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5 août 2008 2 05 /08 /août /2008 22:05
Marseille : L'Hotel Dieu entre balustrades

Bien souvent le vase contient des fleurs. Pour que le bouquet ne se flétrisse pas trop vite, nous y versons de l'eau.
Notre habitude à considérer le vase comme un contenant nous fait dire qu'il est décoré à l'extérieur et verni à l'intérieur.
D'anciens pichets poreux, en terre cuite, laissaient perler l'eau en fines goutelettes pour que l'évaporation externe maintienne la fraîcheur interne.

Ces exemples donnent l'idée généralisée qu'il y aurait bien un intérieur et un extérieur à toute sorte de contenants. Mais le vase n'est pas fermé et bien qu'il puisse contenir, il ne représente qu'une surface limitée par un seul bord, comme un disque.

En topologie, cette galette a bien deux faces et un bord. Elle pourrait boucher le trou découpé dans une sphère immense qui semble toute plate à l'endroit de ce trou. Si je remplace maintenant ce bouchon en forme de galette par le vase, dont le col s'ajusterait sur le trou, il y a bien deux manières de le faire. Soit le vase forme une excroissance à la surface de la sphère, soit il y entre et ne laisse voir qu'un creux. Cela montre bien que la vase n'a, comme l'aurait la sphère, ni intérieur ni extérieur. Il en est de même pour la dite phère à partir du moment où le petit trou est débouché : pas de dedans ni de dehors. Cela équivaut à un disque : deux faces, un bord.

Cette image, finalement, n'est pas la photo de l'Hotel Dieu, mais la photo d'un creux en forme de jarre, comme si le monde s'était formé autour de cette forme en creux.
C'est dire combien est importante la notion de vide ou de manque, parce que le monde ne cesse de tourner autour. Cette absence n'est ni manque, ni vide, ni tout autre mot qui tenterait de la décrire. Le monde du langage n'échappe pas à la règle. Il tourne autour avec la même frénésie. Il tourne autour de ce qu'il ne peut définir.
Sexe pour Freud, Dieu pour les croyants, jeu pour les accros du hasard, drogue pour les toxicomanes, folie pour les fous, passion pour les passionnés, pièce introuvable pour les collectionneurs, utopie pour la démocratie, le trou n'est pas accessible et ne le sera jamais.
C'est ce qui fait que le désir de l'atteindre anime tous les êtres. Le manque nous fait désirer, (délirer parfois).
Le plus grand des dangers, c'est quand "le manque vient à manquer." ( Lacan)

Les présidents de la république, François et Jacques, se faisaient souvent attendre sur les médias. De ce fait, nous avions le désir de les entendre, (un peu moins pour le dernier, il est vrai).
Le toujours présent président pressant présentement les médias de ne pas laisser un seul jour sans son apparition réussit malgré lui à inverser les choses. Il ne manque jamais, mais c'est la fonction présidentielle elle-même qui devient absente. Plus aucun désir ne se manifeste de le voir, ni de l'entendre, mais notre vrai désir, c'est d'avoir un président en fonction, c'est de sentir la fonction présidentielle incarnée dignement.
Les rois de la "com" ont encore beaucoup à apprendre.


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