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  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 17:05
Je rêvais profondément mais ne dormais pas vraiment. L'été assomait la maisonnée et me chargeait d'une souffrance supplémentaire à celle, déjà très lourde, d'être malade, malade d'une angine fièvreuse en pleine chaleur rougeoyante. Enfoncé dans le lit trempé de sueur, je tentais d'échapper aux durs coups portés par l'évidence biologique. Quelqu'un d'ailleurs, jusqu'au milieu du rêve, s'obstinait à cogner sur mes tempes et ma nuque se raidissait dans le moelleux de l'oreiller beige clair qui durcissait.

Il m'arrivait de penser que le morceau de bois posé sous ma tête n'arrangeait rien. Dans certains reportages le bois sert d'oreiller, mais il n'y avait pas de bois sous ma tête. Seulement des plumes, peu confortables d'ailleurs en de telles circonstances où rien ne peut paraître léger tant pèsent les contraintes du corps ! Le drap même, d'habitude si discret, pesait trop lourd et pourtant j'avais froid. Je le tirais sous le menton et le tenais serré des deux mains. Son beige pesait du bleu glacé.

Je restais ainsi ! Et je rêvais que l'eau  tiède m'enveloppait amoureusement. Sécurisé, j'y abandonnais mon corps tout entier sans même avoir l'intention de respirer. Je rêvais du bleu nacré, de ce bleu qui chatoyait de mille reflets d'argent, de ce bleu soutenu aussi qui s'effaçait parfois pour la danse de mon ami le dauphin venu m'encourager. Je rêvais que nous allions être amis pour toujours et partager ensemble l'espace marine des eaux infinies.

Mais soudain, je passais dans une eau trop chaude, orange et sensuelle comme les caresses d'une main.
Le rêve prit fin ! Je venais de m'inonder et j'en étais vert de honte.
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