecin légiste confirmera ton témoignage. Il faudra que tu racontes tout ce que tu as vu en soulevant les rideaux. Mais il te faudra aussi expliquer au juge pourquoi tu n’a pas prévenu la police. Ce sera à toi de montrer combien le voisin te fait peur au point de ne rien oser dire. Mais heureusement que tu te lâches maintenant. »

 

    Léa ferme les yeux et revoit cet infâme bonhomme dans un se ses rictus favoris. Elle laisse échapper une grosse larme, puis un long sanglot, puis, les mains sur le visage, elle s’effondre. Dans ses gémissements, elle avoue s’être laissée entraînée dans des situations sordides dont elle a honte, se reprochant sans cesse d’accepter qu’il la paye. Elle dit s’abaisser de plus en plus à ses propres yeux au point de penser qu’elle ne mérite pas autre chose que de se laisser détruire par cet ignoble individu. Elle se sent un peu libérée d’eux, de tous les deux qui abusaient volontiers d’elle quand ils ne s’engueulaient pas. Elle avoue que la collection de DVD renseignerait bien l’inspecteur, en le prévenant de l’horreur des perversions qu’il y trouverait.

    Après quelques longues respirations, Léa boutonne un peu plus haut son chemisier et se sent plus légère d’avoir déchargé toute cette marchandise nauséabonde. Il lui reste tout de même à confier l’essentiel à l’inspecteur qui lui paraît tout disposé à l’écouter pour terminer l’interrogatoire.

- « Il faut que je vous dise… Mes parents sont des parents adoptifs… Je l’ai su par un vague cousin venu un jour d’on ne sait où. J’avais dix ans quand il m’a tout dit. Dans le tas, je n’avais retenu que ça : je suis adoptée et mon frère aussi. J’ai toujours eu l’impression que mes vrais parents étaient comme ces voisins, des gens bizarres dont les mœurs douteuses avaient eu pour conséquence deux enfants qu’il n’aurait pas fallu garder…J’espère que votre enquête ne dira pas que ce sont mes vrais géniteurs ! »

 

    Léa pleure en craignant que le pire ne soit pas encore arrivé.

 

 

 

 

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2 juillet 2009 4 02 /07 /juillet /2009 10:58

Grosse colère
Pour deux ou trois mots de trop
Chante tourterelle

Tension visible
Dans ce long corps bousculé
Vole sauterelle

Mots étouffés
Circulation sous pression
Garde sentinelle

L'odeur d'un jasmin
Calme les esprits
Vagues éternelles

Sourire d'été
Lumière aux yeux des enfants
Passe l'hirondelle

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 08:14

 

 

 

 

Acte unique. Scène 1

 

 

La mère et la fille sont accroupies dans la chambre en désordre. Elle rangent lentement tout en se regardant tendrement.

 

Ma petite fille jolie, au commencement, il n’y avait rien. Tout oscillait d’un vaste néant aux fureurs soudaines d’un chaos indescriptible. Mais, doucement, la parole commençait parfois à murmurer dans les nuées. Puis, douce et séduisante, elle chantait quelques mots pour organiser la vie.

 

Mais, Maman, c’était qui, la parole ?

 

Tu poses là une question que toutes les petites filles ont posée, même moi, quand j’avais sept ans, comme toi. Et la question n’a pas de réponse. Seuls les hommes lui inventent une réponse qu’ils appellent la mythologie ou encore la genèse. Ils prétendent que la création du monde s’est faite en sept jours afin de prendre un repos le huitième jour. Mais rares sont les femmes qui se reposent aussi le huitième jour. Tout ce qu’il faut savoir, c’est que la parole était douce et aimante comme la parole d’une femme.

 

Maman, c’est pareil quand tu me parlais, quand j’étais petite ?

 

Un petit peu ! Mais au début, il n’y avait rien. Et ce que souhaitait la parole, c’était que la vie puisse aménager tout ce rien qui faisait désordre. Un désordre où personne ne s’y retrouve !

 

Alors ! C’et pareil quand tu me dis de ranger ma chambre parce que ça fait désordre. Et même, tu dis souvent : range ta chambre parce que ça ne ressemble à rien ! Parfois, je te demande de répéter comme si je n’avais pas entendu. Et là ! Tu dis : Non, Non, rien ! Mais je sais que tu sais que je l’ai bien entendu !

 

Oh !  Ma fille ! C’est compliqué ! Mais à quoi servirait la parole si rien ne l’entendait ?

 

Pourtant, tu as dit qu’il n’y avait rien ! Mais on entendait tout de même la parole ?

 

Ma petite fille que j’aime, je t’aimais avant ta naissance. Au début, tu n’étais pas là. Tu n’étais que le désir d’une femme qui voulait te donner la vie, et je te parlais déjà, sachant que ma parole était entendue. Avec toutes les paillettes que le médecin m’a montrées à l’hôpital, je n’avais que l’embarras du choix. Tu n’étais pas encore là et pourtant je t’ai parlé en voulant que tu aies le teint mat et les yeux clairs. J’ai parlé, et un jour tu es née.

 

Et, au tout début, c’était comme ça, il y avait des paillettes ?

 

Bien sûr ! Mais on n’appelait pas ça des paillettes. 9a ressemblait plutôt à des baguettes magiques. Et la parole en faisait ce qu’elle voulait, gentille et douce… Tu sais, il n’y a qu’une déesse pour avoir inventé une si belle vie et l’avoir si bien organisée. Toi aussi, tu seras femme et quand tu donneras la vie à des enfants, tu comprendras mieux ce que je te dis.

 

Moi, quand j’aurais des enfants, je ferais comme la voix, avec les baguettes magiques, ou plutôt les paillettes, je serais pleine d’imagination pour leur créer un monde merveilleux, bien organisé et aucun ne pourra dire que ça ne ressemble à rien !

 

Pourquoi me dis-tu ça ? Quelqu’un te l’a-t-il déjà dit ?

 

Oui ! Papa ! En regardant mes collages sur la boite de Camember, il a dit : ça ne ressemble à rien !

 

Eh bien ! Tu peux en être fière ! C’est seulement les hommes qui imaginent des choses soi-disant nouvelles, mais qui ressemblent à tout ce qu’il y avait avant. Il disent même qu’ils ont réformé les choses et certains vont jusqu’à prétendre qu’ils pratiquent la rupture… Pourtant la Déesse, au tout début, elle a tout inventé, et même ce qui n’existait pas.

 

Toi, Maman, tu m’as inventée avec des paillettes. Après, tu m’as mise au chaud dans ton ventre et avec ta parole tu m’as fait grandir. Papa, je ne l’ai jamais entendu me parler. Mais je l’entendais te parler de ce morveux qui allait commencer à bousculer ta vie. C’était moi, le morveux ?

 

Oui ! Mais c’était pour rire ! Ce qu’il voulait dire, c’était que ta naissance allait bousculer toute notre vie. Les hommes sont maladroits quand il faut changer quelque chose à leur petit train-train quotidien. L’aventure, ça leur fait peur, hors, élever un enfant, c’est une aventure !

 

Alors, au début, in peut dire que la création c’était une aventure !

 

Oh ! Ca oui ! Portant la voix n’avait pas peur de l’aventure. C’est comme si elle avait mis toutes ses paroles dans son ventre, pour donner naissance à la vie. Tout ce qui s’y passe, après, dans son ventre, ça lui échappait complètement, mais elle avait confiance. Par sa parole elle s’était lancée dans l’aventure merveilleuse de donner la vie et de créer toute chose nouvelle.

 

Ah ! Oui ! C’est pas comme Papa ! Il change tout le temps de voiture, mais la nouvelle est toujours comme la vieille. Quatre roues, un volant ! D’ailleurs, on prend toujours la même route et on s’arrête toujours sur la même aire d’Autoroute, et il dit que les autres, dans leur voiture, c’est des connards !

 

La mère et l’enfant se rapprochent, assises sur le bord du lit

 

Oh ! Faut pas le répéter ! Mais je découvre que tu observes bien les choses…Au début, il n’y avait pas de voiture et même pas de roue. Les hommes étaient devenus très forts parce qu’ils portaient tout sur leur dos. Mais ils se sont très vite sentis fatigués. Alors les déesses ont eu l’idée de donner vie aux ânes pour qu’ils portent les charges à la place des hommes. Mais les hommes, paresseux, sont montés sur les ânes pour ne plus avoir à marcher. Ils eurent besoins d’autres ânes pour transporter les charges. Par économie, les déesses ont eu l’idée de la roue pour faire des charriots.

 

Ensuite elles ont fait des chevaux, plus forts, pour tirer les charriots que les hommes chargeaient toujours plus. C’est ça qu’ils appellent le progrès ?

 

Oui ! Mais les premières à avoir domestiqué ces nouvelles montures, ce sont les déesses elles-mêmes. On les appelle les amazones. Elles ont tout inventé. Et de nos jours, il est resté ce nom dont elles sont si fières. Les fières amazones, elles chevauchent comme aucun homme ne sait le faire… Bon ! Maintenant, il est temps d’aller se coucher !

 

Quand je serais dans mon lit, tu me raconteras encore la vie au tout début ?

 

 

Acte unique. Scène 2

 

 

L’enfant se blottit sous la couette. La mère s’agenouille au pied du lit pour lui parler sans bruit, une main chaleureusement posée sur l’enfant. Elle est face au public. Elle murmure une chanson d’une voie douce et berçante.

 

 

Maman, tu ne m’as pas raconté quand la voix a créé l’homme !

 

Oh ! Ca, c’est une autre histoire ! Au début, il n’y eut que des femmes et des baguettes magiques, ce qu’on appelle aujourd’hui les paillettes. Mais les baguettes se sont habituées à la voix et bientôt, elles n’y faisaient plus attention. Alors la voix s’est dit qu’il faudrait créer quelque chose de nouveau pour attirer leur attention. Au début, du nouveau, c’était du nouveau ! Pas comme le nouveau dont les hommes se vantent aujourd’hui !

 

Oui ! Je sais ce que tu veux dire !

 

LA voix décidait alors d’essayer de faire un être nouveau qui aurait plus d’autorité sur les baguettes. Mais ça n’a pas très bien marché !

 

Ah ! Bon ! Et pourquoi ?

 

Les hommes ont pris le dessus sur les baguettes magiques, sous prétexte qu’ils sont nés avec cet attribut particulier qui ressemble à une baguette. Depuis, c’est eux qui décident de tout. Il arrive même qu’ils dominent sur certaines femmes sou prétexte qu’ils ont la baguette pour donner la vie. Tu sais, pendant des milliers d’années, ils ont eu tellement d’autorité que plus aucune femme ne pouvait donner la vie sans passer par eux. Ils avaient détruit toutes les baguettes magiques pour faire en sorte qu’il faille se servir de leur baguette à eux. Ce n’est que depuis une dizaine d’années que des savants ont retrouvé l’usage des baguettes magiques. On a changé le nom pour faire croire à un progrès. Ce sont les fameuses paillettes dont je t’ai parlé avant. Beaucoup de femmes se sont battues pour retrouver leur droit à donner la vie quand elles le décident et surtout avec la paillette de leur choix. Mais ça s’est fait avec les progrès d’aujourd’hui.

 

Là ! Je ne comprends pas très bien !

 

Aujourd’hui, le mode de vie a tellement changé que les hommes ne sont plus très fiers de leur baguette magique pour la bonne raison qu’elle ne permet plus de donner la vie avec autant de réussite qu’avant. Les scientifiques disent que la fertilité des mâles est en baisse constante. Alors ils sont très contents d’avoir recours aux nouvelles méthodes de congélation des paillettes qui permettent de donner la vie quand on veut. Les hommes vont à l’hôpital et les médecins arrivent à faire fonctionner leur baguette. Mais c’est un peu technique, tout ça ! Retiens seulement que les hommes ne maîtrisent plus les baguettes magiques comme avant et que maintenant, ce n’est plus eux seuls qui décident de tout. Pour donner la vie, il convient d’un très gros désir de la maman et l’homme est invité à participer. Sinon, comment les femmes seules pourraient-elles avoir des enfants comme elles le souhaitent ?

 

Les hommes, ils avaient oublié que c’est la grande déesse qui les a créés par sa parole ?

 

Oui ! Je crois qu’ils l’avaient oublié ! Mais maintenant, on commence à leur rappeler toute chose de la création. Et la parole, ce n’est pas masculin ou féminin. Il faut bien qu’ils l’entendent.

 

Papa ! Il connaît toute cette histoire !

 

Je crois que oui ! Mais il ne sait pas bien la raconter ! Bonsoir, ma petite chérie que j’aime. Fais de beaux rêves.

 

 La mère s’éloigne sur la pointe des pieds.

La lumière s’éteint !

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 00:20
A Marseille, les tours se regardent autour de la cathédrale. L'ancienne, la tour Saint Jean humblement protectrice de l'entrée du Vieux Port voit grandir la toute nouvelle soeur de 147 m de hauteur, fière et orgueilleuse, la tour CMA-CGM réalisée par l'architecte Zaha Hadid (lien) et qui protègera le businesse tout près du Port Autonome. D'autres tours suivront et la cathédrale se fera de plus en plus discrète. Sur l'esplanade vide se dressera la future cité de la Méditerranée. Le MuCEM, Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. (lien)
La photo est prise depuis les Jardins du Palais du Pharo.

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 00:03

 

 

 

Oh ! Il nous porte comme de vulgaires planches, quatre par quatre entassés l’un sur l’autre. Tout en haut, sur sa tête, ça me donne le mal de plage ! Il est grand ce plagiste !

 

Aïe ! Tu m’as pincé ! Eh ! Eh ! Tu la sens, l’araignée qui a profité de la pénombre de l’abri pour nous enchaîner l’un à l’autre. Elle s’y connaît en toile. Le bronzé, tu vas voir, il ne va pas faire dans la poésie. Tiens, je t’avais prévenu, il nous jette sur le sable, sans même prendre garde à nos toiles. D’ailleurs, je ne l’ai plus ! J’espère qu’il va retrouver mon matelas ! Celui que j‘avais hier ! Il me protégeait drôlement bien du gros cul de la marquise ! Sûrement tout neuf !...

Le matelas ! Pas le cul ! Idiot !

 

Il nous a séparés. Bon ! Ca va, tu n’es pas trop loin ? Non ! Tu es à un demi-mètre !

 

Le soleil nous aveugle. Ses pieds soulèvent du sable. J’en ai plein les yeux... Ah ! Il nous redresse. Tiens ! Je l’ai pincé au doigt. Il n’avait qu’à être plus tendre avec nous ! C’est vrai ça ! On lui fait tout de même gagner sa vie en nous écrasant toute la journée sous les grosses fesses mouillées de ses clientes. Et puis nous devons entendre ce qui se dit sans broncher. Ca ! C’est ce qui m’est le plus difficile. T’en penses quoi, toi ? Mon copain de galère ! Je te saoule ! Attends. D’ici dix minutes, nous ne pourrons plus parler... Elles ! Autre que te saouler ! Elles n’arrêtent pas ! Hier, elles ont parlé d’un mort. Mais leurs chuchotements subits n’ont pas permis que je dénoue les nœuds du drame. Peut-être qu’aujourd’hui j’en découvrirai un peu plus !.. Ah !.. Bon ! Tu as entendu qu’il s’agissait de son amant, le notaire de Saint Martin ! En voilà une histoire ! Il doit y avoir des gros sous là-dessous ! Je rigole parce que nous, on a plutôt l’habitude que ça se passe là-dessus ! On a toujours des dessous dessus !...

 

Eh ! Tu rigoles ! Tu vas voir ce qui t’es réservé aujourd’hui ! C’est peut-être la douairière de machin chose, celle qui s’écrase toute la journée avec la crème de merde qu’elle se met partout. Rien que le poids des bijoux pose question parce que la crème sent le bas de gamme des rayons qui traînent près du sol. Si tu l’as toute la journée, tu vas souffrir ! A coups sûrs, elle demandera tout d’abord un second matelas et un parasol en plus. Les petits gars, dans l’espoir de la grosse pièce, ne peuvent rien lui refuser ! Quand tu entendras les sornettes qui sont débitées à longueur de sable, tu ne pourras même pas rire, de peur de faire des soubresauts qui risqueraient de te détruire sous la douairière de truc machin.

 

Certains messieurs passeront par là et s’étonneront de la rencontrer ! - Ah ! Quel bonheur de vous retrouver après tant d’absence, diront-ils en lui baisant la main, prenant soin de garder sur le nez leurs lunettes noires, certes, pour reluquer un cul plus loin, mais surtout pour ne pas la voir, bien qu’une ombre de honte lui fasse garder quelques discrets volants supplémentaires sur son maillot… Ben oui ! Une pièce, le maillot !... Tout de même ! Ou ce serait l’outrage à la décence !

 

Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ce n’est pas mon jour ! C’est pour moi ! Je l’entends et j’imagine déjà ses gestes ! Moi qui aurais tant souhaité la marquise anorexique, malgré sa méchante langue ! Ouh ! Dis-donc ! Je le sens passer ! La journée va être longue ! Bon ! Je ne te parle plus car l’histoire commence ! On est chez les Torez ! Ecoute ça ! Mais ne ris pas ! Ah ! Si ! ça va ! C’est toi qui a la petite dame aux dents dures !

 

Mais oui ! Madame Torez ! Comment, mais vous n’êtes pas au courant ? Madame De La Housse reçoit très souvent Monsieur Torez. Il paraît qu’ils jouent à la canasta avec Monsieur De La Housse, qui est malheureusement dépendant de son fauteuil roulant, et le chauffeur ! Grande classe, celui-ci ! Il est à leur service depuis plus de vingt ans et fait un peu partie de la famille. Hubert ! Oui ! C’est Hubert ! Très serviable et courtois, bon !... Bon dans tous les domaines ! Vous voyez ce que je veux dire !

 

Oh ! Moi, je  ne vois presque plus rien ! Mais je suis très à l’écoute et perspicace ! Le fameux Hubert m’a toujours paru plus encore qu’un simple chauffeur ! Vous les soupçonnez de quoi ? Parce que le... Hubert là, certes il conduit Madame dans la Bentley, mais il pousse aussi Monsieur dans le parc et vers les commodités… Ah ! Je vois ! Au milieu de la partie de cartes, Monsieur se sent fatigué et Hubert le pousse jusque dans sa chambre, tout au fond de l’aile nord. Le jeu de canasta se poursuit dans l’aile sud sur un tout autre mode ! Tous les dessous se mélangent, dessous de carte, dessous de table, dessous de jupon, dessous de verre, et les sous-entendus s’entendent !

 

Eh ! Eh ! T’en penses quoi toi, des dessous ? Aujourd’hui, Ca sent le camphre. L’une des deux va bientôt se plaindre de son arthrose. Mais elle n’y pense pas encore ! Y en a trop à se mettre sous la dent ! Déjà le Monsieur Torez, il les fait fantasmer …

 

Vous avez tout compris ! Mais pensez-vous à Madame Torez, dans tout ça ? Imaginez la pauvre femme se plaignant et gémissant dans sa grande demeure en haut de la corniche. Seule avec deux servantes pour la distraire ! Pas de voiture, interdiction de sortir car Monsieur a des principes, mais surtout par obéissance au médecin qui traite la maladie mentale à fortes doses de tranquillisants. En fait, une grande mélancolique ! Et vous savez, la mélancolie, ça se soigne mais ça ne guérit pas ! Et tout l’entourage en souffre comme si c’était contagieux. Alors il vaut mieux prendre l’air ! C’est ce que fait Monsieur Torez ! L’air de rien ! Il n’en ferait pas un drame, si la pauvre disparaissait !

 

Ah oui ! Justement, ça fait très longtemps que nous n’avons eu aucune nouvelle de Madame Torez ! Peut-elle recevoir au moins des visites ?

 

Eh ! Eh ! Tu vas voir ! Elle va parler de la duchesse ! Une vraie grenouille de sacristie !

 

Mon amie la duchesse de Planier m’a assurée que le mois dernier, sa visite n’avait pas semblé lui plaire. Mais enfin, elle avait vu Madame Torez. Et, depuis, ce sont toujours les femmes de chambre qui répondent au téléphone. Jamais mon amie n’a réussit à la joindre. Nous n’avons donc plus eu de nouvelle depuis trois semaines maintenant !

 

Il l’a peut-être éliminée ?... Mais je rigole ! On ne devrait jamais penser des choses pareilles.

 

J’y ai pensé aussi ! (La douairière se trémousse et ça me fait si mal aux jambes que je dois serrer mes articulations.) Elle rit ! (Moi, pas !)

 

Il aura doublé les doses... C’est facile ! Ensuite, il rend les femmes de chambre complices de cette disparition en leur faisant miroiter quelques avantages en nature et en espèces trébuchantes, les derniers ayant l’avantage sur les premiers mais pas sans ! La nature prend souvent le dessus !

 

Eh ! Eh ! En tout cas, nous, nous sommes dessous ! Et tu vois à quoi elles pensent ! Tout est fermé depuis des lustres mais leur seul espoir c’est que quelqu’un trouve la clef de la serrure ! Enfin ! Façon de parler !

 

Comme vous y allez ? Je pensais plutôt à une chute malencontreuse sur le perron du domaine, ou une noyade accidentelle dans le bassin.

 

Le bassin ! Tu parles ! Le périnée oui ! En plus, on dit LE, mais c’est très féminin !

 

Pourquoi pas ! Ce Monsieur Torez me semble capable de tout, surtout dans la discrétion ! Pourtant, il est fort sympathique et tellement prévenant. Un jour, il m’a raccompagnée dans sa belle auto et pour rire, il m’a dit de bien fermer la vitre de ma portière pour que je ne risque pas de m’envoler. Il est drôle ! J’étais vexée tout de même, un peu !

 

Ah ! C’est sûr ! Elle aurait préféré qu’il accepte de boire un verre chez elle ! L’occasion de faire découvrir son intime se fait rare !

Tiens ! Monsieur Lamotte ! Regarde comme il se dresse, malgré ses soixante douze années ! Il va s’adresser aux dames ! Mais… Il enlève ses lunettes de soleil… Ce n’est pas habituel ! Une mauvaise nouvelle, probablement !

 

Ah ! Mesdames ! Ne savez-vous pas que Madame Torez est décédée, retrouvée noyée dans le bassin. Pourtant, il ne fait que vingt centimètres de fond ! J’ai l’impression de perdre une mère. Elle m’a tellement soutenu dans mes moments difficiles ! J’appréciais tant son accueil, et aussi celui de ses dévouées servantes qui doivent se lamenter. Je les trouve si charmantes sous leur tablier !

 

Allons ! Monsieur Lamotte, n’en faites pas tant ! Nous connaissons vos petits travers coquins. Tout ceci est bien normal ! Pour vous, les forces vives restent longtemps jeunes...

 

 Eh ! Eh ! La douairière a déjà une petite idée derrière la tête ! Ou plutôt… Mais je te parie qu’elle va se trahir !

 

Vos amies ne sont pas loin. Je les ai vues passer tout à l’heure. Monsieur Torez joue aux cartes, et les domestiques profitent un peu de la plage. D’ailleurs, je crois savoir que d’habitude, elles ne vont jamais plus loin que le long des barrières qui bordent notre petit domaine privé. Vous vous remettrez du décès de cette pauvre dame. Et puis je serai ravie de vous recevoir, même accompagnée des soubrettes que vous affectionnez ! 

 

Eh ! Eh ! Je te l’avais dis !

 

Certes, Mesdames, mais le plus délicat sera de mettre au grand jour tous les petits dessous de nos vies, quand les enquêteurs feront leur petit travail de routine.

 

Là ! Je m’effondre. Son gros potard a sauté en l’air, tout comme elle devait s’envoyer, dans quelques scènes perverses du château où ce beau monde se retrouvait souvent pour y vivre des dessous de parties de cartes. C’est sympa les cartes. C’est comme la vie ! Chacun cache son jeu ! Chacun son masque et la clef des serrures brille dans toutes les mains. Mais nous, les masques, nous les pesons toute la journée. Quel boulot !

 

Eh ! Eh ! Il ne faudra pas trois jours pour que nous en sachions plus que toute la brigade réunie. Si toutefois elle mène une enquête ! Dans ce beau monde, même les gradés de la gendarmerie portent des masques ! Tiens, le bon Colonel La Toise, Qu’est-ce que tu crois ? Le château ! Il connaît bien ! Je peux même te dire son surnom ! Tu ne le répéteras pas ! ... Francfort ! … Ouais ! Comme la saucisse ! … On devine facilement pourquoi il est le seul à ne pas connaître son surnom !

 

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 16:18


 

 


L’interdit de l’inceste est constitutif de notre société. Il contribue à trois fonctions majeures.

Il permet d’instituer pour chacun une place dans la génération.

Il autorise chacun à porter un nom dans la filiation.

Il vise à donner un corps à l’humanité vivante.

 

Toutes ces fonctions construisent un lieu où le sujet peut advenir, dans l’intégrité ouverte d’une peau dont la mission la plus humaine consiste à servir de support à la parole.

Ce lieu est appelé corps, et ce corps, tout familier qu'il soit, n’est approché que dans et par la symbolique du langage. Il n'est corps que dans la mesure où nous l'investissons ainsi en le nommant et tant qu'il est parlant. Quand il ne parle plus, à son décès, il devient dépouille où cadavre. C'est mesurer ce que nous appelons corps.

 

Serions-nous à ce point touchés par la parole de l’autre si ce mot touché lui-même ne participait pas de cette force tactile qui lui vient de sa naissance dans la texture de la chair et sur le bout des doigts ?

Toutes les paroles qui nous touchent jusqu’à l’intime de notre cœur sont soutenues par les métaphores qui relèvent du corps et de ses organes. J’en mets ma main au feu. Et que mon sang se fige dans mes veines si je m’égare, dans un aveuglement soudain qui me ferait trébucher à en avoir la larme à l'oeil. Que voudrait dire l’avoir dans la peau ou bien  lui trouver le cœur sur la main, ou encore s’arracher les yeux à la lecture d’une infamie ?

 

Le corps de l’homme a ceci d’exceptionnel qu’il a des mains pour toucher, saisir et dé-saisir, douées d’un sens tactile perfectionné, mais aussi d’une voix pour parler, crier, chanter, dire, avec tous ces symboles élaborés que sont les mots. Ce qui fait contact, chez l’homme, c’est un corps à cœur et non un corps à corps qui serait plus caractéristique de la risque. Ce corps à cœur révèle la nécessité d’interprétation de la parole adressée à l’autre dans le risque de l’échange des symboles qui touchent, parfois même dans le silence. Chacun traduit la parole de l’autre depuis le lieu où il se sent touché. Ce qui a pour effet que le sujet ne sait pas ce qu’il dit quand il parle puisque que ses mots n’ont de sens que pour l’autre qui les transcrit. Même son silence est messager parce que l’autre sait que l’être-là en sa présence est un corps qui parle, ou encore un être parlant qui se tait.

 

Parler à l’autre, se soutenant du geste des mains, c’est désirer l’approcher avec tact et tout à la fois lui signifier la séparation entre les corps, lesquels se trouvent déplacés par les mots dans leur émotion ou leur sensation. Refuser le respect de cette distance des corps, c’est faire main basse sur l’autre, c’est le réduire à une saisie, comme dans l’ordre juridique. Cette main mise sur le corps devenu objet se noue à l’étouffement de la parole qu’il s’agit de faire taire. Empêcher de parler, c’est une volonté qui accompagne toujours la capture de l’autre en son corps dans une proximité pétrifiante. Il faut nommer ceci le viol, toujours incestueux dont les effets sont l’amputation de la voix, cet organe qui est au cœur ce que la main est au corps, dans un prolongement des sens vers l’expression, et la privation de l’usufruit de son corps. Si l’expression est réprimée, l’impression creuse des traces profondes à même la peau.

La mutilation du corps par l’obturation des ouvertures provoque l’exil de cette place attribuée dans la génération, remplace le nom par les injures portées à la victime et empêche le bon développement du corps dans l’humanité vivante. L’être violée par un parent témoigne qu’elle n’est plus qu’une béance sombre depuis les cuisses jusqu’aux poumons et que son cri ne sort plus des tripes mais se construit depuis l’abîme qui lui est intérieur, marquant ainsi l’exil de son corps meurtri, et de son être étouffé.

 

A décrire l’horreur de l’incestueuse consommation, nous voyons combien sont liés le corps, les mains et la parole dans une danse incessante du réel, de l’imaginaire et du symbolique qui poinçonnent l’homme de son empreinte dans l’humanité.

 

La parole s’organise en corps de texte et le corps se plie au langage qui le décortique avec tact. La parole fait le corps d’où elle s’extirpe en s’y appuyant.

 

L’homme est ainsi fait, des effets de langage.

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28 juin 2009 7 28 /06 /juin /2009 08:21

 

La petite chipie toute ébouriffée, toute excitée de savoir que son grand-père vient la chercher à la sortie de l’école, trouve comme un malin plaisir à le faire attendre. Elle doit penser que ses copines aimeraient bien le voir, lui dont elle parle tant pendant les récréations agitées.

A l’angle du bâtiment principal, là où la grande allée gravillonnée tourne à droite pour rejoindre le portail qui donne sur la place ombragée, Aurélia s’arrête et penche son buste en avant pour vérifier qu’il est bien là. Un rapide coup d’œil la rassure. Sa volte-face surprend les trois copines qu’elle entoure de ses longs bras écartés, comme pour les stopper net dans leur marche.

Clhoé, la jolie brunette aux yeux bleus, se penche à son tour au delà de l’angle du mur pour chercher du regard cet homme qu’Aurélia rendit si célèbre dans la classe, en racontant les aventures formidables que lui-même lui avait racontées.

« Il porte une grande casquette anglaise et ses moustaches blanches soigneusement peignées font penser à un inspecteur de police. Il m’a même dit qu’il avait rencontré Cherlock Holmes.

Mais tu sais qui c’est Tchélockhoms ?

Ben oui ! C’est comme l’inspecteur Maigret, mais c’est l’anglais ! »

 

Julia, qui paraît écrasée sous le poids de son sac à dos violet, écarte une mèche rousse pour mettre la main sur sa bouche et demander discrètement si le monsieur s’appuie sur une canne avec un bouchon qui peut cacher une fiole d’eau de vie. Aurélia ne veut pas la décevoir et pense que oui en précisant qu’elle ne l’avait jamais vu s’en servir.

 

Laura, avec sa coupe au carré, semble plus espiègle encore que les trois autres, mais se tient des deux mains au cartable énorme posé sur ses pieds. Elle n’ose pas se pencher de peur qu’il ne repère leur petit manège.

« J’aimerais bien le voir ! Parce que, un grand-père qui a traversé la mer dans un avion de chasse, c’est pas souvent qu’on en voit un ! Et toi ! Tu l’as déjà entendu parler anglais ?

Bien sûr ! Il est anglais ! Et il me parle souvent en anglais quand il est en colère. Mais je ne comprends presque rien ! Alors je rigole et ça le fait rire ! Avec son accent, il me dit : p’tit t’chipie ! Puis je lui prends la main, et nous marchons un peu. Il adore les promenades. Il dit souvent : j’ai deux cannes. Celle-ci et Horilie !

 

Aurélia rejette ses longs cheveux en arrière comme font les grandes que se la pètent en levant le nez pour humer la fierté que les autres lui accordent. Elle se place devant sa troupe et lance un « Bon, on y va, il n’y a bientôt plus personne devant le portail ! »

 

Leurs pas jouent sur les graviers la marche lente des petits bouts qui ploient sous leur charge, et chacune en rajoute comme pour justifier ce retard. Au bout de l’allée, on peut voir un gentleman avec une grande casquette à carreaux qui agite haut sa canne et croise ses longues moustaches comme les fleurets de deux mousquetaires. On n’entend pas bien ce qui se passe mais on se doute qu’il est en colère et parle en anglais. Aurélia se réjouit et lui présente son plus beau sourire, faisant un petit coucou de la main à l’endroit de ses copines, lesquelles rentrent une tête souriante dans les épaules en signe de complicité.

« Hello, Papy ! » lance Aurélia qui prend fièrement la main du grand homme, non sans jeter un œil curieux sur le pommeau argenté de la canne qui cache encore ses mystères.

 

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26 juin 2009 5 26 /06 /juin /2009 00:55

Les apports technologiques sont de plus en plus accélérés, et les scientifiques sont censés avoir les connaissances dont nous avons besoin, avec une longueur d’avance sur les masses. Nous leur faisons appel sans arrêt en les désignant comme experts d’une société dont ils tiendraient les commandes par la simple autorité due à leurs compétences.

Il ne se passe pas une minute sans que les médias avancent un pourcentage statistique pour mieux asseoir l’expertise de celui qui sait. Tous les sujets de société font donc référence aux experts. Ils sont appelés au secours pour déterminer par exemple les raisons de la violence, du désœuvrement des jeunes, de la drogue, du chômage, etc. Ne sont-ils pas aussi consultés, ce qui est un comble et ce qui étaye la réflexion que nous avons, pour résoudre les difficultés qu’ils ont eux-mêmes créées, difficultés environnementales, écologiques, économiques, énergétiques, et j’en passe car vous les connaissez.

La culture technique et scientifique a pris la forme de l’idéologie du progrès au service de l’homme. On peut déjà la nommer « scientisme », dont la caricature la plus évidente se voit dans le domaine médical. La technologie de pointe, certes peut faire des prodiges et il n’y a pas lieu de s’en plaindre. Mais elle tend à instrumentaliser le patient qui ne sait pas à quel soignant s’adresser. Elle va très bientôt instrumentaliser l’enfant pour en faire l’enfant médicament ! Vous l’avez sûrement déjà entendu ! On peut annoncer dès maintenant que cette idéologie du progrès au service de l’homme s’est vite transformée en son inverse, l’idéologie de l’homme au service du progrès, dans la mesure où le progrès est source de revenus, ce qui n’est autre que ce que nous appelons le libéralisme. La course au profit est passée par là !

Toute communication, toute concertation, toute médiation, (ah ! le grand mot à la mode !), toute médiatisation, du simple fait qu’elle ne remet pas en cause cette idéologie de l’homme au service du progrès, est suspectée à juste titre, de répandre insidieusement cette idéologie.

Le développement technologique avec son amante sacrée, la croissance, doivent devenir les seuls moyens de participer au bonheur des hommes. Elle est imposée comme valeur fondamentale et unique pour notre futur radieux. (On pourrait relire des Science et Vie des années soixante pour mesurer la distance entre les promesses et la réalité). Mais tout de même, le technicisme reste le seul remède à tous nos malheurs. Nous sommes dans un système qui, non seulement impose les valeurs mais impose aussi d’adopter les moyens de les respecter. Le système tend à se maintenir jusqu’au bout de ses forces, au bout de ses ressources, au bout de ses contradictions, au bout de ses raisonnements pour justifier qu’il est le seul système qui puisse faire progresser l’humanité.

D’après J.Ellul, Le système technicien, Paris, Calmann Levy, (1982), les valeurs à inculquer sont celles-ci :

La recherche du bonheur passe par l’accumulation de nouvelles techniques.

La recherche du bonheur passe par la revendication d’un temps de loisirs de plus en plus important.

La recherche du bonheur passe par la revendication d’un droit à la qualité de vie grâce aux pouvoirs des sciences et des techniques.

 

Ceci suppose l’adhésion des populations aux valeurs d’efficacité, de changement, et de productivité.

 

Pour cette adhésion silencieuse, il convient de créer des infrastructures cognitives inculquées par la contagion idéologique, et les médias sont un support de choix. Pour pratiquer les manipulations mentales nécessaires, le système sature tout. Saturation des moyens de « communication » ou de « manipulation », ondes radio, espaces télévisuels, enseignes lumineuses, saturation des trottoirs, des trains, des autoroutes, saturation des informations, saturation des panneaux publicitaires, (Vous voyez maintenant que les publicités ont pour cible les enfants en bas âge.) Et le discours idéologique se transmet à travers des symboles, comme les mots, (nous sommes saturés de mots), les idéogrammes, (saturés d’idéogrammes), les logos, la musique, partout et tout le temps, 24 heures sur 24, et les mythes dont l’étude ne fera pas partie de cette soirée.

La thématique techniciste est assez simple. (On entend le crédo des experts.)

L’humanisme. C’est pour le bonheur de l’homme, pour son épanouissement, pour répondre à sa curiosité, pour le libérer des contraintes qu’impose la nature.

La maîtrise de l’objet créé. C’est l’homme qui invente. Il ne sera jamais l’esclave de la machine.

Victoire de la raison sur l’obscurantisme. Kant, fin XVIII°, justifie le progrès de la sorte. Il témoigne de la marche inéluctable de la raison.

Nous prendrons certains exemples de mots médiatisés à outrance pour lire le message idéologique qu’ils transportent, malgré toute précaution que prendrait tel ou tel journaliste. Mais avant, je vais vous raconter une toute petite intervention amusante d’un correspondant permanent de France 2 à Bruxelles. Il doit intervenir sur la perception de la Commission européenne au sujet de la Grippe A. Il commence par ces mots :

« On nous a dit, ici, de ne pas dire qu’il s’agissait d’une pandémie. » La suite était du style : pour l’instant, le nombre de cas révélés n’est pas suffisant… De toute façon, d’ici quelques jours les vaccins seront près, les usines à masques tournent déjà à plein régime et il n’y a pas de raison de crier panique.

Ses premiers mots sont explicites. Bruxelles maîtrise la situation, « vous pouvez nous faire confiance même si le danger existe vraiment ». C’est très fort. Il est probable qu’on lui ait dit de ne pas parler de pandémie, sachant très bien qu’il fait parfaitement son travail et répète mot à mot ce qu’on lui a dit. Dans ce cas, il faut comprendre que ça pourrait arriver. Maintenant que c’est dit, même sous une forme négative, quand ça arrivera, l’opinion sera préparée. Le mot aura été entendu un bon nombre de fois, et chacun aura découvert à quel point nous maîtrisons la situation, que tout se passe pour le bien de tous et que le raisonnable l’emporte sur les croyances et sur la panique.

Ca fonctionne toujours parce que notre petite tête, même très bien faite, ne peut enregistrer et se souvenir d’éléments absents. Ce que nous entendons : « Pas de pandémie ! » Nous retenons « Pandémie ! » et le nous déclarons improbable par la négation. Nous avons entendu combien de fois qu’il n’y aura jamais privatisation de la poste, ni privatisation d’EDF ? Quelqu’un aurait-il pensé privatisation qu’il soit obligé de marteler qu’il n’en est pas question ?

On a vu comme elle nous a déçus, « la force tranquille » ! On a vu comment il a fini « le PLAN POWER EIGHT » qui aurait du s’appeler « marche forcée vers la sortie », ou « prendre l’oseille avant la catastrophe ». Mais Power eight, ça présente bien. Quel prestige ! C’est encore plus fort que Monsieur Propre !

Plus près de nous. Quel journaliste oublie d’utiliser les miraculeux  mots que je ne dirais qu’une fois : la bonne gouvernance.  Il évoque très bien les trois principes idéologues cités plus haut : humanisme, maîtrise du progrès et victoire de la raison. Pourtant, pourtant ! Il ne s’agit que d’une gestion comptable sans humanisme aucun, il s’agit d’une maîtrise de la répression peut-être, mais nullement de la maîtrise de la gestion des ressources humaines ni de la maîtrise des règles sociales, encore moins de l’esclavage à l’outil créé qui, le plus souvent, n’a pas rendu les hommes plus heureux, et enfin, il n’annonce aucune victoire de la raison sur quoi que ce soit puisque, il y a encore à peine trente ans, il était tout à fait déraisonnable et honteux de cumuler des actions, voire même malhonnête. On voit aujourd’hui où la raison nous mène !

Parlons de la crise. C’est assurément le mot qui bat tous les records de présence. OUI ! Nous sommes tous dans la même galère ! Ce n’est pas la crise, c’est « le grand nettoyage », pour ceux qui manquaient de visibilité, afin de réaliser leurs plans. Du mot grec Crisis : temps de réflexion pour faire des choix, et pour prendre des décisions.

Nous pouvons résumer la pédagogie actuelle :

C’est par humanisme que nous allons ensemble relever les manches et travailler plus. Mais ce n’est pas une crise, pas ma crise, à moi ! Je la vis comme une arnaque géante, annoncée depuis dix ans par certains, depuis trente ans par d’autres et déjà prévue en 1929 en tant qu’inhérente au système auquel tous doivent adhérer sans rien dire. C’était inévitable ! Qui ne le savait pas ?

Où est la maîtrise, la maîtrise de l’outil financier, sinon dans les discours de nos experts qui font tout pour nous en sortir, eux qui ont induit la grande dérégulation. Nous n’avons que le choix de leur faire confiance. Les financiers disent d’ailleurs que c’est une crise de confiance. Dans le livre de la jungle, Cher Khan ne disait pas mieux.

Quelle victoire de la raison sur l’obscurantisme ! C’est la désorganisation  de ceux qui ne voient rien d’autre que leur trésor, de ceux qui voudraient encore gagner au plus vite des sommes gigantesques au risque de ne jamais pouvoir les utiliser parce qu’il fera bientôt trop chaud, parce que la terre ne sera plus généreuse, parce que les eaux monteront, parce que le soleil sera rouge, rouge de honte, peut-être !

La semaine dernière, un certain porte parole, le bull dog de son maître, lance une nouvelle idée que tous les médias diffusent précipitamment. Ils annoncent même le lendemain que la proposition est morte dans l’œuf. Il n’empêche qu’on en a parlé et c’est à parier qu’elle reviendra sur scène très bientôt parce que c’est :

une mesure humaniste, il l’a dit : « c’est pour éviter qu’ils ne perdent leur emploi ou qu’ils aient l’impression d’être inutiles parce que malades. »

une mesure qui tient de la maitrise de l’outil informatique, il l’a dit, « la technologie nous offre cette possibilité formidable », et qui sera

signe d’une grande victoire de la raison sur l’obscurantisme. On sait que sinon rien ne bouge jamais.

Le dit porte parole a lâché cependant qu’il y voyait une grande économie pour la sécurité sociale et que ce ne serait basé que sur le volontariat. Le plus étonnant, c’est que Mme Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’écologie,  au développement et à l’économie numérique a dénoncé pour la première fois la notion même de volontariat dans « l’entreprise où les rapports d’autorité ne le permettent pas toujours dans de bonnes conditions. » (Etonnant ! Le travail du dimanche et les heures sup ne seraient pas basés sur la même notion de volontariat des salariés.)

Mais tout ça, c’est pour notre bien, et les mots ont une importance tout à fait significative. On peut trouver les remplaçants à « Plan social », « réforme de l’autonomie des université », « le grand Paris », paris dément, en effet ! « l’escalade de la violence », « l’insécurité »… « la tolérance zéro » pour « la répression à tout va », … « le Grenelle de l’environnement », « le G 20 », « la pédagogie de l’UMP », « parlons d’une même voix », la « rupture » la « réforme », « la présomption d’innocence »…

Ce que je voulais vous montrer c’est à quel point nous sommes tous englués dans cette idéologie du progrès libéral basé sur le technicisme et le profit, dont nous avons du mal à imaginer la fin, la chute, encore moins la finalité, tant elle nous rend captifs. Tiens un mot à la mode ! Il faut rendre la clientèle captive…

Les derniers mots à la mode son bien sûr anglo-saxons, comme « impacter », « scorer », « manager. » Notre « challenge » sera, comme un premier élan de résistance individuel, de décortiquer le sens des mots et des grandes appellations pour y trouver les ruses cachées. « Autonomie, groupe de travail, commission paritaire, politique d’insertion, immigration positive, pédagogie gouvernementale, bouclier fiscal, modernisation du droit du travail ! » Tous pris au hasard ! La liste est infinie !

Pour conclure sur ce petit bric à brac de la propagande dominante, nous sommes tous captifs de la course au mieux-être consumériste parce que depuis des décennies, nous ne pouvons même plus envisager d’autre solution. Le système mondialement répandu n’accorde plus aucune valeur à tout ce qui n’est pas sur le chemin du profit que peut apporter la croissance. Même si chacun sait que la vision est sur le court terme à cause de la finitude du globe qui nous héberge, la course vers le précipice continue. Et c’est d’une incohérence dramatique de parler « des nouvelles technologies durables », sachant que nulle technologie développée sur terre ne peut se venter de cette qualité par le simple fait qu’elles sont dévoreuses de matières premières de plus en plus rares.

 
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19 juin 2009 5 19 /06 /juin /2009 09:51
Il n'a fallu qu'un temps
Pour que, de cet élan,
Perlât sur le présent
Son front teinté de sang.
Oui, la force du vent
Le rendit effrayant,
Ici, là, se balançant,
L'un des pendus mourant.

Il n'a  fallu qu'un temps
Pour qu'un objet volant
Détruisit dans l'instant
Toute vie du Levant.
La mort marchant devant,
Des pétrifiés vivants
On fit un paravent
Pour tester l'armement.

Il ne faudra qu'un temps
Pour qu'un moment géant,
De force, sûrement,
Enterre le manant,
Que le volcan puissant,
Qu'un lourd ciel rugissant,
Tempètes d'océans,
Terasssent l'humain gisant !


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