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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 17:04

Octobre 2009

 

 

L’occupation majeure de ce peuple est de survivre.

L’occupation de ses terres en fait un enfer depuis soixante ans.

 

Le tracé du grand mur de l’apartheid se précise de jour en jour à Marseille. Les habitants du Boulevard Dahdah furent délogés dans les jours derniers, et tous ceux des rues citées plus loin le seront bientôt. Ils ont reçu les avis préfectoraux, avant-hier et découvrent ensemble l’horreur de la construction que l’occupant appelle le mur de sécurité, et l’horreur de chacune des situations familiales qui en dépend. Boulevard Leccia, Rue Raymondino, Boulevard Boyer, Rue Séry, Rue Sainte Victoire, Avenue Bellevue, Avenue Edouard Vaillant, Traversée sous l’Autoroute Nord, Rue Auphan, Rue René Cassin. Telles sont les zones expropriées afin de permette au mur de rejoindre l’Avenue Roger Salengro.

 

Il ne vous a pas échappé que le Téâtre Toursky sera intégré à la bande de Paca, et plongé de fait dans l’espace de non droit créé par le pouvoir dans la seule perspective de mâter les terroristes qui s’y trouvent. Toute subvention lui est supprimée, et dans cette première soirée de résistance, où se sont rendus tous les sympathisants du quartier comme tous les amis de Marseille qui prétendent que Marseille sans le Théâtre Toursky ne serait plus Marseille, dans cette soirée spontanée, il est arrivé ce que nul encore n’avait pu imaginer.

 

Sous les applaudissements nourris d’un auditoire au complet, quand la salle était bien chauffée après ces trois heures de prises de paroles improvisées, des cris déchirèrent coulisses et hall d’accueil qui mirent fin brutalement aux effusions de joie. Des coups de feu rabattirent l’ambiance festive au rang de l’horreur et de la stupeur commune. Des hommes et des femmes armés et cagoulés firent irruption dans les gradins et simultanément sur la scène, menaçant d’abattre le moindre participant en mouvement, et maîtrisaient en premier l’ordonnateur des réjouissances et le leadeur de la contestation, tous deux engagés dans une grève illimitée de la faim. Ils ordonnèrent de vider les poches et les sacs pour confisquer toute clef, tout portable ou carnet d’adresse qu’ils entassèrent dans de grands sacs et séparèrent les femmes des hommes. Sur leurs brassards, un logo rouge sur fond blanc avec ces quelques lettres brodées de fils d’or : Section Spéciale d’Intervention Anti Terroriste, S.S.I.A.T. abréviation dont la seule sonorité laisse perplexe. Nous apprendrons plus tard, qu’il s’agissait d’une milice spéciale d’anciens Marins Pompiers retraités de leurs services respectifs, mais encore prêts pour toute intervention musclée et rapide en milieu urbain. (Moyennant salaire attractif !)

Beaucoup de résistants étaient venus à pieds ou en vélo depuis l’autre bout de Marseille. Mais quand toutes les femmes furent serrées dans un tiers du théâtre, les hommes furent transférés, un par un dans les fourgons qui s’étaient engouffrés dans la traverse Léo Ferré. Ils ne sont toujours pas sortis de prison !

Les femmes, par contre, furent enfermées dans les locaux que la milice a pris soin de fermer avec chaînes et cadenas bien dimensionnés. Avant de partir, en saisissant les vélos dont ils pourront toujours tirer quelque profit, ils prirent un malin plaisir à jeter quelques grenades lacrymogènes dans l’enceinte afin de prolonger la stupeur des prisonnières.

 

France Invest raconte les faits dans son journal du matin.

« Dans la nuit, la grand messe des terroristes acharnés fut interrompue sans effusion de sang. Les plus intellectuels de la ville de Marseille, réunis pour préparer la lutte armée contre le gouvernement, s’étaient en effet spontanément rassemblés au Théâtre Toursky pour un vibrant hommage à leurs leaders engagés dans une grève de la faim. Les hommes furent emprisonnés et les femmes sommées de passer la nuit dans les lieus pour éviter qu’elles ne risquent l’agression nocturne sur le chemin du retour vers leur foyer, et pour éviter qu’elles ne dérogent aux règles de couvre-feu.

 

L’armée d’occupation s’est montrée magnanime en faisant appel à la S.S.I.A.T. milice spécialement formée pour ces interventions surprises qui n’ont jusque là jamais fait de victime grave. Seulement deux femmes diabétiques ont eu plus de peur que de mal en vivant un petit malaise auquel leurs comparses d’une nuit mirent fin très rapidement. »

 

On se demande jusqu’où pourraient aller les forces d’occupation dans la course contre les intellectuels et dans la démarche de destruction de la culture !

 

 

 

 

 

 

 

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