Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de topotore
  • : Les mots invitent à leur traduction afin d'entrevoir sur le mode singulier de chacun cet "au-delà de la langue" si étonnant. La poésie illumine cette frontière.
  • Contact

Recherche

20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 21:51

Bonsoir à tous,

Je vous renouvelle tous mes voeux pour cette nouvelle année. Et nous allons la placer sous le signe de la résistance, la résistance par le menu. Emission : Mets de résistance.

Non ! Nous ne pouvons pas continuer à laisser s'accroître les inégalités outrancières.

Non ! Nous ne pouvons pas nous résigner passivement à regarder la destruction de notre environnement.

Non ! Nous ne voulons pas de cet horrible désordre mondial imposé par une bande de prédateurs sans état d'âme, eux-mêmes possédés par l'idéologie à laquelle ils croient pour la seule raison qu'ils s'enrichissent, à outrance.

Non ! Nous ne serons pas de simples consommateurs aveugles et inconscients, avides comme eux.

Nous pouvons mettre en avant le pouvoir du peuple, base de la démocratie, nous pouvons refuser d'abdiquer parce que cette démocratie nous en donne le droit. Nous allons refuser de nous soumettre.

J'ai commencé à vous parler dans la dernière émission au sujet de l'éthique. Une fois indignés, sous l'inspiration de Stéphane Hessel, nous cherchons quels sont nos capacités pour agir. Eh ! Bien, une de ces possibilités, c'est de devenir des citoyens responsables. Pour cela, il est nécessaire de se pencher sur les problèmes d'éthique.

Tout d'abord, c'est quoi l'éthique ? Est-ce différent de la morale ? Y a-t-il un lien entre l'éthique et la légalité ? Y a-t-il un lien entre l'éthique et la légitimité ? Autant de question qui nous poussent à penser, à nous informer, à dialoguer avec les autres, à créer des nouveaux liens, autant de questions qui nous poussent à créer. Et je vous l'ai souvent dit, créer, c'est résister. Résister, c'est vivre.

Beaucoup de gens n'ont pas résisté, dans des temps difficiles. Ils ont tout simplement obéi aux ordres. Tout simplement, tout bêtement, sans plus de conscience que de suivre l'ordre, mais quel ordre ! Ils ont laissé faire. Et nous savons que toutes les conditions aujourd'hui sont réunies pour que chacun de nous laisse faire, préoccupé par son propre train-train, englué dans le désir de posséder en oubliant que le plus important c'est d'être. Toutes les fenêtres médiatiques nous assomment, nous envahissent de suggestions pour créer des désirs toujours renouvelés, toujours inassouvis. Le but de ce matraquage c'est de nous faire oublier qu'il faut parfois prendre le temps de penser à ce que nous faisons, de penser à ce que nous acceptons, de penser à ces incohérences que l'ordre nous impose.

Juste un exemple. Nous achetons pas cher des fringues qui valent le coup. Et moi aussi ! A Décathlon, des produits marqués Queshua. A Auchan, des produits marqués Inextenso. A Lidl, des produits marqués Livergy. A vous de compléter la liste. Nous savons qu'ils sont fabriqués dans les pays asiatiques où les travailleuses et les travailleurs ne sont pas respectés, où le salaires sont misérables, où les conditions de travail sont inqualifiables, où le code du travail n'existe pas, où finalement s'est installé l'esclavage moderne. N'ayons pas peur des mots.

Quand un immeuble du Bengladesh s'est effondré, (Rana Plaza), il n'y a pas si longtemps, les jeans Inextenso s'éparpillaient dans les décombres parmi les mille cent vingt sept morts. Des morts vivants qui avaient succombé déjà bien avant l'accident, à vivre comme des chiens affamés que personne ne considère et qui bossent 12 h par jours 7 jours sur 7 à longueur d'année. Parmi eux, des mineurs ! Des enfants !

L'Ethique serait peut-être ce lieu précis, ce croisement de routes où tout le monde s'accorde sur une prise de décision. La position d'un comité d'éthique détermine le champ d'action recommandé pour la satisfaction de tous. Par exemple, la dignité de l'être, quel qu'il soit, est une valeur qui doit toujours être respectée. Une autre valeur éthique, c'est la pérennité de notre habitat. L'extraction des ressources de la terre ne peut se faire qu'à cette seule condition que la terre puisse reproduire les quantités qui lui sont extraites. On voit les problèmes que ça pose. Ce sont des questions éthiques. Elle ne remplace pas la loi. Elle invite au bon sens. Elle n'est pas une loi.

J'ai connu la vie des paysans du Morvan dans les années 50 et 60. Les petits hameaux vivaient presque totalement en autarcie. On tuait le cochon pour passer l'hiver avec quelques protéines animales et du saindoux. On stockait les châtaignes qui aidaient à faire les soupes. Les fromages de chèvres séchaient en septembre ! Le miel ne se gaspillait pas. Les volailles assuraient toujours les oeufs, et les vaches le lait. Le foin comblait les étables...Quelle femme ne savait pas tricoter ou filer ? Qui jetait les chaussettes trouées ? Qui saccageait les bosquets et les bouchures au point de n'avoir même plus de lieu où placer le collet pour piéger un lièvre ? Bien souvent ces haies abondaient de noisettes et de mures quand ce n'étaient pas des noix ou des pommes sauvages, parfois des framboises. Mais je m'égare ! Je vous racontais ça pour vous dire que la culture vivrière était la règle et que chacun savait demander de l'aide à son voisin dans les moments difficiles, pour les moissons par exemple.

L'éthique n'était pas sur le devant de la scène comme elle l'est aujourd'hui. Les atteintes à la pérennité de notre maison, la terre, sont d'une gravité jamais égalée. Le pouvoir ne peut pas rester aux seules mains des scientifiques et des financiers, de tous ces soit-disant experts irresponsables qui sont en train de scier la branche sur laquelle tout le monde est assis, même eux.

Je vous lis ici une page du très beau livre de Pierre Rabhi. « Manifeste pour la terre et l'humanisme. » Edition Babel en livre de poche.

Il résume en quelques mots le fond de notre pensée. Il nous pousse à penser l'éthique d'aujourd'hui. Et c'est là une des spécificité de l'éthique, c'est son actualité. L'éthique d'hier n'était pas celle d'aujourd'hui. Nous devons la penser avec les spécificités de notre environnement, et de notre temps.

Je vous disais que tout le monde, savant ou pas savant, pouvait participer à des commissions d'éthique. Je vous disais aussi, même si cela déplaît à certains, qu'il ne peut pas y avoir d'expert dans ce domaine. Dans une commission d'éthique, tous ont la même voix. Le poids de chacune est égal. Un spécialiste dans sa discipline peut éclairer certaines pensées en s'appuyant sur ses connaissances mais il ne peut pas emporter une décision éthique. Celle-ci appartient à la commission, avec une unanimité des participants. Sinon, la décision ne peut être prise. On voit ce problème aujourd'hui avec le récent jugement sur l'acharnement thérapeutique des médecins, que les juges n'ont pas considéré comme tel. Il leur faudrait tous se rencontrer pour échanger jusqu'à l'unanimité d'un choix. Ce serait un choix éthique, aussi délicat qu'il puisse paraître, un choix possible qui est le terme ultime de très longs dialogues .

L'éthique n'est pas la morale. Certes la morale change et évolue dans le temps, mais l'éthique ne se réduit pas à cette morale et ne se définit jamais par des règles. Il ne peut y avoir de règle éthique. Il n'y a que des positions éthiques, ou des dispositions éthiques, lesquelles ne peuvent pas toujours s'exporter ailleurs dans le monde... Il n'y a pas de règle parce que l'évolution des dispositions éthique se fait plus rapidement que l'évolution des règles. Par exemple, on pourrait imaginer que les éleveurs bretons s'accordent finalement sur des dispositions éthiques quand à l'élevage du porc. On peut rêver ! Les règles n'en découleraient que bien des années après. Il pourrait même y avoir des usages selon quelques nouvelles concluions issues de ces choix éthiques bien avant que la loi ne légifère finalement sur l'élevage des porcs.

Je ne veux plus faire un commerce quelconque avec la société Unilever, parce qu'elle est hors la loi en l'occurrence dans le bras de fer avec Fralib à Gémenos. La société ne respecte pas la loi française. Nous avons le pouvoir de citoyen responsable, celui de ne plus faire commerce avec cette société. Nous savons en plus qu'elle a accepté de louer des centaines d'hectares au Kenia, pour sa culture intensive de thé, usage des pesticides réglementé par l'ONG Rainforest Allaince. Nous savons qu'elle exploite douloureusement les habitants de ces terres qui ont étés spoliés et violés, avec l'accord de leur gouvernement. Unilever n'est pas une entreprise soucieuse d'un minimum d'éthique. La dignité des êtres ne rentre pas en ligne de compte dans ses choix. Pourtant elle soutiendra que oui. « Mais on s'en fout. » Nous ne voulons plus de ses productions, et c'est là le plus grand pouvoir dont nous disposons. Et, pour savoir quels sont les produits de cette multinationale, il suffit d'aller chercher sur internet, sur le site de Fralib.

L'entreprise BDS contre Israël commence à faire son effet sur l'économie de cette enclave en Asie mineure. Je dis enclave à cause du mur de la honte qui les isole du monde. C'est l'économie comme l'ont connue tous les pays colonisateurs.

BDS, ça veut dire Boycotte, Désinvestissement, Sanction.

Le premier ministre reconnaît depuis peu que cette attitude peut jouer énormément sur l'économie du pays. Il nous faut continuer à faire pression. A Montpellier le 23 Janvier prochain, il va y avoir le procès de Yamina, Jeanne et Bernard que l'on accuse d' incitation à la haine raciale, selon la loi Alliot Marie. S'il n'y avait pas eu de boycotte de l'Afrique du Sud, il y aurait toujours le régime de l'Apartheid, et Nelson Mandela serait mort en prison...

Le boycotte fait peur à n'importe quel pouvoir ? C'est la force du peuple. Nous pouvons par ce moyen imposer aux dirigeants de respecter une certaine éthique, et faire que les multinationales comme Orange, par exemple, ne pactisent plus avec les gouvernements qui pratiquent la discrimination et qui occupent illégalement des territoires. Il y a beaucoup de raisons qui vont nous pousser à éviter de faire commerce avec telle ou telle entreprise. Un autre exemple : les Cafés Malongo qui se targuent de pratiquer le commerce équitable alors que la transparence n'est pas leur fort à ce sujet. On peut reprocher aussi à France Inter comme aux autres radios de faire de la pub pour de telles entreprises. Est-ce que EDF opte pour une éthique de la distribution de l'énergie ? Est-ce que les commissaires européens agissent après avoir adopté des engagements éthiques ?

On peut se poser ces questions. On peut se poser la question de savoir combien de temps encore auront-nous la liberté de résister de la sorte aux exigences éthiques. La résistance des citoyens responsables sera plus grande que la leur.

Nous aurons encore l'occasion d'en parler. Heureusement il existe une autre arme, c'est l'art. Et Marseille est une pépinière tout à fait exceptionnelle d'artistes en tout genre, de créateurs d'associations qui vont voir leur subvention diminuer comme peau de chagrin mais qui vont résister de toutes leurs forces.

Il faut que je vous parle de ce vieux gréement tout en bois qui pèse 43 tonnes et qui est au carénage de Port Corbière, au delà de l'Estaque. L'association cherche des amis bénévoles pour aider à peindre et fignoler l'extérieur du bateau ? Et ces bénévoles pourront participer aux voyages organisés autour de notre belle rade et près des Iles du Frioul, voyages prévus dès la moitié du mois de Février. Pour ceux qui aiment la mer, c'est une occasion unique de rencontrer des gens fort dynamiques et créatifs. Visiter me site l'association Goel'en et rendez-vous au Port de Corbière pour voir le bateau hors de l'eau ? C'est impressionnant. Vive le Liberté III.

Partager cet article
Repost0

commentaires