J'allais plonger un jour dans la marge aux canards
Pour, oh ! très simplement, y égoutter ma plume.
Légère et fort goûteuse elle m'ouvrit une porte,
Par où, comme du port d'où l'on part,
Filtraient bruits et senteurs d'une ancre qui se lève.
Pattes actives pour avancer sans cette amarre,
Je laissais filer l'encre et tracer les clapots
Témoins de la vie qui s'anime,
D'aller et retours en alternance de forces,
D'efforts et de repos, de vacarmes et de silences.
Ainsi filait en éloignant les bords
L'oiseau tout blanc, signe d'espoir,
Qui dans sa progression, mais sans le savoir,
Laissait trace éphémère du sillage de son corps,
Et lançait à l'autre, au port, l'occasion d'un transport.
En effet, sur la frange, les vivants de la grève,
Du vilain canard perçoivent le souvenir
Et juste pour adoucir leur propos
S'empressent d'ajouter un petit et tirent ainsi le fil
D'une chute rigolote depuis le singulier au delà du pluriel.
Si chacun se voit au loin "vilain petit canard"
Peut-être que plus nombreux que l'on croit
Barbotent ensemble dans les marres
Ceux qui mouillent leurs plumes et font
Emarger leur être du terrain, par trop vaseux au fond !