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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 08:03

"L'arabe est mort !"

 

En gros titre sur la Une de Valras Matin, le plus petit tirage de France. Le seul à survivre à la messagerie électronique imposée dans toute la région !


Chacun pourtant connait l'Arabe.Il restait souvent, le soir, parmi les vendangeurs saisonniers, pour leur courte veillée rituelle de fin de journée. Le jour, dans sa djellaba d'un blanc étincelant, il portait aux travailleurs le thé à la menthe, ventait ses mérites et racontait quelques anecdotes de son pays. Celles dont il se souvenait encore ! Il encourageait ainsi les plus fatigués.

 

Son nom ? "L'arabe !" Sa maison ? "La maison de l'arabe !" Celle qui est tout au bout de l'impasse qui descend derrière l'église en direction des vignes. Personne ne se risque à la visiter de peur se le surprendre dans ses ablutions, cinq fois par jour, avant la prière. Derrière le petit rideau de verdure que formait la treille devant sa terrasse, juste assez large pour la table bricolée avec des planches de palettes, il disposait une ancienne cuvette émaillée pour y verser l'eau tiédie sur le feu.

 

Son sourire avait tous les jours ce parfum de bonne humeur qui restait jusqu'au soir. Ne pas le rencontrer pourtant n'avait d'importance qu'après coup, à égrainer les quelques conflits de la journée. On pensait alors : "Tiens ! Je n'ai pas eu le sourire de l'arabe, aujourd'hui !"

 

Mais ce matin là, tout le village s'affairait à réparer les dégats ! Des pluies dilluviennes avaient engrossé la Mireille, et de se répendre à chacune des faiblesses de ses rives, elle avait inondé jusqu'au plus haut du parvis de Notre Dame des Eaux.

 

Formidable pour la vie, l'eau est aussi effrayante dans sa fureur. La Mirèle, comme disait l'arabe, avait tout emporté, sa cabane en premier. A trois kilomètres, au bout des vignes, dans un buisson d'aubépines, la djellaba séchait, toute rougie de l'argile où il était retourné. Mais son sourire est resté.

 

Sur la Une, on aurait pu lire : "Il est parti, mais il nous a laissé son sourire !"

 

Quelque part en banlieue, on se recueille pour l'enfant de la cité !

 

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