Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
  • Contact

Recherche

26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 21:55

Il pleut !

L’important n’est pas de savoir qui, ni quoi !

Il pleut ! C’est tout !

Un dimanche de pluie, en Provence, sans soleil, le jour du repos !

Il pleut !

Sortir ? C’est la barbe ! S’habiller pour ! S’habiller parce qu’il pleut ! Mais qui commande ? Jour ennuyeux pour qui n’aime pas quand il pleut, pour qui préfère quand il rit, ou chante ! Se prendre au plaisir de pester, de se plaindre, de penser que ce serait mieux s’il ne pleuvait pas ! Mais on n’en sait rien !

Peut-être qu’il neigerait !

Peut-être qu’il soufflerait un vent terrible ! Mais au moins, là, on saurait qui souffle ! Même si le vent n’a plus qu’un seul nom depuis le nivellement par le bas du beau parler notre langue ! On dirait : il fait Mistral ! Et quand on ne sait pas, on dit que c’est le vent d’Est ! Tiens ! Justement, celui qui nous porte la pluie, en Provence !

 

Pester ! Ca occupe une bonne partie du temps ! Râler, c’est comme bénir ! Il ne faut pas beaucoup d’énergie pour pratiquer cette activité de manière à se satisfaire joyeusement, et le temps passe plus vite ! Parfois, on se demande s’il est nécessaire de faire passer le temps ! Et puis, le faire passer où ? C’est alors que l’idée vient de la faire passer par un trou. Et pour cette opération délicate, il convient de trouver un trou.

 

Le trou, chacun le sait, pour l’avoir eu quelque fois, que c’est très personnel. Là, une des grandes difficultés tient au fait qu’il n’est pas toujours possible de se faire comprendre quand on veut en parler. Il ne suffit pas de déclarer avoir un trou pour que l’interlocuteur, interloqué, saisisse bien le sens de cette affirmation. Tenter de l’expliquer devient un véritable labyrinthe dans lequel tout le monde se perd, comme dans un espace manquant de tout, sauf de trou, justement. Dans le trou, en effet, il n’est guère possible de découvrir un autre trou.

Mais, tout de même, c’est désolant de constater que mon partenaire, celui qui est présent, auquel je parle de mon trou, se met à rire bêtement, comme d’un rire nerveux pour éviter je ne sais quelle mauvaise interprétation de ma part à son incompréhension. L’imagination, pourtant, suffit à nous faire voyager ensemble dans un monde où le trou par où passe le temps serait comme peint en bleu nuit, avec quelques touches de turquoise plus claires pour accélérer son mouvement. On le voit passer ! C’est plaisant ! On imagine même que de râler avec conviction permet de le faire passer plus vite encore.

 

Dehors, il pleut ! Dedans, ça passe à une vitesse folle ! J’ai tout de même l’impression d’avoir tout le temps ! Je flâne, je râle, je cuisine, je rêve tout éveillé, je prépare quatre légumes que je ferai revenir comme un illusionniste sur la plaque bien chauffée, je boucherai le trou qu’il nous plait d’appeler « petit creux » autour de la mi-journée de pluie. Je me demande par quelle illusion j’ai tout mon temps, encore et encore, alors que je fais tout pour le faire passer dans le trou ! J’aurais voulu jardiner mais ce n’est pas utile d’arroser. Quel temps gagné sur mon emploi du temps ! Je suis en avance. C’est ce qui me donne cette impression d’en avoir encore plein. Et le temps, ça compte ! Pour certains, c’est de l’argent ! Les pauvres ! Je comprends qu’ils n’aiment pas les trous !

 

Il pleut ! Pour avoir le plaisir de râler plus et mieux, je vais sortir ! En même temps, je vais vérifier si les autres se promènent dans leur labyrinthe, à la recherche de ce qu’ils perdent.

Partager cet article
Repost0

commentaires

R
Encore un texte prenant et qui donne à réfléchir sainement. Ne t'inquiète plus aujourd'hui, il fait mistral !
Répondre