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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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14 septembre 2008 7 14 /09 /septembre /2008 08:09
A ceux qui passent par là, j'écris cette lettre parce que un jour elle restera pour marquer le temps après moi.

Le petit se jette dans les bras du grand-père dès qu'il arrive. "Regarde mon Spiderman. Il est le plus fort !" Après, je ne sais plus ce qu'il dit parce qu'il ne s'arrête pas et parce que je l'embrasse tout plein serré.

Il n'est pas encore à l'äge des SMS ou autres tchat qui donnent l'impression de communiquer. Aussi ses attentions, son sourir, sa colère, ses baisers, ses petits gestes pour dire au revoir, ses regards sont purs et donnent quelques instants de fraîcheur dans un monde aride. ( Qui assèche le monde sinon nous-mêmes, avec nos besoins inutiles de confort et de luxe ?)

L'âge de raison se manifeste par des mots durs, généralement empruntés aux discours d'adultes, ou par des semblants, exemples : 
Le grand-père
-"ne tape pas comme ça sur le chat !"...
La petite
-"Mais non, je fais semblant, Papy !" ou encore : 
Le grand-père
-"Ah ! Non ! On ne répond pas comme ça aux grandes personnes !" ... 
La petite
-"Mais c'était pour de rire, je faisais la grande !"

Le tout petit ne sait pas encore faire semblant. Il ne sait pas encore combien les adultes sont mal fichus et pas très clairs. Il ne sait pas encore qu'on va lui enseigner le compétition, la performance, la bataille, la guerre, le "comme tout le monde", le "si on gagne pas, on est moins que rien !", le "laisse tomber le travail manuel", le "c'est plus facile de gagner sa vie le cul sur une chaise !"...

Il est sain. J'espère qu'il le restera longtemps si ses parents lui montrent le chemin de l'humain, l'importance des valeurs, toutes celles qui ne se monayent pas, toutes celles qui n'ont pas de prix. C'est dire qu'il ne doit pas en rester beaucoup puisque les valeurs autres que les valeurs boursières semblent n'intéresser que peu de monde. Même la culture, l'art, la musique, la scène... sont maquillés pour devenir rentables.
Pour satisfaire le profit, pour amasser l'oseille, l'instrumentalisation de l'autre est la base de toute démarche, de toute approche, de toute rencontre. En effet, le premier enseignement dispensé dans les stages de technico-commercial, bien qu'il ne dise pas son nom, le voici : l'instrumentalisation de l'autre.
-"C'est dans votre famille et parmi vos proches que vous ferez vos premières affaires, mêmes si c'est un petit commencement. Ensuite, profitez de votre carnet d'adresses sans arrière-pensée."
Qui n'a jamais entendu cette horreur dans ce genre de groupe ?

L'instrumentalisation de l'autre, c'est en faire un objet ou un instrument dont  on peut se servir pour réaliser un profit personnel et le plus souvent à court terme. (Il se fera avoir une fois, et pas deux !)

Mais les règles essentielles du commerce ne sont pas celles-ci. Là, il ne s'agit que de tromperie.
Les règles veulent que les deux parties qui "font commerce" s'en sortent grandies et satisfaites.
(Cela se rapproche du commerce dit équitable bien qu'il y ait d'autres critiques à ce sujet.)

J'espère que mon fils et mon petit fils ne penseront jamais que "du vieux, on peut tirer profit".
Ce serait mieux qu'ils pensent que tant qu'il est là, "on peut se régaler de tout ce qu'il raconte, de tout ce qu'il sait faire ou du peu de musique dont il a encore le goût !"
Mais il ne faut pas se fourrer le doigt dans l'oeil ! Il seront influencés comme chacun de nous par cette civilisation en décrépitude et penseront que les vieux ne servent plus à rien. Pire, ils coùtent cher à la société !
(Ceci dit en passant, n'oublions pas d'avoir une pensée émue pour tous ceux qui se gavent sur leur dos, à commencer par les professionnels de la santé qui usent et abusent des largesses de la sécu...)

L'afrique a encore plein de choses à nous apprendre sur le respect des anciens.
Fatou Dioum parle de sa grand-mère avec une poésie que nous avons perdue depuis des lustres :
            -"Ma grand-mère ! Elle venait fleurir mes déserts !"


Retrouverons-nous de tels rapports à nos anciens ?

Les anciens sont des êtres dont la présence s'inscrit dans nos cellules. Les négliger, c'est se mutiler...
Beaucoup déjà sont dans la rue parce qu'il ne peuvent plus... Beaucoup seront encore plus mal lotis dans les années à venir parce qu'il ne pourront plus se soigner. (Il n'y a pas longtemps, une vieille anglaise s'est arraché deux dents toute seule !!!) Que peut-on attendre d'une telle société ?
Pour les pousser au suicide, malgré leur convictions, on ne peut pas faire mieux que d'augmenter les prix de ces quelques produits dont ils ont besoin :  l'énergie  électrique, le gaz, le fioul, la farine ou le pain.
Qu'on ne nous dise  pas qu'on ne peut rien faire  !
Eh  bien si ! On nous le dit. Et on crit que ce n'est pas de notre faute ! D'ailleurs on ne sait pas qui gouverne ! Gouvernement impuissant sous la botte d'une Europe inféodée aux Etats Unis.

Le pays ne sait plus quoi faire de ses vieux.
Il ne sait pas quoi faire !
Il ne sait pas !
Il........................mutilé................l'incompétence !

Courage à vous, les jeunes, car vous devrez réparer tout ce que vos anciens auront détruit par cupidité, réinventer les liens sociaux jusqu'à pouvoir honorer ceux qui auront fleuri vos déserts !




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